Coupe du monde de rugby 2023 - L’inexorable progression des Fidjiens en route vers les quarts de finale

Pendant des années, cela a été un paradoxe énorme. Impressionnants au sein des championnats français et notamment du Top 14, les Fidjiens ont toujours eu dans leurs rangs des joueurs exceptionnels, capables de faire basculer un match à eux seuls. Pourtant, s’ils dominent le circuit international à VII, les Fidji n’ont jamais vraiment su peser comme ils le devaient en rugby à XV. La faute à quoi ? Des éternelles faiblesses, notamment dans les fondamentaux. Reconnus comme des artistes, les Îliens ont aussi trop souvent manqué de constance, de plan de jeu et de sérénité en conquête. Mais désormais, tout est différent. Même si la touche n’a pas brillé face à la Géorgie et qu’en première mi-temps, les Fidjiens ont fait un match rempli de stéréotypes, les hommes de Simon Raiwalui ont su s’imposer au final en se retrouvant dans leur tactique. Un véritable signe de progrès. "Par le passé, nous aurions perdu ce genre de matchs parce que nous n’aurions pas su comment refaire notre retard", jurait le talonneur Samuel Matavesi. Son sélectionneur souriait : "C’est une très bonne leçon."

L’apport considérable des Fijian Drua

Conscient des progrès de ses hommes au fil des années, Raiwalui a vu les siens marquer l’histoire en s’imposant pour la première fois face à l’Angleterre cet été et face à l’Australie récemment, pour finalement être en passe d’accéder aux quarts de finale de la Coupe du monde. "Nous cherchons à gagner des positions dans le classement mondial et à progresser", poursuivait le stratège. Une progression évidente pour tout le monde, notamment pour les anciennes gloires de la sélection comme Waisale Serevi. "Je crois que c’est la meilleure équipe fidjienne qui ait jamais participé à la Coupe du monde, lâchait celui qu’on surnommait le magicien. Ils sont à la hauteur dans les phases statiques, ce qui ne fait pas vraiment partie du jeu habituel des Fidjiens." Mais qu’est-ce qui a alors fait la différence du côté du Pacifique ? Peut-être l’intégration de la franchise des Fijian Drua au sein du Super Rugby. Capables de terrasser les Crusaders, les Drua s’affirment de plus en plus dans le Sud et installent un cadre professionnel dans les îles. "Les Fijian Drua sont un énorme bénéfice pour nous, affirmait Raiwalui. Ils nous amenèrent trente à quarante joueurs de haut niveau en plus des joueurs qui évoluent en Europe. Je pense que les résultats de tout cela ne se voient pas forcément encore mais qu’ils se verront en 2027 et en 2031." Désireux de voir ce que tout cela va donner à l’avenir, Raiwalui oublie peut-être que les siens font déjà peur…