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6 Nations 2024 - De l'Afrique du Sud à l'Angleterre (2/2) : des secteurs souffrants devenus forts, chronique d'un réveil

  • Peato Mauvaka, Sébastien et Romain Taofifenua entrent en jeu.
    Peato Mauvaka, Sébastien et Romain Taofifenua entrent en jeu. Midi Olympique - Patrick Derewiany - Midi Olympique - Patrick Derewiany
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Particulièrement faibles en début de Tournoi dans certains secteurs cruciaux, comme la conquête en touche, le combat au sol ou l’impact du coaching, les Bleus sont progressivement montés en régime. Et alors que les hommes de Fabien Galthié ont été rattrapés au début de la compétition par des démons probablement mal estimés, le staff du XV de France a toutefois réussi à redresser la barre par des choix judicieux.

C’est probablement à ce genre de constat que l’on peut déterminer la qualité d’un staff. À savoir, la capacité d’une équipe à progresser de match en match, sans jamais revenir en arrière. à ce titre, s’il faut bien convenir que les Bleus étaient partis de très bas face à l’Irlande, ces derniers ont finalement passé la marche avant… On pense ici, en premier lieu à la touche (lire aussi en page 11), tout bonnement catastrophique contre l’Irlande car trop vite fragilisée par l’expulsion de Paul Willemse, puis tout juste passable en Ecosse et contre l’Italie (un seul ballon perdu à chaque fois, mais des munitions de piètre qualité) avant de clairement franchir un cap en fin de Tournoi. Le retour de Julien Marchand comme titulaire et celui de la paire Flament-Meafou en deuxième ligne n’y étant évidemment pas étranger, tout comme l’arrivée d’Alexandre Roumat sur le banc… Toutefois, au-delà de ce secteur de la touche, c’est dans un aspect beaucoup plus global que les Bleus ont amorcé une mue spectaculaire après l’Italie. On parle ici, bien entendu, de l’abnégation dans le combat, en particulier dans les phases de ruck. Trop faibles face aux Irlandais dans l’engagement pur et dur, les Bleus ont su petit à petit relever la tête, jusqu’à livrer des prestation abouties face au pays de Galles ou à l’Angleterre, qui ont permis des sorties de ruck rapides et – étrangement – de longues séquences de jeu. Ce "retour à la possession" tant clamé ici ou là ne devant finalement qu’à cette seule réalité, certes couplée à la titularisation d’une charnière Le Garrec-Ramos qui a eu le cran d’assumer de longues séquences et (enfin) du jeu simple, dans le même sens, sur ses deux sorties communes.

Les finisseurs, de zéros à héros

Enfin ? Le tableau ne serait pas complet, si l’on n’évoquait pas ici le banc des Bleus. Déjà critiqués lors du quart de finale face à l’Afrique du Sud de par le faible impact des entrants, aux abonnés absents contre l’Irlande, les finisseurs tricolores ont enfin retrouvé de leur utilité. Pour preuve, les trois victoires des Bleus (Ecosse, pays de Galles et Angleterre) sont étroitement liées à l’impact de ces derniers, systématiquement entrés en jeu alors que le XV de France était mené au score. Le staff des Bleus ayant, en outre, trouvé le bon dosage au fil des sorties, en passant d’un coaching massif à des entrées plus diluées, comme celles des frères Taofifenua accompagnés de Mauvaka avant la 50e, suivis de Colombe, Roumat et Moefana à l’heure de jeu, avant Boudehent et Lucu dans les dix dernières minutes. Prise de risque ? Sans doute, puisqu’en cas de blessure dans le money-time, les Bleus auraient dû finir à 14. Sauf que la chance, paraît-il, ne sourit qu’aux audacieux…

Un Tournoi pour solder le deuil du Mondial

On espérait, on rêvait, que les quatre mois qui avaient séparé le quart de finale face aux Springboks et le match d’ouverture du Tournoi contre l’Irlande auraient suffi à nos Bleus pour effectuer leur "deuil", selon le mot de Fabien Galthié. Reste qu’avec le recul, on comprend aujourd’hui qu’il était tout bonnement inconcevable d’imaginer les Bleus tenir leur rang, d’entrée de Tournoi, après avoir reconvoqué l’ossature de l’équipe défaite lors de ce quart de finale, soumise depuis un an à un enchaînement irréel de 30 à 35 matchs par tête de pipe. Qui plus est face à une Irlande qui, outre le fait de bénéficier de conditions de récupération autrement plus favorables, avait d’ores et déjà procédé au renouvellement de quelques cadres, à l’image du deuxième ligne McCarthy ou de l’ouvreur Crowley, leurs deux hommes du match à Marseille…

Les choix payants du staff

De fait ? On comprit bien vite que c’était ce Tournoi dans sa globalité qui devait permettre aux Bleus d’enfin repartir de l’avant. Et si les vieux soldats signèrent bien un poussif chant du cygne en Ecosse, la quasi-défaite du match nul contre l’Italie à Lille, synonyme de série de trois matchs sans victoire du XV de France sur ses terres, ne fit que ressurgir le débat quant à des changements profonds à opérer. Lesquels, avant le déplacement à Cardiff, furent finalement pris, certes dictés par les blessures et autres suspensions des uns (Jalibert, Danty) mais aussi par les contre-performances des autres (Woki, Lucu).

C’est ainsi que l’intégration de la jeune garde des Le Garrec, Depoortere et autre Barré ralluma la flamme, en même temps que l’intégration de la deuxième ligne Flament-Meafou. C’est ainsi que l’on retrouve, comme par magie, un XV de France bien décidé à combattre en équipe, des individualités bien décidées à jouer pour le collectif, et surtout des leaders prêts à prendre leurs responsabilités dans la conduite du jeu. Une différence d’état d’esprit fondamentale qui fut le socle de la fin du tournoi des Bleus, avec un premier succès enthousiasmant au pays de Galles et surtout ce crunch face à l’Angleterre…

Le Crunch a exorcisé le fantôme du quart

Un match qui fut, in fine, le clone du quart de finale face aux Springboks. De par la densité physique de l’adversaire. De par sa rush défense importée depuis le staff des Boks par Felix Jones. De par sa stratégie de jeu au pied de pression et, surtout, de par son scenario dingue qui aurait pu laisser les Bleus penser qu’une fois de plus, ils seraient les cocus de l’histoire… "Sans doute que les Anglais avaient analysé le quart de finale et voulu se servir de ces schémas-là, avec une grosse défense et beaucoup de pression sous les ballons hauts, soufflait François Cros. De notre côté, on a aussi su se servir de ce quart de finale pour ne pas nous affoler et inverser la tendance." Jusqu’à obtenir la pénalité de la gagne, réussir à re-gagner enfin sur le sol français et boucler la boucle sur cette pelouse de Lyon où les Tricolores avaient engrangé leur dernier succès en France. "C’est exactement la même chose sauf que, cette fois, on gagne", souriait Fabien Galthié. Difficile de parler ici de hasard…

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Les commentaires (2)
Gcone1 Il y a 1 mois Le 20/03/2024 à 07:51

Pourquoi ne pas dire la réalité ? Certains joueurs ont pris la parole, haussé le ton et réduit l'influence de FG dans le plan de jeu.

CasimirLeYeti Il y a 1 mois Le 19/03/2024 à 23:29

Bah, rien de sorcier, les jeunes sont par définition, ben jeunes, du coup moins fatigués physiquement par la longueur des saisons et ils récupèrent plus vite, en plus !
De plus débarquant avec peu ou pas de sélections, ils n'ont pas pris part à l'échec de la CdM voire même pour certains, ils ont glané un trophée Mondial, sur les terres inhospitalières d'Afrique du Sud. Ils deviennent reconnus et relativement riches avec un contrat pro donc la vie leur chante ! Donc pas de lassitude ou d'usure psychologique... C'était donc tout bénéf de les intégrer, ce que Fabien aurait même dû faire au deuxième bloc contre l'Italie ! J'espère que la leçon pour le Staff sera bien apprise.