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L'édito du vendredi : Qu’ils viennent le lui dire en face

Par Léo FAURE
  • Maxime Lucu a été la cible d'insultes sur les réseaux sociaux après le match face aux Harlequins
    Maxime Lucu a été la cible d'insultes sur les réseaux sociaux après le match face aux Harlequins Icon Sport - Anthony Dibon
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On ne s’étonne plus de grand-chose, dans ce monde, et c’est sûrement là le drame. On ne s’indigne plus de rien. Pour ce qui cause de rugby, on ne s’alarme même plus que des joueurs, professionnels de leur statut, qui ont fait de leur passion un métier et de ce jeu de rugby une activité quotidienne, puissent s’en trouver à tel point les cibles des critiques, des invectives, des insultes et pire encore, des menaces. Il paraît que c’est normal, en 2024. Désolé, mais non.

C’est donc ce qui est arrivé à Maxime Lucu, ce week-end, après tant d’autres pendant la Coupe du monde en France et ces derniers mois en Top 14, joueurs et arbitres dans le même bateau d’infortune crasse : des joueurs de l’équipe adverse ou de sa propre équipe ; des arbitres d’un autre pays ou du sien. La haine exutoire de ceux qui n’ont rien d’autre à vivre que le néant ne connaît pas de camp, pas de patrie.

À ce sujet, celui des insultes et des menaces faites aux joueurs, on trouve beaucoup d’explications mais toujours aucune justification. Les réseaux sociaux, il paraît, où l’anonymat semble bien pratique quand on se cherche du courage. Les paris sportifs, aussi, où la quête du gain se transforme plus souvent en perte du bien, et donnerait à comprendre les raisons de l’ignoble. On pourrait tout aussi bien accuser la grisaille, le prix de l’essence ou la dette publique que rien n’y ferait : de ces comportements, on ne comprend rien au fondement, c’est fait ; on les abhorre, c’est un euphémisme.

Lucu, puisque c’est sur lui que la foudre pleutre est tombée ce week-end, n’a finalement commis d’autre crime que celui de rater un coup de pied. Un coup de pied important, certes. Décisif, peut-être. Mais qui n’aurait eu d’autre aboutissement que de qualifier un club de rugby en demi-finale d’une compétition de rugby. Un enjeu de sport, bien loin des heurts réels de la vie. Cela paraît bien peu, au regard des mots abjects qui lui furent alors adressés.

À ce moment, on aimerait donc rappeler à tous que Maxime Lucu, avant cela, contre les Harlequins, fut surtout celui qui porta son équipe à bout de bras, dans une rencontre où il joua 9, puis 10. Un match que les Bordelais avaient collectivement sabordé dès l’entame, d’abord menés 14-0 (9e minute) puis 28-12 (mi-temps).

À ses détracteurs et pire, on rétorquera que le Basque de l’UBB est d’abord un excellent joueur de rugby, bien meilleur que ce qu’ils ne seront jamais, le cul vissé dans leur canapé. Il est surtout un homme à la gentillesse exquise, éduqué et cultivé, ce qui semble tout autant leur faire défaut. Ce qui lui donne sa belle valeur, en comparaison de l’existence bien piètre qu’ils conduisent. Et que sur ce chemin de vie, Lucu a déjà accompli cent fois plus qu’ils ne le feront jamais. Certains persistent ? Qu’ils viennent alors le lui dire en face.

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Les commentaires (2)
Pragmatique Il y a 12 jours Le 19/04/2024 à 14:07

Très juste..et bien écrit...soutien à tous ceux victimes des courageux derrière un écran qui crachent sur les autres qui les renvoient à leur propre médiocrité

victor64500 Il y a 12 jours Le 19/04/2024 à 11:56

Totalement d'accord.