Pro D2 - L'édito du lundi : question de légitimité

Par Emmanuel Massicard
  • Oyonnax et Vannes s'affronteront en demi-finale de Pro D2 ce samedi 20 mai.
    Oyonnax et Vannes s'affronteront en demi-finale de Pro D2 ce samedi 20 mai. Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
Partager :

Nous y sommes et, très franchement, c’est le moment d’en profiter. Les amateurs ont ouvert le bal des phases finales qui sont les plus beaux joyaux de la couronne du rugby français ; peut-être même sa potion magique ou ce supplément d’âme qui transcende les collectifs. Depuis ce week-end, la Pro D2 a elle aussi changé de braquet en abordant son sprint final vers la montée et, tout au bout du marathon, le titre. Dans quinze jours, ce sera ensuite au Top 14 de dénouer ses derniers contours d’incertitudes en nous livrant le nom du sixième de ses qualifiés pour les barrages, et celui du septième de ses européens.

Pour l’heure, place à la Pro D2 avec des demi-finales qui ne manquent pas de piment et de gros bras. Oyonnax et Grenoble auront l’avantage de recevoir, respectivement Vannes – qui vient de déjouer les pronostics en s’imposant à Nevers – et le Stade montois – qui n’a pas véritablement tremblé contre Agen, malgré sa réaction d’orgueil.

Ce dernier duel, entre historiques, nous a ramenés quelques années en arrière mais il ne sentait pas pour autant la naphtaline. Il nous dit surtout combien ces bastions ont su se remettre en question et même s’inventer un présent, au cœur d’un rugby pro français qui fait la part belle aux gros budgets.

La Pro D2 n’échappe pas au phénomène et à la mal nommée « course à l’armement » – difficile de comparer des joueurs à des fusils d’assaut… La moitié de ses engagés dépassait cette saison les 10 millions d’euros de budget déclarés à la LNR ; Grenoble et Agen menant la danse avec plus de 13 millions ; Oyonnax suivant, comme Nevers et Vannes. Seule incongruité financière mais pas vraiment une surprise sportive, Mont-de-Marsan est quasiment deux fois moins fortuné que son prochain adversaire isérois.

C’est ici, encore une fois, la preuve que l’argent ne fait pas tout du succès, même s’il le rend souvent plus facile. Et c’est ici, toujours, la confirmation qu’il faut se méfier des pronostics taillés à la serpe par des stratèges plus doués sur tableur « Excel » que sur un terrain de rugby. À tous ceux qui nous prédisent depuis des années la mort du petit cheval avec la fin du rugby des champs, celui des Landes vient nous rappeler qu’il faudra encore compter avec cette flamme magnifique. Avec ces modèles anachroniques dès lors qu’ils sont comparés avec la puissance de feu développée à l’étage supérieur, mais si vraisemblables et cohérents ramenés à l’échelle de l’antichambre…

Ces mondes n’ont rien de commun, c’est évident. Mais sont-ils devenus incompatibles ? Permettez-nous de ne pas le croire, malgré les fossés qui se creusent. Et, au contraire, laissez-nous défendre mordicus l’idée que le mélange des genres, l’ouverture loin des ligues restreintes et fermées forgent cette dynamique incroyable. Parce que notre élite ne s’endort jamais. Parce qu’elle respire de mille modèles. Parce qu’elle vibre du cœur de ses supporters et de ses phases finales qui portent une dramaturgie sans égal.

C’est ici notre richesse. Et l’on se dit alors que Grenoble, Oyonnax, Vannes ou Mont-de-Marsan doivent profiter de ces moments uniques. Égoïstes pour penser suffisamment à eux, mais assez généreux pour partager ce qu’ils ont de plus beau à offrir. C’est ainsi qu’ils seront grands, légitimes et indiscutables dans leur quête du Graal.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?