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"L’erreur fut de ne pas créer, il y a 15 ou 20 ans, un championnat britannique", considère Simon Gillham, président anglais de Brive

Par Jérôme Prévôt
  • Simon Gillham, président du CA Brive.
    Simon Gillham, président du CA Brive. Icon Sport
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Pour Simon Gillham, le patron anglais de Brive, les internationaux de son pays viennent chercher des gros salaires, mais aussi un piment inconnu chez eux.

Pourquoi, selon vous, les internationaux anglais viennent-ils en France aussi massivement ?

Parce que le championnat français est le meilleur du monde, incontestablement. C’est un Anglais qui vous le dit. Les joueurs vont y trouver une promotion, une relégation, de vraies phases finales. Ils découvrent ce qu’on appelle en anglais "Jeopardy", un terme qui renvoie au sentiment de danger. Du piment, pourrait-on dire, chose qui n’existe pas en Angleterre au niveau des clubs.

On vous suit…

La deuxième raison est évidemment financière. Les joueurs anglais qui viennent en France sont de très bons joueurs qui peuvent prétendre à un gros salaire, mais avec le salary cap pratiqué en Angleterre, les rémunérations sont limitées. Les clubs ne peuvent avoir qu’un seul "marquee player". On le voit avec Sale qui fait partir Tuilagi pour garder Ford. Le club ne pourrait pas avoir les deux. Mais il y a encore une autre raison.

Quelle est-elle ?

Le désir de vivre une expérience. Il y a une sorte de bouche-à-oreille chez les joueurs anglais en faveur de la France. Ils ont souvent envie de vivre autre chose avec leur famille, une ouverture culturelle. Le fait de mettre leurs enfants dans une école locale pour qu’ils soient bilingues après deux ou trois ans, par exemple. Je l’ai vécu personnellement et je le vois en ce moment avec Courtney Lawes. Avant de venir à Brive, il a demandé leurs avis à Andy Goode ou Steve Thompson sur le club. Ce désir, je l’ai connu autrefois dans l’autre sens avec Thomas Castaignède ou Philippe Sella.

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Mais le championnat anglais n’a pas l’équivalent, loin de là, du contrat de Canal + qui est une vraie mine d’or…

Je ne dirais peut-être pas "mine d’or", mais il est sûr que Canal + valorise énormément le Top 14 et le Pro D2. Tous les matchs sont télévisés, ils sont bien éditorialisés, c’est extraordinaire.

La clé de tout, n’est-ce pas le montant de ce contrat (121,6 millions d’euros par saison) ?

C’est tout un ensemble qui renvoie à la visibilité du rugby de clubs français. Même en Pro D2, pour nous Brive, se retrouver diffusés le jeudi soir plusieurs fois de suite, c’est extraordinaire. Le rugby de clubs anglais est moins exposé, il ne faut pas l’oublier. En plus, l’Angleterre est un plus petit pays, les rivalités régionales ne sont pas les mêmes. On ne défend pas son territoire de la même façon. En Angleterre, l’engouement rugbystique est provoqué davantage par l’équipe nationale. Si on demande à un gars qui suit le rugby uniquement à la télé, il ne sait pas si tel ou tel joueur international vient de Gloucester ou de Leicester. En France, c’est très différent. Les joueurs anglais découvrent cet engouement territorial. J’en ai parlé récemment avec un autre Anglais de France, il m’a dit qu’il ne s’attendait pas à une telle intensité quotidienne, même si on l’avait bien prévenu.

Que pensez-vous du protectionnisme du XV de la Rose ?

Il faudra trouver une solution. Peut-être aller vers une situation à la galloise et un seuil de 60 capes. C’est vrai qu’il est dommage pour l’Angleterre qu’un gars comme Arundell ne puisse pas jouer pour le XV de la Rose. Mais je comprends aussi le joueur.

Voyez-vous les droits d’un championnat anglais resserré à dix équipes, sans relégation, augmenter pour redonner de la force à cette compétition ?

Pour l’instant, non. Mais peut-être que le championnat anglais va redevenir compétitif sportivement dans un futur proche, si les talents y sont plus concentrés. Pour moi, l’erreur fut de ne pas créer, il y a quinze ou vingt ans, un championnat britannique. Il y avait traditionnellement une rivalité entre clubs anglais et gallois, Bristol et Cardiff, ce genre de choses. Les Écossais s’y seraient mis aussi. Ils auraient voulu affronter les Londoniens BCBG des Harlequins.

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