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Champions Cup - Toulouse en finale face au bourreau de sa légende

Par Jérémy Fadat
  • En disposant des Harlequins en demi-finale, ce dimanche au Stadium, les Toulousains de Emmanuel Meafou ont validé un nouveau ticket pour la finale. Ils la disputeront face au Leinster, leur bête noire.
    En disposant des Harlequins en demi-finale, ce dimanche au Stadium, les Toulousains de Emmanuel Meafou ont validé un nouveau ticket pour la finale. Ils la disputeront face au Leinster, leur bête noire. Icon Sport - Anthony Dibon
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Victorieux d’une sublime demi-finale face aux Harlequins, au terme d’un scénario fou, les Toulousains vont retrouver dans moins de trois semaines le Leinster. Cette bête noire qu’il s’agira de battre enfin pour décrocher une sixième étoile et asseoir définitivement leur suprématie.

Il existe plusieurs façons de lire l’histoire. Les plus optimistes clameront que cette génération dorée du Stade toulousain ne perd pas en finale, avec quatre atteintes toutes scènes confondues pour autant de sacres depuis 2019. Les plus "pisse-froid" rétorqueront que, mis à part la première édition en 1996 pour laquelle les clubs anglais n’étaient pas invités, l’institution la plus titrée de la compétition n’écarte jamais une équipe étrangère sur la dernière marche, battue par les Wasps en 2004 et le Munster en 2008. Et la "bande à Dupont" fut chatouillée dans son orgueil par son propre manager quand Ugo Mola a déclaré, la veille de la demi-finale : "Cette génération est différente mais elle n’a pas encore marqué autant l’histoire du club que d’autres." Une invitation en forme de défi à la démesure d’une troupe sans limite. Message reçu par son capitaine Dupont : "On a le potentiel pour gagner encore, mais il ne se vérifie que lorsqu’on soulève un trophée."

Antoine Dupont sait combien le contexte de la finale sera particulier, face à un Leinster qui a stoppé les siens en demie lors des deux dernières saisons mais qui a toujours trébuché sur l'ultime marche derrière...

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— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) May 5, 2024

Des paroles aux actes, il n’y eut besoin qu’à peine plus de vingt-quatre heures. Et seulement trente minutes, fut-il permis de croire, pour faire exploser des Harlequins pourtant audacieux et séduisants à souhait. Samedi, Mola avait aussi dit : "Penser que ça va être un match ouvert, à cinq ou six essais de moyenne par équipe comme c’est le cas pour ces deux-là depuis quelque temps, serait se tromper de chemin ou de guerre." Loin d’ici l’idée d’insinuer que le technicien avait volontairement et un brin menti sur ce coup-là. Nul doute que lui espérait un scénario moins fou qu’il ne le fut, en tout cas plus maîtrisé de la part de ses hommes, lesquels avaient déjà inscrit les fameux cinq essais annoncés en une mi-temps (31-12).

Premier duel entre les deux équipes en finale

Le hic ? C’était qu’il était bien trop tôt pour envoyer l’intendance toulousaine réserver les billets et les chambres d’hôtel pour Londres dans moins de trois semaines. Et qu’au retour des vestiaires, cette demi-finale a basculé dans la folie. Pas forcément celle fantasmée par un Stadium en fusion jusque-là, qui s’est brusquement éteint quand les partenaires du génial Marcus Smith ont marqué quatorze points en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, et ainsi relancé un suspense que chacun pensait oublié depuis belle lurette. "J’ai l’impression qu’on a voulu plus gérer que jouer, explique Mola. Et ça, on ne sait pas faire…" Mais voilà, il en fallait bien davantage pour détourner ces Toulousains de leur destin en Champions Cup, lesquels sont en mission depuis décembre. Avec un objectif clamé et assumé : se dégager le chemin et s’inviter au Tottenham Hotspur Stadium le 25 mai prochain.

En demi-finale de Champions Cup, Thibaud Flament et Antoine Dupont ont été les grands bonhommes du jour, tandis que François Cros a livré une prestation épatante en défense. #STHAR

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Et une obsession, qui ne pouvait être décemment avouée avant ce dimanche : y retrouver le Leinster. Cette bête noire irlandaise, laquelle reste sur quatre succès de rang face aux Rouge et Noir et leur ont coupé la route avec autorité en 2019, 2022 et 2023. C’était à chaque fois en demi-finale et c’était à chaque fois à Dublin. Là, l’histoire - la grande, celle après laquelle court ce groupe classé à part - sera tellement différente. Les "boss du banc", à savoir Marchand, Ramos ou Arnold, sont venus calmer les ardeurs anglaises et valider le ticket stadiste, au moment où Juan Cruz Mallia a aplati en terres promises à la 68e. Ou quand la ville rose voit enfin la vie en rose, au point de chanter bientôt ces "On est en finale" toujours synonymes de joyeux épilogue. "Merci aux joueurs d’avoir fait le nécessaire pour être au rendez-vous et pour aller s’offrir une finale, savoure Mola. Ce n’est pas rien." Il était alors temps de se projeter sur un rêve devenu réalité, ce Toulouse-Leinster premier du nom à ce stade ultime de la compétition. Statistique incroyable vu la guerre des étoiles que se livrent ces deux géants. Les Français viseront la sixième, pour demeurer plus que jamais seuls au monde, les Irlandais tenteront de les rejoindre dans le "cinq majeur". Ce qui augure un immense choc.

Mola : "Un peu de La Rochelle et beaucoup de Toulouse"

Surtout, la province dublinoise représente incontestablement l’ultime frein d’une équipe toulousaine qui écrase tout (ou presque, en l’occurrence) sur son passage depuis cinq ans. Et les Baille, Mauvaka, Marchand, Cros, Dupont, Ntamack, Ramos ou consorts ne pourront asseoir définitivement leur suprématie que le jour où ils auront dominé ce Leinster-là en phase finale. Quelle plus belle opportunité aujourd’hui ? Le Stade toulousain face au bourreau de sa légende.

Et Ugo Mola se veut lucide : "Ce qui est clair, c’est que les demi-finales sont toujours des matchs très particuliers. J’ai vu aussi celle du Leinster contre Northampton et on présage souvent de victoires larges mais elles sont généralement plutôt âpres et serrés. Cette rencontre n’a pas dérogé à la règle. Mais quand le Leinster a la possession, ses joueurs sont constamment dangereux. En gagnant notre demie, on a passé notre plafond de verre." Place à l’autre désormais, dénommé Leinster. "Plus que tout autre équipe, celle-ci est maîtresse en la matière pour gérer ce genre d’événement mais force est de constater que certains arrivent à la bousculer, poursuit le manager. La Rochelle est un expert par exemple. On va essayer de prendre un peu de La Rochelle, un peu de la fin de match de Northampton et surtout beaucoup de Toulouse." Parce que, malgré le devoir de mémoire qui s’impose à lui, ce Stade toulousain n’est jamais aussi fort que lorsqu’il ne se renie pas. Question d’histoire, encore…

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