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6 Nations féminin - "Fauchez les Roses" : présentation du choc France - Angleterre pour le grand chelem

Par Simon Valzer
  • Pauline Bourdon Sansus et Manae Feleu sur le dos de Zoe Aldcroft. C’était lors du Angleterre - France de l’an dernier.
    Pauline Bourdon Sansus et Manae Feleu sur le dos de Zoe Aldcroft. C’était lors du Angleterre - France de l’an dernier. PA Images / Icon Sport - PA Images / Icon Sport
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Samedi après-midi, devant environ 25 000 spectateurs réunis dans un stade de Chaban-Delmas qui promet d’être chauffé à blanc, nos Bleues affronteront des Anglaises ultra-favorites. L’objectif ? Interrompre une série de douze défaites face aux Red Roses. Et décrocher un grand chelem.

Vous connaissez l’adage : plus une série dure, plus elle approche de sa fin blablablabla… C’est évidemment vrai. Mais ce qui est sûr, c’est que cette foutue série de victoires des Anglaises sur nos Bleues dure depuis bien trop longtemps. Douze rencontres, vous vous rendez compte ? Ça suffit. Douze fois que nos Bleues y croient, ferraillent, et finissent par perdre contre ces maudites "Rosbeefs", emmenées depuis la Coupe du monde 2022 par la redoutable troisième ligne Marlie Packer qui a hérité du brassard de capitaine de Sarah Hunter, aujourd’hui dans le staff des Red Roses.

L’année dernière encore, on y a cru jusqu’au bout. Menées 33-0 à la pause après une première période calamiteuse marquée par deux cartons jaunes, les Bleues avaient pourtant signé une splendide remontada pour finalement mourir à cinq points (38-33). Avaient-elles vraiment les moyens de remporter ce match ? Possible, si elles n’avaient pas sombré en première mi-temps. Mais il faut aussi avoir l’honnêteté d’avouer que les Anglaises avaient sensiblement levé le pied dans le second acte, après avoir marqué à peu près quand elles le voulaient durant les quarante premières minutes.

Les Anglaises avaient remporté le grand chelem l'année dernière en battant les Bleues (38-33). Elles menaient 38-0 à la mi-temps.
Les Anglaises avaient remporté le grand chelem l'année dernière en battant les Bleues (38-33). Elles menaient 38-0 à la mi-temps. PA Images / Icon Sport - PA Images / Icon Sport

Mais plutôt que de ressasser le passé et les défaites, les protégées du duo Mignot-Ortiz préfèrent penser à autre chose : "Les douze défaites, c’est ce qu’il y a écrit sur le papier mais on préfère se concentrer sur nous, avouait la demi d’ouverture Lina Queyroi. La semaine dernière, les Galloises ont essayé d’entrer dans nos têtes mais on a su garder notre calme. Cela va être pareil samedi", prédisait la Blagnacaise. "Le Crunch est forcément à part, reconnaissait pour sa part la troisième ligne grenobloise Emeline Gros, on a toute dans un coin de notre tête que le France-Angleterre, c’est un match particulier." C’est en revanche dans la voix de Gaëlle Hermet, que l’on sentait plus agacée par cette interminable série de victoires anglaises, que l’on sentait poindre un appel à la révolte tricolore: "Je ne connais personne qui est content de perdre. Aujourd’hui, on veut connaître un autre sentiment. Clairement."

Merchant : "L’Angleterre n’a pas eu de rencontre difficile"

Les Bleues ont-elles les arguments pour espérer une victoire ? Incontestablement, oui. Vu de l’extérieur, on jurerait que la gauchère anglaise Hannah Botterman n’a pas la pointe de vitesse d’Annaëlle Deshaye, que sa droitière Maud Muir n’a pas les mains d’Assia Khalfaoui, que Zoe Aldcroft, tout monument qu’elle soit du rugby féminin, n’a pas la puissance de Madoussou Fall, ni que Sarah Beckett n’a les qualités athlétiques de Romane Ménager. Malgré ces indéniables atouts, il est évident que les Bleues n’ont pas été jusqu’ici aussi dominatrices que les Anglaises qui semblent plus impitoyables que jamais avec un vertigineux goal-average favorable de 208 points (228 inscrits pour seulement 20 encaissés).

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Mais c’est précisément dans cette promenade de santé que Kat Merchant, championne du monde 2014 avec l’Angleterre et aujourd’hui consultante pour la BBC, voit un handicap pour ses anciennes coéquipières : "La France a eu des matchs serrés, des surprises et qu’elle a dû travailler. Cela peut jouer en sa faveur. L’Angleterre aurait pu jouer à 13 et gagner quand même ses quatre premiers matchs. Aller en France sans avoir eu de rencontre difficile pourrait bien jouer contre elles." Les Bleues, elles, ont bossé. Et en ont bavé. Après deux victoires brouillonnes contre l’Irlande et en écosse, elles ont fait les efforts pour rendre des copies plus concluantes face à l’Italie et Galles : "On a construit notre projet, étape après étape. On s’est aguerries. À chaque match, on a monté les curseurs", rappelait Gros cette semaine. Samedi encore, les Bleues veulent rester fidèles à leur philosophie de jeu débridé : "On ne veut pas réduire la voilure ce week-end », prévenait Alexandra Chambon. « On a un jeu rapide, qui va chercher les couloirs. On veut les étouffer et aller jouer rapidement certaines phases de jeu comme les touches ou les pénalités", prolongeait Queyroi.

Grisez titulaire, R. Ménager de retour en 8 mais pas de remplaçante en 10

De la vitesse, ce XV de France n’en manque pas. Selon nos informations, le staff devrait maintenir à l’aile la septiste Joanna Grisez, auteure d’un doublé contre les Galloises. Devant, Charlotte Escudero devrait reprendre sa place en 6 et laisser l’attelage Feleu-Fall se reformer dans la cage, tout comme Romane Ménager devrait retrouver le numéro huit, aux côtés de Gaëlle Hermet qui aura la lourde tâche de sécuriser le secteur de la touche (lire ci-dessous). Sur le banc, on trouverait encore de la vitesse avec les deux dernières septistes Anne-Cécile Ciofani et Chloé Jacquet, qui pourraient être précieuses pour trouver des espaces en fin de rencontre. Un choix qui suppose néanmoins de se priver de Lina Tuy, la seule véritable dix de métier et jusqu’ici suppléante de Lina Queyroi. Un choix que les Bleues devront assumer ensemble pour décrocher un Grand Chelem qui les fuit depuis 2018. Alors aux armes, citoyennes !

La touche et les mauls, secteurs vitaux

On l’a écrit plus haut, le XV de France féminin a beaucoup travaillé et progressé durant ce Tournoi des 6Nations. Après avoir eu tendance à verser dans l’excès de jeu, avec des passes parfois trop risquées et donc mal assurées, les Bleues ont corrigé le tir sur les troisième et quatrième journées, face à l’Italie et au pays de Galles. Deux équipes aux profils diamétralement différents qui ont permis aux coéquipières de Manae Feleu de développer des formes de jeu bien différentes pour s’imposer : de la possession et du jeu direct pour faire plier les plus frêles Italiennes, de la patience défensive et du réalisme pour contrer les puissantes Galloises.

Hermet, précieux renfort en touche

Malgré tout, il reste deux secteurs qui interrogent : la touche, et les mauls. La semaine dernière, l’alignement français a réalisé un piètre 6/13 face aux Galloises, après avoir perdu 5 de ses lancers en deuxième mi-temps contre l’Italie : "On fait beaucoup de vidéo, notamment sur la touche, assurait la troisième ligne Emeline Gros. On échange beaucoup, on évalue les stratégies : quelle zone viser, à quel moment, à quel endroit du terrain ? Il y a beaucoup de travail en amont. Et sur le terrain, il faut répéter. Répéter pour prendre confiance, prendre des repères, être dans le détail."

Le retour de l’aérienne troisième ligne Gaëlle Hermet dans l’alignement devrait d’ailleurs faire le plus grand bien aux Françaises, d’autant que les Anglaises, elles aussi, ont montré quelques faiblesses dans ce secteur avec notamment quatre touches perdues la semaine dernière face aux faibles Irlandaises.

En revanche, les Anglaises sont toujours aussi performantes sur leurs mauls, qu’elles initient souvent après touche autour de la deuxième ligne Zoe Aldcroft, l’une de leurs principales sauteuses. Un secteur où les Bleues ont été en difficulté face à l’Italie et le pays de Galles. Une défaillance qui ne vient certainement pas d’un éventuel manque de puissance, mais plutôt d’un manque de coordination, de vitesse et de timings à régler entre les joueuses. Là encore, le staff du XV de France Féminin a mis l’accent sur ce second secteur, bien conscient qu’il sera déterminant face aux Red Roses. 

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