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Top 14 - Emmanuel Meafou (Toulouse), l’arme fatale : décryptage d’un joueur phénomène

Par Jérémy FADAT
  • Le puissant deuxième ligne du Stade toulousain, Emmanuel Meafou, est, avec onze réalisations, le meilleur marqueur d’essais du club rouge et noir cette saison. Photo Icon Sport
    Le puissant deuxième ligne du Stade toulousain, Emmanuel Meafou, est, avec onze réalisations, le meilleur marqueur d’essais du club rouge et noir cette saison. Photo Icon Sport Icon Sport - Icon Sport
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L’impressionnant deuxième ligne est le meilleur marqueur d’essais toulousain cette saison, devant Lebel ou Dupont. Grâce à son gabarit hors normes, sa puissance et son adresse ballon en mains, son équipe a notamment fait des pénalités à cinq mètres jouées à la main une de ses spécialités. Décryptage.

En juin 2021, alors que Toulouse s’était mis à jouer régulièrement des pénalités à cinq mètres à la main après avoir croisé la route d’Exeter (maître en la matière à l’époque), l’entraîneur des avants Jean Bouilhou confiait : "On avait en tête depuis longtemps de faire la "Jolimont", une combinaison que Toulouse réalisait il y a de nombreuses années. Jérôme Cazalbou était sur les cinq mètres, les autres joueurs se lançaient depuis les vingt-deux, puis il choisissait à qui donner. Ça marquait à tous les coups. La demie (contre Exeter, NDLR) nous a fait dire qu’il fallait accélérer. Virgile Lacombe a trouvé une petite animation et avec les joueurs qu’on a, ça nous a fait marquer un paquet d’essais."

C’est encore plus vrai aujourd’hui. En début de saison, contre le Racing 92, la "Jolimont" a accouché de sa version moderne, une combinaison sur laquelle plusieurs joueurs ont réalisé des courses en leurre, avant qu’Emmanuel Meafou ne termine dans l’en-but. Et c’est d’ailleurs souvent le surpuissant deuxième ligne qui conclut ce genre de mouvement. Si Toulouse a fait de ces phases de jeu une de ses marques de fabrique ces derniers mois, c’est surtout parce qu’il compte ce phénomène dans ses rangs.

Un essai toutes les 156 minutes

Moins performants sur les mauls portés en 2022-2023, les Rouge et Noir ont déniché la clé pour asseoir leur domination devant, notamment physique. Le manager Ugo Mola l’expliquait après la qualification en huitième de finale de Champions Cup contre les Bulls, quand l’essai de Meafou avait débloqué la situation : "C’est une option utilisée par beaucoup d’équipes et on ne peut pas s’en targuer. Mais elle est intéressante, d’autant plus quand la conquête n’a pas la qualité qui devrait être la nôtre. J’aurais parfois aimé qu’on marque après un ballon porté mais, si c’est comme ça, c’est aussi une corde à notre arc… Puis, quand vous disposez de "Manny" Meafou dans votre effectif, autant le lancer le plus possible à cinq mètres de la ligne !"

Avec ses plus de 140 kg sur la balance et ses mains en or, l’Australien est une arme de destruction (et de finition) massive. Jugez plutôt : cette saison, il a inscrit onze essais en vingt-huit matchs (vingt-trois titularisations) toutes compétitions confondues, ce qui en fait le meilleur marqueur toulousain devant Matthis Lebel (neuf) et Antoine Dupont (huit). Meafou aplatit dans l’en-but adverse toutes les 156 minutes… Des chiffres ahurissants pour un joueur de son poste et de son gabarit. Surtout, cela marque une vraie progression pour lui qui en était à six essais en 2020-2021, et quatre en 2021-2022. Au-delà, il a su être décisif dans des rendez-vous majeurs, notamment en Champions Cup contre Sale, les Bulls ou le Leinster. Certes, Meafou se montre globalement ultra-présent dans le jeu, ce qui lui a permis de marquer contre Brive, voilà huit jours, après une prise d’intervalle sur les trente mètres, une accélération et un crochet sur le dernier défenseur. Mais ses réalisations sont, pour la grande majorité, le fruit de combinaisons proches des lignes. Une aubaine pour ses partenaires. "Quand il avance tout devient plus facile et s’éclaire autour de lui, dit Antoine Dupont. Il est très costaud ballon en mais et, au-delà de gagner ses contacts, il est capable de jouer debout."

Ruiz : "Meafou, un autre casse-tête"

C’est aussi et forcément un enfer pour ses adversaires. "Il est impressionnant", peste Alexandre Ruiz, spécialiste de la défense à Montpellier depuis 2021. Et d’avouer : "Affronter Toulouse est déjà un casse-tête, se préparer contre Meafou en est un autre. On alerte les joueurs pour éviter les pénalités à cinq mètres car cette équipe est capable de les jouer à la main, avec lui, Faumuina ou Marchand. Pareil contre La Rochelle avec Skelton et Atonio. Face à ce profil, on demande aussi, sur les relances de jeu, de réduire au plus vite l’espace-temps, donc la faculté à accélérer à la prise de balle et à gagner les contacts. Pour éviter cette forte densité, il faut aller le plus rapidement possible sur lui, et le plus bas immédiatement." Le hic, c’est ce que ça ne suffit pas.

"Dès qu’il déclenche sa course, il gagne un mètre ou 1,50 m avant le contact, reprend Ruiz. Vu qu’il fait deux mètres et qu’il a une envergure de bras d’un mètre, s’il tombe à moins de trois mètres de l’en-but, il est dedans. Plaquer bas reste la base pour qu’il n’avance plus, mais il faut un deuxième joueur pour fermer le haut du corps et bloquer la continuité du geste. Voilà pourquoi, sur les semaines avant le Stade toulousain, on en arrive à travailler des prises plus hautes, près des lignes, pour enfermer le ballon et se dire : si on perd la collision, on l’empêche au moins de marquer. Même si sa force, c’est aussi de pouvoir jouer après lui, de faire des offloads."

Et Toulouse s’est adapté en cours de saison puisque la plupart des derniers essais de Meafou, s’ils faisaient toujours suite à des pénalités proches de l’en-but, ont été inscrits sur des deuxièmes temps de jeu, voire sur un troisième face à Bordeaux-Bègles récemment. "Tu peux anticiper en te disant que Meafou va arriver sur le deuxième temps de jeu, donc garder ton meilleur défenseur pour essayer de le bloquer, explique Ruiz. Il faut les meilleurs plaqueurs face aux meilleurs porteurs. Mais le samedi, si les Toulousains sont lus, ils peuvent préparer une autre solution avec une rupture sur le troisième temps de jeu. On ne peut pas tout prévoir mais il faut être capable de répondre très vite à la problématique." Et le simple cas de Meafou est déjà une énorme problématique en soi.

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