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Coupe du monde de rugby 2023 - "En Roumanie, le rugby essaie de survivre"

  • Que ce soit à Bucarest, à Petrosani, au centre du pays, ou à Gura Humorului, aux confins de la Moldavie et de la Bulgarie, le championnat de première division roumaine peine à exister, entre infrastructures désuètes, terrains champêtres et manque de sponsors. Une situation qui désole le centre international Taylor Gontineac, qui porte les couleurs de Rouen (Pro D2), et qui l’inquiète pour l’avenir du rugby en Roumanie.
    Que ce soit à Bucarest, à Petrosani, au centre du pays, ou à Gura Humorului, aux confins de la Moldavie et de la Bulgarie, le championnat de première division roumaine peine à exister, entre infrastructures désuètes, terrains champêtres et manque de sponsors. Une situation qui désole le centre international Taylor Gontineac, qui porte les couleurs de Rouen (Pro D2), et qui l’inquiète pour l’avenir du rugby en Roumanie. Photos Daniel Nechita et FRR - Marian-Valentin Burlacu
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En pleine Coupe du monde, les Roumains se prennent en pleine face une réalité : le rugby va mal dans leur pays. Un constat glaçant qui se matérialise par un manque de résultats. Les joueurs demandent à être davantage soutenus.

Rappelez-vous de la grande Roumanie. Celle qui était capable de battre la France, le pays de Galles, l’Écosse et qui était même encline à rivaliser avec les All Blacks, excusez du peu ! Du début des années 1960 jusqu’aux années 80, la Roumanie touchait son âge d’or dans le rugby. Une époque qui semble si loin désormais… Aujourd’hui, qui pourrait imaginer les Chênes battre les meilleures nations mondiales, alors qu’ils participent actuellement à la Coupe du monde 2023 ? "Le rugby en Roumanie, c’est compliqué, pose le deuxième ligne Adrian Motoc, le ton grave. Tout le monde vit avec le rugby d’avant mais ce n’est plus le même sport. J’ai l’impression que, vu que nous étions bons en sport avant, les jeunes en Roumanie pensent qu’il faut que l’on progresse. Mais comme il n’y a plus d’investissement et plus personne qui fait du sport, c’est difficile…"

Un manque d’infrastructure clair

L’actuel joueur de Biarritz fait partie des quelques éléments roumains à évoluer en France. Il souffre de voir son pays ne pas suivre la cadence du niveau international. Pour lui, le problème est bien plus grave et profond qu’il n’y paraît : "Même à l’école, les jeunes ne font pas de sport ! Il y a une heure par semaine dédiée à cela mais la moitié de la classe se débrouille pour ne pas la faire. Le rugby, pas grand monde ne connaît et c’est dur, ça fait mal. Ça ne donne pas envie aux parents d’y envoyer les petits. C’est parce qu’ils ne connaissent pas : ce n’est pas qu’un sport, c’est un style de vie, toute une éducation. Pendant la Coupe du monde, tous les Roumains commencent à regarder le rugby mais ils ne comprennent rien et voient simplement que nous prenons des branlées."

Que ce soit à Bucarest, à Petrosani, au centre du pays, ou à Gura Humorului, aux confins de la Moldavie et de la Bulgarie, le championnat de première division roumaine peine à exister, entre infrastructures désuètes, terrains champêtres et manque de sponsors. Une situation qui désole le centre international Taylor Gontineac, qui porte les couleurs de Rouen (Pro D2), et qui l’inquiète pour l’avenir du rugby en Roumanie.
Que ce soit à Bucarest, à Petrosani, au centre du pays, ou à Gura Humorului, aux confins de la Moldavie et de la Bulgarie, le championnat de première division roumaine peine à exister, entre infrastructures désuètes, terrains champêtres et manque de sponsors. Une situation qui désole le centre international Taylor Gontineac, qui porte les couleurs de Rouen (Pro D2), et qui l’inquiète pour l’avenir du rugby en Roumanie. Photos Daniel Nechita et FRR - Marian-Valentin Burlacu

Lors de son entrée en lice face à l’Irlande, première nation mondiale, la Roumanie s’est en effet faite balayer. Malgré une belle première demi-heure, les gars de l’Est ont craqué physiquement pour finalement encaisser quatre-vingt-deux points de la part d’un XV du Trèfle fort de la présence de la quasi-totalité de ses cadres. Une performance vivement critiquée après la rencontre par les journalistes du pays, dont les questions en conférence de presse ont été tout sauf tendres. "Je ne veux pas être contre eux mais quand nous répondons à des interviews en Roumanie, nous voyons qu’ils n’y comprennent rien, souffle Motoc. Il y a déjà peu de personnes qui regardent le rugby et quand les journalistes en parlent, c’est juste pour dire de mauvais trucs." Pourtant, cette rencontre face à l’Irlande a été le théâtre de belles choses en première période. Bons dans le jeu au pied, les hommes des Carpates ont parfois fait reculer l’arrière-garde irlandaise.

Mieux, ce sont eux qui ont ouvert le score dans ce match, avec un essai de Rupanu, idéalement servi par Vaovasa. "Je me rappelle très bien", sourit Taylor Gontineac, qui se trouvait être sur le banc à ce moment-là. "Nous sortions de l’hymne et nous nous asseyions en se disant que nous avions tous hâte de rentrer. Certains avaient pas mal d’émotions parce que le stade était plein et qu’il y avait eu les hymnes. Il y a un échange de jeux au pied sur la stratégie que nous avions mise en place et d’un coup, nous marquons. Nous ne savions pas trop quoi dire, nous n’étions pas prêts pour ce scénario. Mais c’était un très bon sentiment."

Que ce soit à Bucarest, à Petrosani, au centre du pays, ou à Gura Humorului, aux confins de la Moldavie et de la Bulgarie, le championnat de première division roumaine peine à exister, entre infrastructures désuètes, terrains champêtres et manque de sponsors. Une situation qui désole le centre international Taylor Gontineac, qui porte les couleurs de Rouen (Pro D2), et qui l’inquiète pour l’avenir du rugby en Roumanie.
Que ce soit à Bucarest, à Petrosani, au centre du pays, ou à Gura Humorului, aux confins de la Moldavie et de la Bulgarie, le championnat de première division roumaine peine à exister, entre infrastructures désuètes, terrains champêtres et manque de sponsors. Une situation qui désole le centre international Taylor Gontineac, qui porte les couleurs de Rouen (Pro D2), et qui l’inquiète pour l’avenir du rugby en Roumanie. Photos Daniel Nechita et FRR - Marian-Valentin Burlacu

Le centre est lui aussi un des joueurs censés tirer le groupe vers le haut. Évoluant à Rouen, le fils de l’iconique Roméo Gontineac a joué de nombreux matchs de haut niveau malgré son jeune âge, ce qui n’est pas le cas de la majorité de ses coéquipiers. Beaucoup évoluent à Bucarest, au sein d’un championnat qui ne cesse de régresser. "Je ne sais pas si nous apportons de l’expérience mais nous comprenons peut-être mieux le jeu, ce que veulent les coachs et ce que renvoient les adversaires, reconnaît Gontineac. Adrian (Motoc, N.D.L.R.) et moi avons fait beaucoup de centres de formation. Quand je vois les infrastructures à Clermont et même Aurillac, c’est bien mieux que tout ce qu’il y a en Roumanie." Et ce dernier de lancer un véritable cri du cœur : "Nous sommes dans un cercle vicieux car nous n’avons pas d’investissement donc pas de résultats. Mais sans résultats, personne ne veut investir ! Nous sommes piégés. Même dans "notre Marcoussis", à Bucarest, nous ne pouvions pas avoir les terrains que l’on voulait car le ministère préférait les donner au football. Il y a plein de problèmes comme cela qui doivent être résolus rapidement, sinon j’ai peur que le rugby roumain ne s’en remette pas. C’est triste à dire mais nous sommes sur une pente descendante. Pendant quatre ans, nous avons travaillé avec Andy Robinson et là, au dernier moment, nous avons changé de staff. Je suis content du nouveau mais nous, nous n’arrivons pas à nous adapter aussi facilement."

"Le rugby mondial progresse. Nous, nous régressons"

En entendant cela, Adrian Motoc acquiesce : "Avant, nous jouions à l’Arcul de Triumf, qui est le stade de la Fédération. Pour l’Euro 2020 de football, ils ont refait le stade en disant qu’après, ça allait revenir au rugby. Finalement, le foot l’a gardé. Maintenant, nous nous entraînons derrière, dans un stade qui fait cinquante mètres… En Roumanie, le rugby est un sport qui essaie de survivre. Nous ne comptons que sur des bons résultats et notre disqualification pour la Coupe du monde 2019 (pour avoir aligné un joueur non-éligible) nous a fait très mal. Nous n’avons pas vraiment de direction, ni de soutien. Comme nous n’avons pas de résultats ces derniers temps, c’est très dur." Conscient de l’immense difficulté qu’a sa nation pour rester professionnelle dans le milieu du ballon ovale, le deuxième ligne est alors un de ceux qui s’investissent pleinement, parfois en prenant même un rôle d’entraîneur. Capitaine de touche, il tente de faire progresser ses coéquipiers dans ce domaine qu’il sait encore trop fragile. Dans le staff, justement, nous retrouvons pour cette Coupe du monde Vern Cotter.

Que ce soit à Bucarest, à Petrosani, au centre du pays, ou à Gura Humorului, aux confins de la Moldavie et de la Bulgarie, le championnat de première division roumaine peine à exister, entre infrastructures désuètes, terrains champêtres et manque de sponsors. Une situation qui désole le centre international Taylor Gontineac, qui porte les couleurs de Rouen (Pro D2), et qui l’inquiète pour l’avenir du rugby en Roumanie.
Que ce soit à Bucarest, à Petrosani, au centre du pays, ou à Gura Humorului, aux confins de la Moldavie et de la Bulgarie, le championnat de première division roumaine peine à exister, entre infrastructures désuètes, terrains champêtres et manque de sponsors. Une situation qui désole le centre international Taylor Gontineac, qui porte les couleurs de Rouen (Pro D2), et qui l’inquiète pour l’avenir du rugby en Roumanie. Photos Daniel Nechita et FRR - Marian-Valentin Burlacu

L’ancien manager de Clermont et Montpellier, également sélectionneur de l’Ecosse et des Fidji est venu donner un coup de main en tant que consultant. C’est bien lui qui semble avoir la main sur les entraînements. Lui aussi tente de faire évoluer le jeu roumain mais s’aperçoit de l’immense chantier à réaliser. "C’est un mec qui essaie de nous redonner le plaisir de jouer, de se battre, d’être sur le terrain et de jouer contre les grosses équipes en ayant de l’ambition", confie Motoc. Taylor Gontineac voit aussi la présence de Cotter d’un très bon œil, même si ce dernier quittera la sélection dès la fin de la compétition : "Cotter, c’est un Brennus et quatre finales avec Clermont… D’accord, il n’est que consultant mais quand tu as un mec comme lui dans le staff, tu l’utilises au maximum. Nous, joueurs, sentons qu’il y a déjà une différence sur les entraînements. Pour les matchs, cela va venir. Quand il y a un tel mec, tu veux juste le suivre. Qu’il reparte après la compétition, c’est frustrant. Mais j’espère que le staff va apprendre au maximum de lui pour pouvoir nous guider sur les quatre prochaines années. Il faut absolument se qualifier en 2027."

Alors que la Roumanie a encore subi une déculottée face à l’Afrique du Sud dimanche (76-0) et qu’elle se trouve au sein d’une poule très relevée, l’objectif reste d’apprendre pour progresser sur le long terme. Encore faudrait-il qu’il y ait un projet à long terme. Gontineac conclut : "En 2017, la Roumanie était championne d’Europe (vainqueur du Tournoi B des 6 Nations). En 2023, tu finis quatrième car l’Espagne a perdu des points sur tapis vert. Il faut que nous ayons des aides de l’État, que nous soyons reconnus, qu’il y ait de la publicité dans le pays. Le rugby mondial investit à 100 % et donc progresse. Nous, nous régressons. Nous avons besoin d’argent, d’un championnat, de stabilité au niveau du staff." Le message est passé.

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Les commentaires (1)
Nico6469 Il y a 7 mois Le 20/09/2023 à 15:00

Et ne comptons pas sur les Anglo-saxons pour les aider..... Il y avait une équipe des «  Saracens » de Bucarest, supposément aidès et formés par les Saracens de Londres.... Qui sont tombés en deuxième division anglaise pour non-respect des cadres financiers.... Misère , depuis plus personne ne s'interresse au rugby roumain !!!! Il serait temps que World Rugby investisse dans le rugby en Roumanie , mais avec de tels épiciers à la tête du rugby mondial , j'ai peu d'espoirs......