L'édito du vendredi : l’arbitrage, sujet prioritaire
Il faut bien apprécier la valeur de la prise parole qui vous est proposée ici, en long format. Elle est rare et prestigieuse. Encore plus dans un contexte où l’arbitrage fut le grand sujet du Mondial 2023. Cette parole, Joël Jutge ne la prend que pour livrer un argumentaire, jamais pour alimenter les discussions de comptoir et toujours dans un timing choisi : celui de la construction, pas de la polémique.
Après la promesse qu’il nous a rapidement faite d’un débriefing médiatique et en profondeur de la dernière Coupe du monde, le patron mondial des arbitres s’est donc donné le temps de la décantation et de l’analyse à froid. Avant de revenir vers nous, les idées au clair, dans un contexte plus apaisé.
Il tend ici à cet exercice : livrer sa transparence et dans son sillage, celle des arbitres de la planète rugby, cibles privilégiées lors de la dernière Coupe du monde. Ont-ils tout bien fait ? Non, et Jutge l’assume. Méritaient-ils une telle stigmatisation, celle dont on afflige les responsables de tous nos maux ? Non plus. On le suit sur ce terrain.
Jutge livre son analyse, sa vérité sur l’arbitrage. Elle conviendra, ou pas ; elle suffira, ou pas. Chacun se fera son idée avec, on l’espère, deux mois de recul qui auront pansé la meurtrissure de ce maudit quart de finale, pour laisser la place à plus de mesure.
Plus important : il faudra que sa prise de parole, forte, ne reste pas sans suite. Qu’elle débouche sur des actes et des évolutions. Le sujet est vaste, complexe mais incontournable. S’il veut effectivement s’ouvrir à d’autres publics et s’éviter d’interminables polémiques mal documentées, le rugby gagnera d’abord à simplifier ses règles, pour les rendre lisibles et accessibles au plus grand nombre.
Prenez la vidéo : pas à pas, elle est passée d’un outil de simplification de la prise de décision à une arme de destruction massive, un ogre qui dévore les matchs, leur rythme et leur spectacle. Faut-il revenir en arrière, et contraindre l’outil "TMO" aux seules zones de marque ? On le croit fortement, pour redonner du sens à la conduite des matchs. Ils sont nombreux à le penser, à commencer par la grande majorité des sélectionneurs mondiaux. Gatland ou Foster l’ont déjà exprimé publiquement. Il serait bon de les écouter.
Les sujets qui occupent l’arbitrage ne s’en tiennent pas là. Il faudra vite légiférer sur le comportement des joueurs, devenus contestataires souvent insupportables sur tous les terrains du monde. Au rugby, seul le capitaine s’adresse à l’arbitre et dans une courtoisie de bonne éducation. Les autres se taisent. Un principe cardinal qui s’inscrit dans un code de vertus. Si cela ne suffit pas, il faudra vite l’inscrire dans un code de lois.
L’arbitrage souffre aussi de ses statuts. Si l’on veut bien entendre que le semi-professionnalisme fut un temps la règle, pour laisser le temps et la tête à d’autres activités moins sujettes à pression, il ne colle désormais plus aux réalités de ce sport. Les enjeux qui l’entourent et la complexité de ses règles réclament des référés absolument dévolus à leur tâche. Ceci afin d’éviter aussi l’exode des talents qu’a récemment connu le rugby français, avec des arbitres "têtes d’affiche" qui rendent leur sifflet pour basculer dans les staffs des clubs.
Sans rentrer dans la précision de tous ces sujets annexes, Joël Jutge a donc ouvert toutes ces portes. Des chantiers nombreux qu’il faut désormais prendre à bras-le-corps, et vite. C’est un défi de modernité qui se pose au rugby. Il y a urgence.
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