Charles Ollivon, le retour en grade

  • XV de France - Charles Ollivon, capitaine des Bleus pour affronter le Japon.
    XV de France - Charles Ollivon, capitaine des Bleus pour affronter le Japon.
  • Charles Ollivon contre l'Afrique du Sud
    Charles Ollivon contre l'Afrique du Sud
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XV DE FRANCE - Dimanche, les Bleus affronteront les Nippons avec l’ambition de boucler leur tournée invaincus. Dans cette quête, ils seront privés d’Antoine Dupont mais pourront compter sur un Charles Ollivon retrouvé.

L’histoire était cousue d’un fil blanc doré : cinq jours après son 26e anniversaire, au cœur de la Ville rose qui l’a vu s’élever de grand espoir à meilleur joueur du monde et à quelques heures de sa possible deuxième consécration comme tel par World Rugby, Antoine Dupont allait mener les troupes tricolores pour le feu d’artifice final d’une tournée triomphale, ce dimanche. L’exclusion du demi de mêlée face à l’Afrique du Sud a changé le cours des événements. L’intéressé en soufflait de dépit, samedi dernier : "Je me pénalise tout seul parce que je vais sûrement manquer ce dernier match à Toulouse, qui était important pour moi." Inhabituellement cruel avec Antoine Dupont, le destin se montre, pour une fois, clément avec Charles Ollivon : le troisième ligne foulera la pelouse du Stadium avec le statut de capitaine du XV de France, ce dimanche. S’il ne saurait être une fin en soi, l’honneur du jour survient au moment opportun pour le Toulonnais. Comme une officieuse récompense pour son retour en grâce.

En 160 minutes, Charles Ollivon a assuré et rassuré tout son monde depuis quinze jours. Ses statistiques de novembre parlent pour lui : 54 mètres gagnés balle en main, 20/21 aux plaquages, trois ballons volés en touche, un gratté au sol… Au-delà des chiffres émane du Basque d’origine une impression de force tranquille. "Je ne suis pas surpris par ce qu’il a montré, réagit Jacques Delmas, présent dans les travées du Vélodrome. Enfin, si un peu quand même, en fait." Et son ancien entraîneur à Toulon de s’expliquer : "On connaît bien ses qualités de joueur de liaison entre avants et trois-quarts ou ses talents dans les airs. Là où il m’a étonné, c’est dans sa capacité à répondre à la férocité des Sud-Africains." Ollivon le coureur, l’aérien, a rivalisé avec les plus costauds de ses alter ego : "Il m’a même fait penser à Pieter-Steph Du Toit dans l’impact. En tout cas, sa performance dans le défi physique est un gros point à son capital confiance et à son capital joueur."

Charles Ollivon contre l'Afrique du Sud
Charles Ollivon contre l'Afrique du Sud

"Il me rappelle Thierry Dusautoir"

Un point qui compte double au regard du passé récent : il n’avait plus participé à une échéance majeure en sélection depuis mars 2021, le capitanat a entretemps été confié à un autre et il a encore dû se relever d’une sérieuse blessure. "Pour un mec qui revient en bleu, qui a eu ses graves soucis à l’omoplate puis à un genou, c’est remarquable, apprécie l’entraîneur des avants de Provence Rugby. On se dit que tout ce qui lui est arrivé l’a rendu encore plus fort.Il a vécu des choses peu communes pour un joueur avec la réflexion qu’il a eu de savoir s’il devait arrêter ou non à un moment, poursuit Imanol Harinordoquy. Il a conscience de la chance qu’il a et a d’autant plus à cœur de saisir les opportunités."

La renaissance automnale de Charles Ollivon n’est que la dernière d’une longue liste. Après chaque chute et à chaque tournant sur son parcours, le phénix de Saint-Pée-sur-Nivelle a su forcer son destin. Et répondu par l’affirmative à toutes les interrogations l’ayant entouré. Allait-il être en mesure de s’imposer dans la galaxie toulonnaise après son départ précipité de Bayonne, à l’été 2015 ? Allait-il renouer le fil de sa carrière après sa fracture d’une omoplate, en avril 2017, ayant occasionné près de deux ans d’absence ? Allait-il récupérer l’étendue de ses facultés après sa rupture des ligaments croisés du genou gauche, au printemps 2021 ? Oui, oui et encore oui. "À chaque fois, il a pris le temps de bien se soigner et n’a pas brûlé les étapes", évoque son compère de club Anthony Etrillard.

Cet automne encore, des questions s’étaient posées à son sujet : "Il y avait le gros débat autour du capitanat mais la première interrogation était de savoir s’il allait retrouver son rang et un niveau de performance international, pose l’ancien 8 des Bleus. Il a coché toutes les cases. Tout le monde avait un peu mis en doute sa capacité à redevenir titulaire en Bleu, c’est un challenge qui l’a motivé, évoque Anthony Etrillard. On connaît tous sa capacité à surmonter les obstacles. Je savais qu’il allait revenir fort." Les doutes sont balayés. Et les certitudes confortées. Avec, en point d’orgue, son intérim réussi comme capitaine à la fin du dantesque duel face aux Boks : "Il a montré qu’il avait gardé ses qualités de leadership en faisant notamment preuve de lucidité sur la dernière touche. Alors que les Sud-Africains nous attendaient sur un maul, il a combiné derrière. C’était culotté, ça a marché." Capitaine ou non sur la feuille de match, le Basque reste un meneur dans l’âme : "Il a une aura indéniable, souligne le talonneur. Il me rappelle Thierry Dusautoir, qui pesait aussi ses mots et avait cette sérénité, reprend Jacques Delmas. Il a un caractère bien trempé et à la fois mesuré. Il sait ce qu’il veut sans être dans l’excès."

En l’espace de 160 minutes, Charles Ollivon a retrouvé son grade et son rang. Tôt ou tard, un dilemme de riches se posera à Fabien Galthié : "Il y avait une troisième ligne bien installée avec François Cros qui était peut-être même le joueur le plus précieux à mon sens, reprend "Imanol". Ce n’était pas rien de lui prendre le maillot. Disons que pour la suite, ça s’annonce bien, avec tous ces premiers choix à disposition (sourire). Charles est intéressant dans sa dimension athlétique, car il est le plus grand, et dans ses déplacements. J’attends toujours plus de lui dans le jeu après contact, qui est la clé pour gagner au plus haut niveau." Charles Ollivon exaucera-t-il le vœu de son illustre prédécesseur dès ce dimanche en s’illustrant balle en main ? À près de 30 ans - il les fêtera en mai, le meilleur reste peut-être à venir pour le Basque qui n’en finit plus de rebondir.

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