Saint-André : "À 90%, la liste est déjà faite avant les phases finales"

  • Philippe Saint-André ancien sélectionneur du XV de France
    Philippe Saint-André ancien sélectionneur du XV de France
  • Phillipe Saint-André et  Jo Maso lors de l'enterrement de Pierre Camoux
    Phillipe Saint-André et Jo Maso lors de l'enterrement de Pierre Camoux
Publié le
Partager :

XV DE FRANCE - Il y a quatre ans, Philippe Saint-André tenait le rôle de Jacques Brunel et annonçait la liste des joueurs sélectionnés pour préparer la Coupe du monde 2015. Pour rugbyrama.fr, l’ancien patron des Bleus dévoile les coulisses de ce moment particulier dans le mandat d’un sélectionneur.

Rugbyrama : Que fait le staff des Bleus durant les derniers jours avant l’annonce ?

Philippe Saint-André : Il essaie de récupérer toutes les informations possibles sur les derniers joueurs mobilisés par le Top 14. Sur la finale, il y avait vingt-et-un joueurs potentiellement sélectionnables, ce qui est une bonne chose pour le rugby français. On voit aussi que le dispositif JIFF porte ses fruits, ce qui rend les choix du staff un peu plus compliqués car il y a mathématiquement plus de concurrence. Dans ces derniers jours, cela a dû débattre sur certains points tout en sachant qu’à la fin, c’est normalement le sélectionneur qui a le dernier mot et qui tranche en cas de ballotage entre deux joueurs.

La place de certains joueurs se jouent-elle durant ces dernières heures ?

P.S.A. : La grande différence avec ce que j’ai connu il y a quatre ans, c’est l’incorporation de deux nouvelles têtes dans le staff pour préparer cette Coupe du monde (Fabien Galthié et Laurent Labit, ndlr). Du coup, Jacques Brunel va-t-il rester très majoritairement sur le groupe qu’il a construit depuis deux ans ou va-t-il prendre des joueurs avec des profils différents ? C’est l’inconnue.

Comment aborde t-on l’évènement quand on est celui qui tranche ?

P.S.A. : Pour ma part, j’avais fait une liste non-définitive de 37 joueurs (36+1 avec un strapontin possible pour Jules Plisson, en convalescence) et j’aurais même aimé en avoir trois ou quatre de plus pour avoir plus d’options. Le staff actuel va déjà annoncer les 31 joueurs qui feront la Coupe du monde et six réservistes pour piocher en cas de blessure. Ce sont donc des choix absolument déterminants. C’est une philosophie différente de la mienne il y a quatre ans et on peut trouver des avantages et des inconvénients dans les deux méthodes.

L’ajout de Galthié et Labit dans le staff peut changer la donne

Arrive-t-on à trouver le sommeil la veille de l’annonce ?

P.S.A. : C’est un moment important mais on avait bossé sur la liste pendant quatre ans et j’étais, pour ma part, plutôt serein. Ce qui a été le plus délicat a été après, quand il a fallu dire à six joueurs, après toute la préparation et deux matchs amicaux, qu’ils ne seraient pas du voyage. Ils s’étaient investis énormément, n’avaient pas triché et l’entretien avec eux pour leur annoncer a été difficile car tu leur enlèvais le rêve d’une carrière, un rêve d’enfant. Mais c’était une philosophie assumée car je voulais que tous les joueurs se poussent le plus possible dans la préparation et aillent au-delà de leurs limites. Je l’avais fait aussi car je n’étais pas sûr du rétablissement physique de deux ou trois joueurs (Fofana, Nakaitaci, Michalak). Là, en annonçant les 31, il faut être sûr que tous seront aptes à attaquer la préparation début juillet, bien physiquement et qu’ils ne traîneront pas un pépin chronique qui va retarder leur préparation.

Est-il préférable d’avertir à l’avance les grands absents ?

On n’avait pas voulu appeler les joueurs la veille ou avant pour ne pas que cela ne fuite dans les médias. À deux heures de l’annonce, on s’était réparti, avec Yannick Bru et Patrice Lagisquet, les noms de ceux qui pouvaient vraiment espérer y être pour leur parler.

Quelle est la part des phases finales dans la finalisation de la liste ?

On va dire qu’à 90%, la liste est faite avant mais on ne peut pas rester non plus insensible aux phases finales et à des joueurs qui montrent une maturité incroyable et un talent fou dans ces matchs-là. Et il y en avait quelques-uns lors de la dernière finale. Cependant, je n’ai pas le souvenir d’un joueur qui m’ait fait changer d’avis lors des phases finales en 2015. Je pense que Jacques Brunel avait déjà la très grosse ossature de son groupe durant le dernier Tournoi des VI Nations. Mais encore une fois, l’ajout de Galthié et Labit peut changer la donne.

Phillipe Saint-André et  Jo Maso lors de l'enterrement de Pierre Camoux
Phillipe Saint-André et Jo Maso lors de l'enterrement de Pierre Camoux
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?