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Wilkinson raconte Ford et Farrell

  • Jonny Wilkinson comme mentor ? George Ford et Owen Farrell sont à bonne école. Photos Icon Sport
    Jonny Wilkinson comme mentor ? George Ford et Owen Farrell sont à bonne école. Photos Icon Sport
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    Wilkinson raconte Ford et Farrell
Publié le Mis à jour
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De passage à Tokyo pour les phases finales de la Coupe du monde, l’ancien ouvreur de l’Angleterre Jonny Wilkinson a accepté de nous parler de ses héritiers, George Ford et Owen Farrell qui ont aujourd’hui l’opportunité de marcher dans les pas du champion du monde 2003.

Mondial 2007 : « Ils me renvoyaient les ballons »

On savait que Jonny Wilkinson connaissait George Ford et Owen Farrell de longue date. Seulement, on ignorait les circonstances de leur rencontre. Il nous les a racontées ici…"Je les connais depuis plus de 12 ans, en fait… Cela remonte au Mondial 2007, et à la toute première séance de tirs au but que je faisais en France. George et Owen étaient encore des gamins (respectivement 14 ans et 16 ans, N.D.L.R.) mais ils étaient au contact de notre groupe, dans les pas de leurs pères. Mike Ford était en charge de la défense dans le staff et Andy Farrell était encore joueur. Mike et Andy étaient venus me voir en me demandant si cela ne me dérangeait pas que les garçons restent avec moi pour ma séance de tirs au but. J’ai accepté d’emblée et ils m’ont aidé en me renvoyant les ballons. Le lendemain je me suis malheureusement blessé à la cheville. J’ai dû attendre trois semaines. Donc, pendant tout ce temps, la seule séance de tirs au but que j’ai effectuée était celle avec George et Owen ! Je me souviens qu’ils avaient déjà beaucoup de talent à cette époque. Huit ans plus tard, ce fut à mon tour de leur renvoyer les ballons, quand Eddie Jones m’a demandé de devenir consultant du jeu au pied. Je les suis depuis lors, et je les aide à explorer leurs capacités dans ce secteur du jeu. Ce sont des joueurs exceptionnels et au-delà de ça, des garçons ouverts et humbles. Ils ne sont pas là pour contrôler les autres, mais plutôt dans la découverte de leurs propres limites."

Transmission : « Je n'étais pas l'exemple à suivre »

Après avoir été leur modèle, Jonny Wilkinson est devenu le mentor de Ford et de Farrell dans l’entraînement du jeu au pied. Qu’a-t-il enseigné aux deux maîtres à jouer du XV de la Rose ? "J’ai connu George et Owen à l’époque où je m’entraînais beaucoup trop longtemps aux tirs au but. Je peux vous dire qu’ils m’ont renvoyé des quantités de ballons ! Heureusement, ils ont appris à s’entraîner mieux que je ne le faisais. En fait, je leur ai expliqué que je n’étais pas l’exemple à suivre, ce qui est assez drôle ! Du coup, ils font beaucoup plus attention à leurs jambes que je ne le faisais… Je ne peux donc pas dire que je leur ai inculqué le fait de travailler très dur… Pour cela, ils avaient leurs pères respectifs ! (il réfléchit) L’art de ce que l’on fait tous ensemble est de réaliser que tout ce qui compte, c’est la performance. Et la performance t’appartient, elle est en toi. Donc il faut regarder au fond de soi pour la trouver, et constamment repousser ses limites. J’espère aussi leur avoir appris le secret de tous les buteurs : l’engagement mental. Tout le monde vous explique qu’il y a une technique pour frapper, et qu’il faut la maîtriser. C’est vrai. Mais il faut aller au-delà. Et c’est par l’engagement mental total qu’on y arrive. Quand on tire au but, le ballon répond à un message, tout simplement. Et ce message doit être le plus clair possible. Et pour cela, il faut être engagé à 100 % dans cette tâche. Ainsi, il n’y a pas d’incompréhension entre toi et le ballon. Cette clarté est physique, mentale, émotionnelle…"

Concurrence ou association : « Jones peut les gérer comme il l'entend, ils sont forts mentalement »

Les compositions d’Eddie Jones sont toujours très attendues par la presse britannique. Et quand cette dernière découvrit que Jones avait renvoyé Ford sur le banc pour le quart de finale contre l’Australie, alors qu’il avait jusqu’alors fonctionné avec un axe Ford-Farrell-Tuilagi, elle sauta littéralement au plafond. Finalement, le facétieux sélectionneur avait raison : "Je ne l’ai pas écarté, je lui ai donné un autre rôle qu’il a magnifiquement bien rempli ! C’est un jeu à 23 joueurs, les gars… Rejoignez-nous dans le rugby moderne ! Filez-moi vos adresses e-mail, je vous enverrai des invitations !" avait-il lancé à l’assemblée, une fois le match gagné.

Farrell est ainsi baladé d’un poste à un autre, tout comme Ford et Slade. Durant sa longue carrière, Jonny Wilkinson a lui aussi été amené à couvrir le poste de centre (9 apparitions), mais n’était pas vraiment friant de ces changements. Alors, aujourd’hui, il tire son chapeau à ses héritiers qui font montre d’une superbe qualité d’adaptation…

"L’Angleterre a une immense chance de compter deux joueurs de cette qualité dans ses rangs. En revanche, pour se permettre de changer leur position ou leur rôle dans le match, il vous faut des joueurs très forts mentalement. Des joueurs qui comprennent leurs rôles, et qui seront aussi engagés quelle que soit la mission qu’on leur donne. George Ford et Owen Farrell sont de ceux-là. Et Eddie Jones peut les gérer comme il l’entend, en fonction du jeu qu’il veut développer et en fonction de l’adversaire. Le plan de jeu contre l’Australie était différent de celui pour la Nouvelle-Zélande, à une semaine d’intervalle. L’idée est de mettre le maximum de joueurs décisionnaires sur le terrain pour faire les bons choix. C’est la même chose avec Henry Slade, qui évolue au poste de second centre mais qui est un ouvreur de formation. Mais c’est aussi bon d’en avoir sur le banc. Car quand les titulaires sont fatigués, les décisionnaires qui entrent en jeu portent un nouveau regard sur le match et apportent d’autres solutions. C’est exactement ce qui s’est passé avec George Ford, qui a signé une superbe entrée en jeu en quart face à l’Australie. Quand on a qu’un ouvreur sur le terrain, il doit rester jusqu’à la fin. Sauf qu’il peut lui arriver plein de choses : il peut être fatigué, à moitié blessé, ou tout simplement pris par la défense. Donc le fait de pouvoir compter sur quelqu’un qui entre en jeu en cours de partie et vous aide est un grand plus."

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