Talès : "J’espère vraiment que Teddy ne sera pas un gâchis"

  • Rémi Talès et Teddy Thomas
    Rémi Talès et Teddy Thomas
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XV DE FRANCE - Non retenu par Fabien Galthié pour affronter l'Écosse, Teddy Thomas (26 ans, 19 sélections, 11 essais) n’a pas réellement convaincu lors de ses trois matchs du Tournoi des 6 Nations 2020. Rémi Talès, son ancien coéquipier au Racing 92, revient sur les hauts et les bas de ce talent hors-norme.

Rugbyrama : Rémi, quel est le souvenir qui vous vient immédiatement à l’esprit quand vous pensez à Teddy Thomas ?

Rémi Talès : Sans hésiter, son premier match avec l’équipe de France face au Fidji à Marseille (Teddy Thomas avait inscrit un triplé lors de la victoire des Bleus 40-15 le 8 novembre 2014, ndlr). J’étais sur la pelouse ce jour-là et il avait impressionné tout le monde. On se regardait tous. Ses qualités de vitesse, de puncher étaient vraiment marquantes.

Au Racing 92, vous vous disiez qu’il évoluait sur une autre planète ?

R.T : Quand Teddy s’énerve aux entraînements, on ne peut pas l’attraper. On n’a surtout beaucoup de mal à le suivre (sourire).

Durant les trois saisons où vous l’avez côtoyé (2015-2018), l’avez-vous vu évoluer dans son jeu, dans son registre ?

R.T : Enormément, même si je dirais que j’ai surtout vu évoluer sa personne. On était très proches avec Teddy. Sur sa première saison, il n’a pas beaucoup joué. Il avait enchaîné les déchirures. Il a pas mal galéré. Mais il est revenu encore plus fort, avec un gros mental. A ce moment là, il a pris conscience du travail à faire, de l’état d’esprit qu’il avait par le passé où tout lui arrivait facilement. Il y a essayé de comprendre pourquoi il se blessait et ce qu’il devait faire pour être un vrai joueur de rugby.

C’est une force de la nature…

Il dégage une image dilettante mais Laurent Travers rappelait dernièrement que c’est un gros bosseur…

R.T : Et en plus des entraînements avec le Racing, il bosse avec quelqu’un en-dehors. Il s’inflige de grosses séances de physique. Il n’y a pas grand monde qui pourrait suivre cette cadence. Je me souviens quand on faisait des tests en muscu’, c’était le meilleur alors qu’il n’appuyait pas le plus fort. Mais c’est une force de la nature.

A l’époque, Laurent Labit l’avait-il sensibilisé sur ses lacunes en défense ?

R.T : Teddy était conscient de ses lacunes. Avec Lolo (Labit) et Ronan (O’Gara), notre système défensif avait évolué. Ronan avait vraiment insisté sur la défense comme ils le font actuellement en équipe de France. Pendant toutes ses années de rugby, depuis son plus jeune âge, Teddy avait tendance à laisser l’extérieur à ses adversaires. Il savait qu’il allait les récupérer le long de la touche. Il faisait confiance à ses cannes. Mais avec une rush défense, ça lui a demandé un gros temps d’adaptation. Il s’est fait pas mal engueuler lors des séances (rire). Mais Teddy a toujours posé beaucoup de questions au staff, à ses coéquipiers. Il est toujours en recherche de solutions pour progresser. Quand ils vont tous bien se connaître en équipe de France, les erreurs observées contre le pays de Galles ou l’Ecosse n’arriveront plus.

Fabien Galthié a assuré que sa non sélection contre l'Écosse n’était pas une sanction. Mais Teddy Thomas peut-il être menacé en équipe de France s’il ne franchit pas un palier défensivement ?

R.T : La principale chose que l’on demande à un ailier, c’est de marquer des essais. C’est sûr qu’il faut qu’il en marque plus qu’il n’en coûte. Mais j’ai énormément confiance en lui. Il connaît ses lacunes. Il est encore jeune. Ça fait tellement longtemps qu’il évolue à ce niveau, on a l’impression que c’est un vieux roublard. Mais il sait ce qu’il a à faire pour devenir l’un des meilleurs ailiers au monde.

Teddy ne lâchera pas. Il l’aurait fait avant autrement

Justement, beaucoup d’observateurs considèrent qu’il a le plus gros potentiel au monde. Que faut-il espérer pour ne pas gâcher un tel talent d’ici la Coupe du monde 2023 ?

R.T : C’est un gros, gros potentiel. Il œuvre dans le sens d’être une référence mondiale. Il s’était mis beaucoup de pression après avoir loupé la Coupe du monde (2019). Ça a été très dur pour lui, il avait fait beaucoup d’effort pour y être. Il est revenu sur la pointe des pieds pour ce Tournoi. Il avait envie de bien faire. Un jour, tout le monde l’encense et le jour d’après, tout le monde le dégomme. J’espère vraiment que Teddy ne sera pas un gâchis, je ne peux pas le croire.

Vous qui le connaissez bien, peut-il se décourager ou en avoir ras-le-bol de cette remise en question permanente ?

R.T : Teddy sait très bien l’attente qu’il suscite. Il a vraiment l’amour du maillot de l’équipe de France. Il a envie de s’imposer. Teddy ne lâchera pas. Il l’aurait fait avant autrement.

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