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Champions Cup - Le feu d’artifice inachevé des Bordelais

  • Louis Bielle-Biarrey et les Bordelais n’ont pas réussi à stopper les Harlequins.
    Louis Bielle-Biarrey et les Bordelais n’ont pas réussi à stopper les Harlequins. Midi olympique - Patrick Derewiany
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Plombés par une entame de match ratée, les Bordelais ont finalement échoué sur la plus petite des marges. Un point qui change beaucoup de choses pour une équipe bordelaise toujours aussi inconstante.

Une dernière transformation réussie aurait tout changé. L’Union Bordeaux-Bègles serait en demi-finale de Champions Cup pour la deuxième fois de son histoire et toute la France du rugby saluerait la montée en puissance du club girondin, appelé à jouer dans la cour des grands. Il a donc manqué deux petits points pour dresser un magnifique tableau, saluant encore une fois le formidable potentiel offensif de cette équipe capable d’inscrire plus de quarante points à chaque match. On se serait aussi gargarisé de cette force de caractère pour revenir dans une rencontre très mal commencée, avec deux essais inscrits par les Harlequins en moins de dix minutes. On ne manquerait pas de rappeler qu’après un premier sursaut, cette équipe bordelaise comptait encore seize points de retard à la pause, et encore treize à vingt minutes du coup de sifflet final. On aurait alors loué un esprit de corps et un refus de la défaite qui font la force des grandes équipes au moment de gravir les dernières marches pour conquérir des titres. L’euphorie aurait été grande, pour ne pas dire démesurée, à l’image d’un match complètement fou venu confirmer que Chaban-Delmas était devenu le pas de tir des plus beaux feux d’artifice de la planète ovale. Mais voilà, il manque deux points et la gueule de bois est d’autant plus intense.

Les Bordelais ont perdu. En sport, le résultat n’a rien de romantique. Il est implacable et s’il est vrai qu’il faut savoir gagner moche, perdre beau n’est jamais sorti de la bouche d’un entraîneur ou d’un joueur. La défaite est d’une froideur immense, comme le rappelait Romain Buros : "Le verre est vide ce soir. Il ne peut pas être à moitié plein. Nous avons perdu, nous sommes éliminés. Point barre." Mais la défaite est aussi fourbe, elle s’immisce dans vos convictions car elle a forcément une raison d’exister et parfois plusieurs, alors que la victoire, même heureuse, peut se suffire à elle-même. Il n‘est alors pas question de prendre un dangereux raccourci : la transformation manquée de Maxime Lucu ne peut être une raison de l’élimination de l’UBB. "On a tous estimé que nous avions fait perdre notre équipe", poursuivait, lucide, l’arrière girondin. Cette défaite est celle d’une entame ratée, contraignant les Bordelais à se lancer dans une course-poursuite aussi effrénée qu’énergivore. C’est aussi celle d’une équipe en construction, portée par son enthousiasme offensif, mais qui manque de constance d’une semaine à l’autre, mais aussi pendant 80 minutes.

Les hommes de Yannick Bru avaient pourtant réussi l’exploit de passer devant au tableau d’affichage à treize minutes du coup de sifflet final, et pour la première fois de la partie. Dans un stade Chaban-Delmas en fusion, il ne faisait alors aucun doute que les Bordelais allaient porter l’estocade à des Anglais étourdis, après avoir encaissé deux essais en cinq minutes. L’histoire était en marche avant une énième bourde défensive, celle de trop pour le manager Yannick Bru : "On est repassé devant et puis on a fini avec une énorme erreur : cet essai encaissé sur une contre-attaque de 80 mètres et ça, c’est inadmissible dans un quart de finale européen." Un dernier essai anglais qui a renvoyé les Bordelais à leurs approximations du jour dans le secteur défensif, car si la défaite est cruelle quand vous parvenez à inscrire 41 points, elle est aussi humiliante quand vous en concédez 42, surtout à domicile.

Les Harlequins plus efficaces

Avec douze essais inscrits, six de chaque côté, un scénario haletant, ce match a bien sûr tenu toutes ses promesses en termes de spectacle et d’émotions. Le spectateur qui n’a pas l’Union au fond du cœur a passé un formidable moment. Il a été bien plus douloureux pour les supporters de l’UBB.

Ce match a pointé du doigt des errements défensifs, comme le notait désabusé Bastien Vergnes-Taillefer, conscient que son équipe n’avait pas réussi à remporter assez de séquences défensives : "Certes, nous avons marqué beaucoup de points mais nous en encaissons aussi beaucoup. C’est ce qui nous fait défaut dans une compétition d’un tel niveau. On ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes. On ne peut pas penser qu’à attaquer. Il faut aussi bien défendre et je pense que les Harlequins ont marqué des essais trop facilement, dès qu’ils sont venus dans notre zone de marque. Cela n’a pas été notre cas. Nous avons dû enchaîner les temps de jeu et pousser pour marquer. C’était plus facile pour les Harlequins, qui ont réussi à marquer des essais à zéro passe. À chaque fois, ça nous a remis la tête sous l’eau." Les Anglais ont fait preuve d’une plus grande efficacité (avec moins de possession, moins de défenseurs battus mais plus franchissements et plus de mètres gagnés), confirmant ainsi cette sensation de facilité pour inscrire des points.

L’Union Bordeaux-Bègles s’était déjà retrouvée emportée dans des scénarios fous cette saison. Elle avait réussi à l’emporter à Clermont et à Toulon, ou plus récemment face à Toulouse en Top 14. Elle avait cédé en Champions Cup, face aux Bulls en Afrique du Sud, ce qui vient certainement démontrer la différence de niveau entre les deux compétitions. "On voulait faire partie, au minimum, des quatre meilleures équipes européennes, poursuit le troisième ligne. Mais nous devons être objectifs : on voit que, sur ce match, il nous manque encore quelques trucs. Il va falloir travailler pour revenir l’année prochaine avec d’autres intentions."

Enfin, pour un coup de pied réussi, il aurait été nécessaire de saluer la victoire de tout un groupe, d’applaudir une profondeur d’effectif en mettant en exergue la passe magistrale d’Ugo Boniface sur l’essai de Nicolas Depoortere mais aussi le doublé du remplaçant Madosh Tambwe. La défaite est venue rappeler que l’Union Bordeaux-Bègles était privée de plusieurs joueurs majeurs, qu’il était encore bien difficile de faire sans Matthieu Jalibert pour cette équipe, que Jefferson Poirot aurait pu caler la mêlée, qu’il aurait été plus facile de revenir au score avec le fantasque Damian Penaud. Tous ces manques qui, pour un point, apparaissent au grand jour.

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Les commentaires (1)
TimboTalks Il y a 14 jours Le 15/04/2024 à 10:28

Ce match était vraiment un spectacle attrayant, dominé par l'attaque.
Il faut dire que Jarrod Evans a lui aussi raté une penalité (plus difficilie) en fin de match, les Harlequins auraient pu gagner meme si la transformation de Lucu était reussi.