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Top 14 - François Rivière (président de Perpignan) : "Notre masse salariale va progresser"

Publié le Mis à jour
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François Rivière, fort d’une expérience de dix ans à la tête du club, appelle à la prudence et à l’humilité malgré les excellents résultats de l'Usap en championnat. Néanmoins, le président catalan est ambitieux.

Regrettez-vous le faux départ de votre équipe ?

Ce n’est absolument pas un regret. C’est la construction de cette équipe. Il ne faut pas oublier l’objectif donné à Franck Azéma quand il est arrivé : c’était la dixième place pour sa première saison. Je pense que nous ne devons pas nous éloigner de cet objectif. Si nous devons finir plus haut, ça sera du bonus. Nous pouvons aussi reculer. Ne nous prenons pas pour d’autres.

Avez-vous eu des doutes en début de saison ?

Je n’ai pas douté. Tout d’abord parce que Franck Azéma n’a pas eu de doutes. Il a ça de commun avec Christian Lanta. Ce sont des rocs. Franck m’a expliqué ce qui se passait. Nous avions neuf internationaux absents et nous n’avons pas la chance ni les moyens d’un Stade toulousain par exemple. Donc nous étions en difficulté. Je n’ai pas douté non plus car dans le monde de l’entreprise, on apprend qu’il est essentiel de faire confiance à ses collaborateurs. Après dire que c’était une période agréable serait mentir. Il a fallu tenir bon.

D’autant plus que l’Usap n’avait jamais eu autant de moyens…

Le rugby est un sport de patience et d’humilité. Il a fallu prendre le temps de construire. L’Usap est un club qui avait un certain nombre de difficultés. Ça ne se rétablit pas en une ou deux saisons. Avec Bruno Rolland, Franck Azéma et David Marty, nous avons décidé de prendre un risque supplémentaire en augmentant la masse salariale qui est passée de 6,5 millions à 8 millions en deux saisons. Nous avons décidé d’appuyer sur la pédale sur la masse salariale, sur le centre d’entraînement lancé par la ville, sur les travaux de rénovation d’Aimé-Giral. C’est un ballon qui doit se gonfler uniformément. Je pense que l’arrivée de Franck et le duo qu’il forme avec David Marty a permis de convaincre des joueurs de nous rejoindre. Le plus difficile dans un club, ce n’est pas de récupérer des joueurs mais de récupérer des bons joueurs et surtout des joueurs qui prennent du plaisir à être ensemble.

Cette hausse de la masse salariale permet aujourd’hui à l’équipe d’avoir une plus grande profondeur d’effectif…

C’est vrai. Les choses ne peuvent pas se faire en une journée. Nous devions progresser sur le chiffre d’affaires du partenariat. On va, cette année, finir avec un budget entre 21,5 et 22 millions. C’est exceptionnel pour l’Usap et je pense que d’ici trois ans, nous allons dépasser les 25 millions sans difficulté. Je ne voulais pas griller les étapes. Il fallait que ça se construise progressivement car on voit que ceux qui grillent les étapes sur le plan économique n’ont pas eu pour autant une réussite sportive immédiate. Il faut être patient mais je reconnais qu’avec un public passionné comme à Perpignan, ce n’est pas le plus facile à expliquer. Mais aujourd’hui, nous pouvons faire progresser notre masse salariale et ça sera encore le cas d’environ 500 000 euros la saison prochaine. Nous avons plus de moyens, donc une plus grande profondeur de banc et je constate aussi que nous avons moins de blessés. Il faut le reconnaître. Le rugby est un sport où les planètes doivent s’aligner. Maintenant, l’Usap est un club qui n’est pas endetté, qui n’a plus de procédures juridiques particulières en cours. C’est un club qui peut maintenant se concentrer à augmenter petit à petit ses moyens de vie mais il faut le faire avec modestie.

Est-ce votre plus belle saison de président ?

Je suis arrivé comme nouvel actionnaire en 2013-2014 et c’est la première fois que le club descendait en deuxième division. Il a fallu reconstruire. Ce n’était pas évident. Nous sommes dans un territoire qui n’a pas la puissance de Toulouse, Bordeaux, Lyon ou Paris. Il fallait donc prendre du temps. Après, il est certain que c’est la saison qui est la plus agréable. Depuis mon accident, je me remets petit à petit de mes blessures et la réussite de l’équipe est un excellent médicament. C’est agréable de voir un public catalan présent à Aimé-Giral qui prend du plaisir. Maintenant, j’insiste sur notre objectif qui est la dixième place. Soyons patients et prudents.

Sans parler de qualification pour la phase finale, anticipez-vous une potentielle huitième place synonyme de Champions Cup ?

C’est évident. Nous avions construit notre budget par rapport à une onzième place cette année. C’est l’objectif DNACG. Après, si nous finissons au-dessus, ce sera un petit apport budgétaire. Finir entre la sixième et la huitième place nous qualifierait pour la Champions Cup. Franck Azéma aime beaucoup cette compétition. En termes d’engouement, c’est aussi un point important. Mais il faut être très prudents sur ce sujet-là. De mon côté, je ne veux que la dixième place. Si on joue la Champions Cup, je serai le premier ravi mais gardons la tête froide.

Vous avez déjà évoqué votre départ de la présidence. Est-ce toujours d’actualité ?

Le club m’appartient au niveau du capital mais il ne faut pas oublier que le club appartient à tous les Perpignanais et à tous les Catalans. Je le pense vraiment. Après, j’ai vu lors de mon accident qu’il existe une vraie zone de fragilité pour un club quand il ne dépend que d’un seul actionnaire. On l’a déjà vu dans d’autres clubs quand ils ont perdu leur actionnaire principal. Imaginer une succession dans les cinq ans maximum me paraît important. Ça ne se fait pas en un jour. Je ne crois pas à la personne qui tombe du ciel et va mettre dix ou vingt millions pour acheter l’Usap. Premièrement, il faut que ce soit des personnes amoureuses de notre terroir perpignanais. Si elles ne sentent pas bien chez nous, il vaut mieux qu’elles passent leur chemin. Deuxièmement, il faut aimer le rugby et avoir la capacité à investir, comme je le fais chaque année, et avoir la capacité à y consacrer du temps. Ça demande beaucoup de temps et d’énergie. Avec Bruno Rolland, notre recherche actionnariale est lancée depuis quelques temps et nous avons des conversations avec des groupes importants.Cela pourrait se traduire par une participation minoritaire dans un premier temps. Il faut faire les choses prudemment et progressivement. Mais vous verrez peut-être arriver un ou deux actionnaires dans les prochains mois. Cela a déjà été le cas l’an dernier avec l’arrivée d’un partenaire minoritaire pour constituer l’actionnariat mais aussi la gouvernance avec des personnes de qualité qui connaissent le rugby. Être plusieurs à réfléchir est un atout et cela me permettrait de passer la main dans quelques années. Ça doit se faire sans drame. Il faut éviter la situation que le club de foot de Lyon a connue lors du départ de Jean-Michel Aulas. Je vais donc rester l’actionnaire majoritaire pour quelques saisons en préparant la suite de manière sereine.

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Les commentaires (2)
Marco665 Il y a 9 jours Le 23/04/2024 à 20:16

Discours clair et responsable. Le président progresse vite lui aussi. Ce n'était pas gagné au début...Il a su bien s'entourer et trouver sa vraie place . Mention spéciale à son éminence grise, le cardinal Rolland...
Et c'est long... 10 ans, en commençant par une catastrophe. J'avoue qu'il m'étonne . Il est moins impatient que je pensais, il construit, et sait déléguer. Du beau boulot. Qui finira par être récompensé.

LoupVert Il y a 10 jours Le 23/04/2024 à 08:44

"Un public passionné comme à Perpignan..."... Perso ce n'est pas cet adjectif que j'aurais employé pour qualifier le public de Perpignan...