Matfield, le chant du vieux cygne

Le totémique deuxième ligne sud-africain Victor Matfield s'est offert à 38 ans les frissons d'un tout dernier défi avec Northampton, qui espère profiter de ses talents de guerrier et de son immense expérience. C'est à croire qu'est livré avec le poste de deuxième ligne un agent conservateur. On y trouve quelques modèles de longévité, comme le all black Brad Thorn, qui usait à 39 ans encore la saison passée ses crampons avec Leicester, ou l'Ecossais Nathan Hines, encore engagé avec Sale malgré ses 38 ans lors de l'exercice 2014-15.

Dans le sillage de la Coupe du monde qui l'a vu prendre la 3e place avec les Springboks, Matfield a donc posé à son tour ses bagages dans le championnat anglais, du côté des Saints, en déplacement samedi au Racing 92 en Coupe d'Europe. Le géant de Piertersburg (2,01 m, 110 kg), incarnation des valeurs de courage et de combat aux côtés de Bakkies Botha, est précédé de sa réputation forgée au long d'une carrière prolifique qui l'a vu notamment coiffer une couronne mondiale en 2007.

Préparer la transition

S'il aurait pu raccrocher après la Coupe du monde et une 127e et dernière sélection, Matfield a finalement cédé aux sirènes de Northampton, qui avait déjà voulu le recruter en 2008 avant que le deuxième ligne ne choisisse alors Toulon. Au-delà du défi sportif, Matfield est aussi là pour préparer son après-carrière. Je tiens en grande estime Jim Mallinder, l'entraîneur, et j'aimerais moi-même devenir entraîneur un jour, explique-t-il. Donc ce sera super d'apprendre à ses côtés et de voir comment il fonctionne. Du côté de Northampton, on a évidemment mis l'accent sur les qualités de leadership et l'expérience qu'apportera Matfield à une équipe ambitieuse. Il faut dire qu'en ce sens il a toujours été exemplaire.

Ainsi, malgré son palmarès et sa stature, il a accepté sans sourciller de sortir à l'été 2014 d'une retraite internationale annoncée fin 2011 pour n'être qu'un remplaçant de luxe durant la Coupe du monde, présent pour aiguiller la nouvelle génération incarnée par Lood de Jager. Victor est vraiment un immense joueur, je ne crois pas qu'on puisse lui rendre assez hommage, saluait ainsi le sélectionneur Heyneke Meyer. Quand je lui ai demandé de revenir (....) il a dit dès le premier jour qu'il était là pour servir, peu importe à quoi. Que ce soit pour aider les plus jeunes et pour servir d'impact player, il en serait heureux. C'était très intéressant pour moi de travailler avec un gars comme Lood de Jager qui a littéralement explosé cette année, abonde Matfield. Et ça pourrait être bien que j'aide Courtney (Lawes, le deuxième ligne de Northampton) à poursuivre son développement, même s'il est déjà un excellent joueur.

Retrouvailles avec Carter

Dans le même temps, il découvrira les charmes d'un championnat anglais où les conditions météorologiques favorisent moins le jeu rapide proposé en Super rugby, ce qui nécessitera un petit travail d'adaptation. Lancé fin novembre face à Gloucester pour 20 minutes puis encore remplaçant le week-end passé à Bath, Matfield s'acclimate peu à peu, en attendant de goûter samedi à la Coupe d'Europe.

Il y croisera une vieille connaissance: l'ouvreur des All Blacks Dan Carter, bourreau des Boks en demi-finales du Mondial il y a deux mois (20-18). On a joué tellement de fois l'un contre l'autre, que ce soit quand j'étais aux Bulls et lui aux Crusaders, ou avec les All Blacks. C'est un joueur fantastique et un mec bien aussi, donc ce sera intéressant de le voir jouer car c'est lui qui tient les commandes habituellement", observe Matfield, mis en appétit par ces retrouvailles un peu inattendues, dans un autre hémisphère.