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6 Nations féminin – Charlotte Escudero : "Les Italiennes sont nos meilleures ennemies"

  • Charlotte Escudero, troisième ligne du XV de France et du Stade toulousain.
    Charlotte Escudero, troisième ligne du XV de France et du Stade toulousain. Icon Sport - Hugo Pfeiffer
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Titulaire dimanche contre l’Italie, la troisième ligne toulousaine évoque ses nombreux souvenirs face à la sélection transalpine et revient sur son changement de club, de Blagnac à Toulouse qui l’a poussée à se remettre en question.

Quel bilan avez-vous tiré du premier bloc de ce Tournoi sur le plan technique ?

Nous étions satisfaites de valider ce premier bloc par deux victoires. Mais techniquement, nous avons commis beaucoup d’erreurs. Cela vient en partie du nouveau projet de jeu que nous souhaitons mettre en place, dans lequel on veut créer, jouer, tenter. Il faut passer par cette étape. Le staff ne nous a pas remonté les bretelles : il veut qu’on continue d’oser. En revanche, il a mis en évidence une statistique : contre l’écosse, on a franchi 14 fois pour seulement deux essais marqués. On doit être plus tueuses en zone de marque.

Vous avez donc axé le travail de la semaine sur la précision dans les passes ou les soutiens offensifs, des secteurs qui ont parfois fait défaut sur les deux premiers matchs ?

On veut continuer à faire jouer après contact, donc on a beaucoup insisté là-dessus cette semaine. On s’est aussi beaucoup concentrées sur le jeu de l’Italie : décrypter leur attaque, leur défense par petits groupes de travail.

Elles ont encaissé une lourde défaite contre l’Angleterre lors de la première journée (0-48), mais il n’y avait que dix points d’écart à la mi-temps…

C’est vrai, et nous avons été agréablement surprises en étudiant ce match car le score ne dit pas tout de cette rencontre. Le niveau global du 6 Nations évolue d’année en année et on s’attend à un beau challenge. On sait qu’elles vont nous attendre, d’autant qu’elles sont en pleine confiance puisqu’elles ont remporté la semaine dernière leur toute première victoire à l’extérieur, en Irlande. On sort d’une petite victoire contre l’Écosse mais on en veut plus, on veut élever notre niveau. Dimanche, on va jouer chez nous et on veut marquer le coup à Jean-Bouin.

C’est d’ailleurs contre l’Italie que vous avez honoré votre première sélection, quels souvenirs en gardez-vous ?

Des souvenirs inoubliables : une première, ça ne s’oublie pas d’autant que c’était à Nice, pas loin de chez moi (elle est originaire de La Valette, dans le Var, ndlr.) et que toute ma famille était présente, mes parents… Ma première Marseillaise dans ces conditions, c’était fantastique. Ces matchs contre l’Italie ont toujours une saveur particulière pour moi.

Le XV de France a toujours connu des fortunes diverses contre cette équipe, avec des matchs accrochés, des défaites, ou encore de larges victoires comme en quart de finale de la Coupe du monde 2022…

C’est vrai. Je pense que les Italiennes sont nos meilleures ennemies. C’est la nation voisine qui veut nous marquer à chaque fois, exactement comme chez les garçons dans le Tournoi. À la Coupe du monde, nous étions transcendées grâce à l’enjeu mais il est vrai qu’il nous arrive de passer à côté contre elles. Elles veulent toujours prouver face à nous, on a toujours des matchs tendus contre l’Italie.

C’est probablement la nation qui vous connaît le mieux, avec les nombreuses Italiennes qui évoluent dans les équipes françaises…

Elles ont de très bonnes joueuses qui évoluent dans nos clubs. À Toulouse, on a Valeria (Fedrighi, la deuxième ligne, ndlr.), d’autres jouent à Romagnat ou à Grenoble. Elles connaissent très bien le rugby français. C’est un atout pour elles, mais pas uniquement car on les connaît très bien aussi !

Avez-vous commencé à vous chambrer avec Valeria Fedrighi ?

Non, pas du tout… Je n’oserais me permettre de lui écrire un texto pour lui donner rendez-vous à dimanche ! Je suis bien trop jeune pour chambrer une fille avec sa carrière internationale…

Traditionnellement, Blagnac, Toulouse et Montpellier étaient les principaux clubs pourvoyeurs d’internationales, mais Grenoble commence à en devenir un. Quel regard portez-vous sur l’évolution de ce club ?

Grenoble possède un très beau projet sportif. J’ai entendu par exemple que le club possède de très belles infrastructures, un beau projet de jeu et de vie… Ce club est de plus en plus attractif. Et c’est un club qui mise aussi beaucoup sur sa formation : cette semaine, nous avons fait une opposition avec les moins de 20 ans, et j’étais surprise de voir qu’il y a autant de Grenobloises en U2N que dans le groupe France. Cela montre que la relève est déjà là, et que les efforts consentis par le club paient. Sur les résultats aussi, car les Amazones ont bien failli éliminer le Stade Toulousain en quarts de finale de championnat de France. Aujourd’hui, elles sont troisièmes de leur poule. D’ailleurs on se déplacera chez elles pour le dernier match de poule, et cela risque d’être un gros match. J’en ai parlé avec les filles de Blagnac qui ont perdu là-bas, et on s’attend à un déplacement difficile. On voit aussi dans le groupe France qu’elles forment un bon noyau de joueuses, très solidaires et soudées entre elles.

Quel regard portez-vous sur Teani Feleu, la petite dernière venue des Amazones ?

Teani, c’est l’inverse de Manae. Elles n’ont pas le même profil. Elle est plus petite, plus compacte, mais hyper puissante. C’est une redoutable porteuse de balle. Elle franchit souvent la ligne, elle est très efficace sur la ligne d’avantage. Elle joue centre en club, et je pense que le fait de passer en troisième ligne centre lui a fait du bien car elle exploite mieux ses qualités balle en main. Sa formation de trois-quarts lui a donné des qualités techniques également. Elle est vraiment gazée et je peux vous assurer qu’elle fait vraiment mal à l’impact… Ce n’est pas rigolo de jouer contre elle !

Cela fait dix ans que le XV de France Féminin n’a pas joué à Jean-Bouin. La dernière fois, c’était pour la Coupe du monde 2014, et Gaëlle Mignot était la capitaine. Regardiez-vous déjà les matchs à la télévision ?

Oui, j’avais suivi la Coupe du monde 2014 et derrière, j’ai eu la chance de jouer avec plusieurs des filles qui y avaient participé. C’était des joueuses que je regardais à la télé… C’est un peu impressionnant de les rejoindre, de suivre leurs traces… Je profite de tous les moments. Et c’est pareil pour celles qui jouent encore comme Romane (Ménager), Gaëlle (Hermet), Pauline (Bourdon-Sansus)… Des fois, je prends un peu de recul, et je me dis que je joue avec elles alors que je les regardais à la télé il n’y a pas si longtemps que ça.

Avez-vous hâte de jouer à Jean-Bouin ?

Bien sûr ! Un match dans la capitale, un grand stade… Personnellement je n’y ai jamais joué et je pense que de nombreuses autres filles sont dans ce cas. C’est un stade mythique et impressionnant, on est toutes excitées à l’idée d’y jouer. Et en plus contre l’Italie, qui est notre derby à nous. Et en plus, on sera accompagnées des hors groupe et des moins de 20 ans qui se déplacent pour nous encourager. C’est super de rassembler tout le monde pour le match, on va arriver en masse au stade !

Vous avez changé de club l’année dernière, passant de Blagnac à Toulouse, est-ce que ce changement vous a été bénéfique ?

Cela m’a fait du bien parce que j’avais besoin de changer un peu d’air. J’appréhendais ce changement, je ne voulais pas que cela me mette des bâtons dans les roues en prenant une décision un peu précipitée mais je ne regrette pas du tout mon choix. Cela m’a beaucoup apporté : nouveaux coachs, nouvel environnement, nouvelles filles… In fine, ce fut tout l’inverse de ce que je craignais : ce changement a été positif, cela m’a tiré vers le haut en relevant un nouveau challenge, et cela m’a surtout aidée à me remettre en question. C’est ce dont j’avais besoin à ce moment-là.

Nouvelle concurrence également ?

Il y a du beau monde en troisième ligne au Stade toulousain. On a aussi Zoé Jean qui est en moins de 20 ans, elle est vraiment pas mal. Je pense qu’elle représente l’avenir du rugby féminin français. Elle est très jeune, elle est de 2004 si je ne dis pas de bêtise… De nombreuses jeunes commencent à arriver, elles ont un fort potentiel et cette concurrence me fait du bien car elle me pousse à me remettre en question.

Avez-vous changé des choses dans votre façon de vous préparer ?

On m’attend beaucoup sur cette polyvalence du triple poste : troisième ligne aile, numéro huit et deuxième ligne. Contre l’Irlande par exemple, j’ai fini en deuxième ligne. Je dois m’adapter car cette polyvalence est importante pour le staff du XV de France. On essaye de le faire un peu à Toulouse aussi, car ce n’est pas toujours facile de garder des repères sur le terrain en fonction du poste. Mais Céline Ferer (ex-deuxième ligne du XV de France Féminin et coentraîneure actuelle du Stade toulousain) m’aide beaucoup sur ce point car elle a connu cette polyvalence en tant que joueuse. Avant, je ne m’intéressais pas énormément à la touche, mais Céline m’a permis de faire de grands progrès dans ce secteur.

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