Abonnés

Pro D2 - Nevers sait briller sans flamber

Par Sébastien CHABARD.
  • Les Neversois restent fidèles à leurs méthodes et cela leur réussit plutôt bien depuis maintenant plusieurs saisons.
    Les Neversois restent fidèles à leurs méthodes et cela leur réussit plutôt bien depuis maintenant plusieurs saisons. Icon Sport
Publié le
Partager :

Rare écurie de pro d2 à ne pas truffer son effectif d’anciens du top 14, l’USON Nevers Rugby mise sur la jeunesse, la formation et les talents en devenir. un mélange de philosophie maison et de nécessité économique. et, pour la troisième année consécutive, cela pourrait la mener en phases finales.

E n stage pendant une semaine à Bormeles-Mimosas, les joueurs (blessés inclus) et le staff de l’Uson Nevers Rugby ont rechargé les batteries avant le sprint final, que le club aborde à une prometteuse cinquième place. Et avec un calendrier favorable : quatre réceptions au Pré-Fleuri, la seule citadelle de Pro D2 restée imprenable cette saison. « J’aimerais qu’on reste invaincu à domicile jusqu’à la fin. Ce serait une belle performance, même si cela risque de ne pas suffire. Il faudra aussi aller chercher des points de bonus », pronostique le manager Xavier Péméja. Sans faire plus de bruit que les années précédentes, le club nivernais se dirige vers une troisième qualification consécutive pour les phases finales. Et la quatrième en sept saisons de présence en Pro D2, où il n’a jamais fait « pire » que la septième place. Une constance dans la performance qui se travaille dans l’ombre portée des clubs plus médiatiques – Biarritz, Brive, Provence Rugby, etc. – dont les recrutements chromés animent la chronique. À Nevers, sorti de l’anonymat de la Fédérale 2 et de la diagonale du bide sous l’impulsion de Régis Dumange à partir de 2009, le temps des mercenaires et du chéquier est révolu. Pas d’anciennes gloires du Top 14, d’internationaux d’ici ou d’ailleurs approchant de la fin de carrière : « On est dans une position intéressante avec des joueurs qui n’ont pas de CV de trois mètres de long. Leur CV, ils l’écrivent ici », souligne Xavier Péméja, plutôt fier de réussir des coups d’éclat sans clinquant, comme il le faisait, au début de sa vie d’entraîneur, à Montauban : « C’est ce que je raconte aux joueurs. À l’époque, on était en Top 16, et sans stars. Nevers peut le faire aussi. Ça ne me fait pas peur, j’ai un groupe qui peut l’assumer. »

Un club qui vit

Pour l’heure, le Top 14, ce sont les révélations façonnées à Nevers qui le vivent : Janick Tarrit au Racing, Thomas Ceyte à Bayonne, Zack Henry au Stade français, Nemo Roelofse à Perpignan, Guram Papidze à Pau, Hugo Fabrègue à Oyonnax, Josaia Raisuqe à Castres. En attendant Elia Elia, en partance pour Montpellier, et Christian Ambadiang annoncé à Castres. « Les contraintes économiques font que l’on doit arriver à trouver des joueurs qui ont un bon potentiel, et avec de bons profs (sourire), on arrive à les faire monter », détaille le manager. « Le danger, c’est qu’on ait uniquement l’image d’un club tremplin. C’est pour cela que j’aimerais bien qu’on arrive à faire monter tout le wagon en Top 14. » Utopie ? « Qui aurait imaginé Nevers jouer les phases finales de Pro D2 quand le club était en Fédérale 2 ? », rétorque du tac au tac Xavier Péméja. « Monter en Top 14, c’est possible, surtout cette année. Contrairement aux saisons précédentes, on a un championnat très ouvert. Même le sixième peut être champion de France. Mais bon, il faut déjà commencer par se qualifier. »

À quelques mois de la fin de sa trentième saison d’entraîneur, le manager parle du club, de ses joueurs, de sa vie à Nevers, où il est arrivé en 2016, avec une ferveur de novice dans le métier : « Il n’y a pas de lassitude. J’ai la chance de travailler avec un staff extraordinaire, que ce soit sur les valeurs humaines ou sur les compétences. L’état d’esprit qui anime Régis Dumange, sa famille, il se retrouve dans les valeurs de ce club. Il faudrait que tout le monde se rende compte de ce que le rugby amène à Nevers, en termes de formation, de stabilité sociale. On entend parler de Nevers grâce au rugby, on a des jeunes qui s’identifient aux joueurs d’aujourd’hui et de demain. Pour la première fois, l’année prochaine, les nouveaux espoirs seront tous des U18 formés au club. Ça montre qu’on a des gosses qui ont envie de jouer en première dans un beau stade, un stade plein, devant un public qui pousse. »

Si Xavier Péméja évoquait, l’été dernier, la possibilité d’arrêter sa carrière d’entraîneur à la fin de la saison, il balaie désormais la question : « Je vis au jour le jour. Ça me fait chier parce que j’arrive à la fin. Avec l’intelligence artificielle, et tous les trucs qui sont en train d’arriver, notre sport va continuer à s’améliorer. Il me tarde de voir ce que sera le rugby dans trente ans. Quand vous voyez le match de dimanche soir entre l’UBB et le Stade toulousain… (silence) Vous n’avez qu’une envie, c’est d’appeler Yannick Bru et Ugo Mola et de leur dire merci. On a un rugby qui est de plus en plus beau : les vieux bourrins sont devenus des beaux gosses (rire). Et des bons gosses. » Devenu entraîneur à 33 ans, avant l’entrée du rugby dans le professionnalisme (« on était deux entraîneurs, on n’avait pas de préparateur physique, aujourd’hui dans le staff on est quinze »), Xavier Péméja ne cultive pas la nostalgie, et perpétue à Nevers sa philosophie d’un groupe humain avant tout : « J’ai toujours fonctionné comme ça, j’ai été élevé comme ça dans le rugby. Je ne crois pas à la réussite quand il n’y a pas de relations humaines fortes. Il faut que le joueur ait la sensation d’être respecté, qu’il respecte aussi l’entraîneur, l’institution, les autres joueurs. Il ne faut pas de calcul, j’ai horreur de ça. Mon moteur a toujours été que ça vive. Et ici, au niveau du staff, des joueurs, ça  vit. »

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?