Abonnés

XV de France - Décryptage d'un après-Mondial raté pour les Bleus

  • Fabien Galthié a reconnu que les joueurs n’avaient pas "évacué" le quart de finale du Mondial perdu contre l’Afrique du Sud.
    Fabien Galthié a reconnu que les joueurs n’avaient pas "évacué" le quart de finale du Mondial perdu contre l’Afrique du Sud. Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany - Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany
Publié le
Partager :

Au cours de son "débrief", le sélectionneur Fabien Galthié est revenu sur deux épisodes pouvant expliquer l’entame calamiteuse de son équipe dans le Tournoi.

Si le bilan comptable du XV de France, deuxième du classement général avec 15 points, à l’issue de ce Tournoi 2024 n’a, in fine, rien à envier à ceux 2020, 2021 ou encore 2023, sans doute aurait-il pu avoir une autre gueule. Une autre allure. Si les deux dernières levées face au pays de Galles et l’Angleterre ont sauvé ces Bleus d’une déprime XXL, le début du Tournoi a flirté avec la catastrophe industrielle. D’abord, il y a eu à Marseille cette "nuit tragique" pour reprendre la sémantique du sélectionneur. Une véritable gifle infligée par l’Irlande (17-38), doublée quelque temps plus tard par ce match nul en guise d’humiliation face à l’Italie à Lille (13-13). Fabien Galthié l’a confessé lors de son bilan : une erreur a été commise en amont du premier rendez-vous. "Nous avons terminé le 14 octobre 2023 une Coupe du monde à la maison dans les conditions que vous connaissez, a-t-il expliqué. Puis le groupe s’est disloqué. Quand le Tournoi a démarré, dans notre esprit, on s’est alors retrouvé dans la foulée de cette dislocation. On s’est retrouvé au lendemain de France - Afrique du Sud. Alors qu’il s’était passé trois mois pendant lesquels nous n’avons pas vu les joueurs. [..] À leur retour au CNR, on a projeté les images du quart de finale pour travailler dessus et six mois plus tard, Thomas Ramos nous a dit : "Ça nous a fait mal." Les joueurs n’avaient pas fait ce travail d’acceptation, de dépassement, de digestion. Et ils n’étaient pas à pleine puissance, en revenant ici." Et ça s’est vu. Le traumatisme de l’élimination du Mondial a pesé lourd, les joueurs n’ayant pas fait leur deuil. À l’exception peut-être de François Cros, aucun des protagonistes n’a évolué dans la cité phocéenne à son véritable niveau. Comme si le poids de la défaite en quart de finale contre les Springboks était bien trop lourd à porter.

Évidemment, la question d’apporter du sang neuf au sein de l’équipe s’est posée. Elle a même a été souvent mise sur le tapis dans les médias. Fabien Galthié, avec son staff, s’est aussi interrogé, mais ils ont opté pour ce que d’aucuns ont qualifié de "câlinothérapie". Autrement dit : on ne froisse pas les cadres d’une équipe, on les câline. Le patron des Bleus s’en est expliqué au cours de son "débrief" : "On a vécu une tragédie en quart de finale et une autre en ouverture du Tournoi, contre l’Irlande. J’ai 55 ans et j’ai l’âge d’être leur père. Quand je parle à un joueur, je me demande ce qu’il pense. À mon époque, quand je perdais, je me disais que c’était la dernière fois que je mettais ce maillot bleu. Je me disais que c’était fini pour moi. Or, je ne voulais pas que ce sentiment s’installe dans leurs têtes parce que ça se ressentirait, plus tard, sur leurs performances."

Finalement, ce virage à 180 degrés, il l’a opéré, presque contraint et forcé en raison de certaines circonstances, après le match nul face à l’Italie. Évolution de la méthode, mise en concurrence des joueurs à l’entraînement, annonce de la composition d’équipes aux joueurs plus tardives… "On avait besoin de plus d’énergie, dira-t-il. J’ai demandé aux joueurs de venir chercher le maillot parce que certains commençaient à moins bien le porter." Exit Maxime Lucu. Place a été faite à Nolann Le Garrec. Léo Barré a apporté la fougue de sa jeunesse. L’association Flament-Meafou a enfin pu être mise en action. Et comme par enchantement, le XV de France a de nouveau séduit, de nouveau gagné.

Communication : l’arbitrage n’est plus un tabou

Durant les quatre premières années de son mandat, l’arbitrage fut pratiquement un tabou dans la communication de Fabien Galthié. On se souvient tant bien que mal l’avoir entendu, à chaud, déplorer que le sort d’un Angleterre-France en 2020 se soit joué à «des décisions», jamais le sélectionneur ne s’était permis de sortie à charge contre les directeurs de match, même après le quart de finale que l’on sait. C’est donc un grand tournant en matière de communication que Fabien Galthié a effectué lors de son debriefing, en évoquant de nombreux faits de jeu d’importance comme le grattage de Kwagga Smith face aux Boks ou encore le plaquage sans les bras de Ben Earl contre l’Angleterre, ou même des faits non sifflés comme un choc tête contre tête d’un Italien avec Romain Taofifenua, ou encore un essai de pénalité oublié en Écosse.
Une leçon, là encore, de l’injustice subie en quarts de finale pour ce que Galthié considère toujours comme «un des meilleurs matchs» de son équipe de France. Et la preuve, le sélectionneur a choisi de s’attaquer frontalement, à sa manière policée («nous avons un rôle majeur d’éducateur et nous devons nous comporter avec respect vis-à-vis des arbitres, c’est fondamental, a-t-il déclaré. D’autres sélectionneurs tweetent et crient au scandale mais pour moi, c’est banni»), à ce sujet si sensible «qui fait le bonheur ou le malheur de beaucoup d’équipes en pesant sur les résultats de manière énorme». Un terrain forcément glissant, car sujet d’excès. Sauf qu’à souhaiter que la France fasse «entendre sa voix, pour jouer à armes égales avec le Sud et les nations mères du rugby», Galthié n’avait pas vraiment d’autre choix que de briser ce tabou…

L’opinion du Midol

À chacun son deuil…

L’intention était louable. Vraiment. À tout dire, sans doute aurions-nous composé la même équipe pour ce premier match face à l’Irlande. Au nom d’une certaine logique, d’une forme de cohérence. Et même si la gifle reçue fut violente, « la câlinothérapie » de Fabien Galthié à l’égard de ses joueurs n’a rien eu de choquant. Au contraire. Comment en vouloir à un sélectionneur de protéger ses hommes après une contre-performance alors qu’on s’est lamenté pendant des années de l’instabilité récurrente, par exemple, des charnières associées en Bleu ? Des erreurs, il y en a eu, évidemment. Galthié l’a à moitié confessé : il n’aurait pas dû débuter la préparation en infligeant à ses hommes le visionnage du quart de finale traumatique face aux Springboks. Dans un monde idéal, peut-être aurait-il pu organiser un week-end de « débriefing » dans la foulée de cette élimination. Pour purger le mal et orchestrer une vidange émotionnelle. Et encore, le deuil est un long chemin que chacun parcourt à son rythme. Galthié a a

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (7)
CG4977 Il y a 1 mois Le 23/03/2024 à 15:04

On ne peut pas dire que la psychologie soit le point fort du staff français.
Après ça le premier match du tournoi est toujours un match de reprise pour la France alors que les british n'ont pas ce problème à régler. Les blessures n'ont pas arrangé non plus et l'Italie avec Quesada ce n'est plus du tout la même équipe et aurait vraiment mérité de l'emporter et nous aurait remis à notre place. Quant à l'Ecosse je me demande quelle aurait été la réaction des internautes si la situation avait été inversée! In fine second c'est vraiment bien payé et pas mérité. On verra ça dans un an maintenant car pas grand chose d'ici là et je suppose qu'on sera dans le même cas de figure à moins que Dupont Ntamack reviennent et que le 5 de devant soit dans dans mes mêmes dispositions que contre l'Angleterre.
P.S. le public dans les stades fait de plus en plus penser à un public de match de football

Pendejo34 Il y a 1 mois Le 22/03/2024 à 11:21

Galthie nous prend encore pour des truffes. Quid de SERIN, qu il ne prend pas parce qu il ne l aime as

Lechim Il y a 1 mois Le 23/03/2024 à 22:06

Tout simplement parce qui ya meilleur que lui!
Dupont, Le Garrec, Couilloud....
Serin a un bon coup d'oeil mais il ne joue que pour lui et en défense, c'est porte de saloon!

CasimirLeYeti Il y a 1 mois Le 21/03/2024 à 20:09

Étonnant de voir que le meilleur joueur Français du Tournoi fut l'injustement sacrifié du 1/4 de Finale, François Cros, victime d'une des nombreuses lubies de Fabien Galthié, qui malgré ses soi-disant sacro-saints datas avait préféré faire jouer un de ses chouchous, excellent joueur au demeurant, mais revenant du Diable Vauvert. Et dont, la puissance et la polyvalence aurait fait un excellent entrant. Comme un air de revanche, pour François, donc !

Lechim Il y a 1 mois Le 22/03/2024 à 08:22

C'est facile de réécrire l'histoire quand on connait la fin....
Jelonch était le titu et il a retrouvé sa place une fois rétabli, aucune lubie là dedans.
Mais c'est vrai qu'il aurait pu être remplaçant?