De "bonne équipe" à "grande équipe" : les Bleus toujours en apprentissage

  • Charles Ollivon XV de France
    Charles Ollivon XV de France
  • Tournoi des 6 Nations - Équipe de France
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Publié le Mis à jour
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XV DE FRANCE - Séduisants et dominants pendant une mi-temps, les Bleus ont fini par céder sous les assauts anglais et concéder une courte défaite (23-20) qui les prive de Grand Chelem. Si l'espoir de remporter le Tournoi persiste, ce XV de France affiche toujours autant de promesses. Mais aussi quelques limites.

Penser que le XV de France écraserait l'Angleterre pendant 80 minutes, à Twickenham, tenait de l'utopie. Évidemment, ça n'a pas eu lieu. D'autant que le XV de la rose, moribond depuis le début du Tournoi et plombé par le manque de rythme de tous ses joueurs cadres issus des Saracens, a sorti samedi dernier un vrai grand match de rugby.

"Sans aucun doute, le meilleur match de l'Angleterre depuis la Coupe du monde au Japon" applaudissait dans les colonnes du Telegraph la légende Sir Ian McGeechan, quatre fois sélectionneur des Lions britanniques et irlandais. "Notre objectif est toujours d'être la meilleure équipe au monde et cette rencontre va nous redonner confiance. Nous pouvons toujours rivaliser avec les meilleures équipes actuelles. La France est incroyable en ce moment, le défi était immense. Et nous l'avons relevé" se félicitait encore Billy Vunipola, après la rencontre.

Les Bleus, c'est un fait, font de nouveau peur à la planète rugby. Leur potentiel offensif, notamment, impressionne ses adversaires et inspire la crainte. Pourtant, à Twickenham, le XV de France a laissé s'envoler ses rêves de Grand Chelem après une année 2020 sur la même tonalité : enthousiasmante mais finalement conclue sans aucun titre. L'Angleterre, sans toujours convaincre, s'était quant à elle adjugé deux titres (Tournoi des 6 nations et Coupe d'automne des nations). Alors, que manque-t-il à ces Bleus pour s'installer durablement dans le camp des gagnants ?

Déficit de gestion

En Angleterre, les Français ont craqué dans les 20 dernières minutes, se mettant à reculer aux impacts jusqu'à rompre, sur l'essai inscrit par Maro Itoje à quatre minutes du terme. En Irlande, un mois plus tôt, les Bleus s'étaient déjà fait peur, en fin de match, dans une rencontre qu'ils semblaient pourtant dominer, face à un adversaire qui leur était inférieur.

Si séduisant quand il joue relâché, le XV de France commet encore de trop nombreuses fautes de gestion quand le scénario du match se tend, à l'approche de la décision finale. "À partir de la 55e minute, on a perdu le fil de la rencontre. Toutes les situations que nous avons eues à gérer à partir de là, que ce soit sur des sorties de camp, de l’occupation ou balle en mains, on les a toutes mal négociées. On a permis aux Anglais de nous mettre sous pression" reconnaissait Laurent Labit, lundi dans les colonnes de Midi Olympique.

Son ouvreur Matthieu Jalibert reconnaissait également ce déficit. "En deuxième mi-temps, on perd un ballon en touche, on ne trouve pas une pénaltouche, on se fait contrer après avoir récupéré un ballon et on se retrouve dans notre camp… Nous aurions dû mieux gérer ces situations pour tuer le match. On ne l’a pas fait, on s’est précipités et on a sûrement manqué de patience." L'ouvreur bordelais touche ici ce qu'il manque encore à ce XV de France pour passer du rang de "bonne équipe" à celui de "grande équipe" : la lucidité, le calme et la patience.

Tournoi des 6 Nations - Équipe de France
Tournoi des 6 Nations - Équipe de France

C'est le revers de la médaille bleue : fraîche, jeune, décomplexée, cette équipe manque encore d'expérience quand il s'agit de gérer les moments les plus chauds, quand va se décider le sort d'un match jusque-là serré. "Quand on arrive au niveau international, on est surpris de tout : ça va vite, on hésite" dit encore Jalibert. C'est aussi vrai pour une majorité de ses coéquipiers. "Aujourd’hui, j’ai le sentiment de mieux contrôler les choses mais cela vient avec la confiance et le temps de jeu."

Il faudra encore du temps, en somme. Et donc de la patience à leurs supporters. Un temps d'apprentissage et un temps de jeu en commun que ces "gamins" devront encore accumuler pour basculer dans le camp des "grands". Attention toutefois à ne pas trop tarder : dans un rugby professionnel où tout va vite, le XV de France arrive bientôt à mi-course de son apprentissage sur le chemin de 2023, avec des deux quatre Tournois des VI nations qui seront joués.

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