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Champions Cup - Skelton, Dulin, Botia, Atonio, Kerr-Barlow : les cinq gardiens du temple

Par Vincent Bissonnet
  • Brice Dulin, arrière du Stade rochelais.
    Brice Dulin, arrière du Stade rochelais. Icon Sport
Publié le
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Pour écarter une quatrième fois de suite le Leinster, les Rochelais vont notamment miser sur leur expérience. Avec une moyenne d'âge avoisinant les 30 ans et des meneurs d'expérience dans chaque ligne, ils possèdent un vécu qui peut s'avérer déterminant.

Ronan O’Gara, encore recordman à ce jour du nombre de matchs dans la Coupe d’Europe (avec 109 rencontres, à égalité avec… Cian Healy), le sait mieux que quiconque : pour traverser l’épreuve du feu des phases finales de la compétition continentale, mieux vaut s’appuyer sur un solide socle d’expérience. On jurerait que le manager irlandais a constitué son effectif en conséquence.

La statistique est trop marquante pour être une coïncidence : au Cap, samedi dernier, onze des quinze titulaires avaient atteint la trentaine, Tolu Latu (31), Uini Atonio (34), Ultan Dillane (30), Will Skelton (31), Levani Botia (35), Tawera Kerr-Barlow (33), Dillyn Leyds (31), Jonathan Danty (31), UJ Seuteni (30), Jack Nowell (31), Brice Dulin (34). Pour 30,1 de moyenne d’âge au sein du XV de départ. À titre de comparaison, Toulouse et Bordeaux-Bègles en comptaient cinq.

Eux et Alldritt, ça fait 100 %

Chacune des lignes maritimes peut compter sur un gardien du temple, officieux mais reconnu par tous, parmi tous ses fiers et fringants trentenaires : Uini Atonio, Will Skelton et Levani Botia devant, Tawera Kerr-Barlow et Brice Dulin derrière, occupent une place prépondérante, sportivement et humainement parlant. Le huitième de finale en a apporté une énième preuve. Aux Stormers, le Wallaby a sonné la rébellion par ses charges au cœur de la défense, le Fidjien a récupéré – excusez du peu – trois ballons au sol et le All Black a été avisé dans sa conduite du jeu. Préservé ou encore convalescent face à Oyonnax, le trio est revenu au meilleur des moments pour permettre au double tenant du titre de prétendre encore à sa succession.

Il y a des signes et des stats qui ne trompent pas : parmi toutes, notons que, cette saison, La Rochelle a gagné chacune des rencontres qu’elle a disputées avec ses cinq tauliers et Grégory Alldritt (5/5). Si le Stade rochelais n’a pas – encore, tout du moins – retrouvé sa maîtrise et sa sérénité des années passées, leur présence sur le terrain, samedi, amène autant de certitude dans ses rangs que de doutes dans celui d’en face. Les Leinstermen sont mieux placés que tout autre rival pour en témoigner.

  • Des super-pouvoirs si précieux

Ces cinq cadres supérieurs possèdent ce que les techniciens appellent communément «un super pouvoir» : un point très fort, à même de changer le cours d’un match et de les démarquer du commun des rugbymen. Pour Uini Atonio, il s’agit évidemment de la mêlée, secteur dans lequel il est très rarement chahuté : «Je voulais être le plus fort en mêlée. Et quand je dis «le plus fort», je voulais être le plus fort au monde», nous avait-il confié cet hiver. Mission accomplie.

Uini Atonio, pilier droit du Stade rochelais.
Uini Atonio, pilier droit du Stade rochelais. Icon Sport

L’impact de Will Skelton, numéro 5 à la dimension unique, est tout aussi crucial : «On ne peut pas sous-estimer ce que Will peut faire pour l’équipe. Il y a peu de joueurs comme lui dans le monde», l’avait présenté «ROG» la saison passée. Idem pour Levani Botia, présenté comme «un des meilleurs troisième ligne du monde» avec une spécialisation sur le jeu au sol. Dans leur sillage, Tawera Kerr-Barlow, «Le deuxième meilleur numéro 9 du monde derrière Dupont», dixit, là aussi O’Gara, est un stratège comme il en existe peu. Enfin, Brice Dulin, fort d’une lecture du jeu et d’un pied gauche à la précision diabolique, est dans le système maritime un numéro 15 idoine, comme nous l’avait présenté Rémi Tales : «Sur la maîtrise du poste d’arrière, et par rapport à ce que La Rochelle attend sur l’occupation et la pression, c’est un des meilleurs au monde.»

  • Un esprit de compétiteur intact

Les vétérans rochelais comptent quelques-uns des plus beaux palmarès de rugby de clubs : Will Skelton a gagné le Super Rugby, deux Premiership, trois Coupes d’Europe et Brice Dulin, l’homme aux 10 finales, a soulevé deux Brennus et autant de Champions Cup. Les autres ne sont pas en reste. Ils ne sont surtout pas rassasiés : «Ça fait quatre ans que je suis au club et je peux vous garantir que ces gars ont toujours autant faim», nous confiait récemment l'arrière. Levani Botia et Will Skelton ne nous disaient pas autre chose : «Je suis fier de ce que j’ai fait mais je veux surtout penser à tout ce qu’il me reste à accomplir», se projetait le Fidjien. Et l’Australien d’ajouter : «On n’est pas dans l’optique de se congratuler. Dans dix ans, ce sera le moment de se retourner et de se dire : «Ouah, c’était énorme la finale à Dublin.» Mais là, on ne pense qu’au prochain défi.»

Will Skelton, deuxième ligne du Stade rochelais.
Will Skelton, deuxième ligne du Stade rochelais. Icon Sport

Brice Dulin, qui avait de quoi être frustré après l’été dernier, était dans cet état d’esprit dès l’automne : «Il y a un beau défi à relever en club : maintenir La Rochelle le plus haut possible.» Et forger cette dynastie voulue par Ronan O’Gara. D’ailleurs, siBrice Dulin a d’ores et déjà acté la fin de sa carrière pour l’été 2025, Uini Atonio et Levani Botia ont rempilé jusqu’en 2027 et 2026 tandis que les discussions sont ouvertes au sujet de WillSkelton et Tawera Kerr-Barlow, à qui il reste 16 mois de contrat.

  • Des corps qui défient le temps

Durer au fil des années est une chose. Rester compétitif en est une autre. En termes de longévité, les cinq trentenaires se posent en exemple à suivre. À commencer par Levani Botia, qui a su se reconvertir et se renouveler pour demeurer au top. Malgré l’usure, les blessures et les sacrifices hebdomadaires : «Mon secret ? Je prends juste soin de mon corps, évoquait-il la saison passée. Je le rends heureux en faisant attention à ce que je mange, à ce que je bois. Je ne me dis pas que je commence à être vieux.» Le Fidjien et ses acolytes défient les lois du temps.

Levani Botia, troisième ligne ou centre du Stade rochelais.
Levani Botia, troisième ligne ou centre du Stade rochelais. Icon Sport - Nic Bothma

À l’exception de Will Skelton, embêté par un mollet cet hiver et limité pour l’heure à 14 apparitions, tous ont déjà dépassé la barre des vingt matchs cette saison : 21 pour Dulin, 22 pour Kerr-Barlow, 23 pour Botia, 24 pour Atonio. «C’est ce pourquoi j’adore évoluer en Europe : vous pouvez jouer beaucoup, nous expliquait dernièrement Will Skelton. J’adore les longues saisons. S’entraîner est dur mais c’est génial d’avoir un match chaque week-end.» Pour des joueurs à l’hygiène de vie et à la rigueur suffisantes, c’est une chance, effectivement.

  • Des assurances tous risques

Au-delà de leurs qualités intrinsèques, Uini Atonio, Will Skelton, Levani Botia, Tawera Kerr-Barlow et Brice Dulin sont précieux pour Ronan O’Gara de par leur constance et leur capacité à assurer un niveau de performance minimal. Qui se souvient avoir vu Uini Atonio être complètement dominé dans l’épreuve de force et reculer à l’impact ? A-t-on déjà vu Will Skelton et Levani Botia, grands amateurs de défi physique, rechigner à la tâche et au sacrifice dans les travaux de l’ombre ?

Tawera Kerr-Barlow, demi de mêlée du Stade rochelais.
Tawera Kerr-Barlow, demi de mêlée du Stade rochelais. Icon Sport - Eddy Lemaistre

À un poste ô combien déterminant pour la performance collective, Tawera Kerr-Barlow fait quant à lui preuve d’une lucidité rarement démentie et, lorsque cela arrive, il a généralement l’intelligence situationnelle pour rectifier le tir en cours de partie ; enfin, même quand Brice Dulin ne paraît pas dans un grand jour balle en main, ses qualités dans le jeu aérien et la longueur de son pied gauche sont des valeurs refuge inestimables. Lorsque ces cinq-là sont alignés en même temps sur la pelouse, le staff rochelais peut être un peu plus serein au coup d’envoi.

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