Macalou, le grand oublié

On peut donc être un jeune joueur français, titulaire incontesté dans son club, briller en TOP 14 et ne pas être retenu en équipe de France. Après tout, le rugby français n’est plus à une contradiction près… À 23 ans, le Parisien Sekou Macalou est sans doute l’un des grands absents de la liste de Jacques Brunel pour les rencontres du Tournoi des 6 Nations 2019. Le natif de Sarcelles partage peut-être ce triste sort avec le trois-quarts centre du Stade Toulousain Sofiane Guitoune, auteur de 8 essais cette saison toutes compétitions confondues.

"C’est un excellent joueur, un athlète incroyable, je crois que je n’ai jamais vu un athlète comme lui dans toute ma carrière. Il est toujours affuté, c’est un coureur remarquable, un plaqueur incroyable. Comme tous les grands joueurs, il voit avant tout le monde ce qui va se passer sur un terrain. Il est jeune. Je suis convaincu qu’il aura une opportunité très bientôt avec l’équipe de France et qui aura un "big impact". Il a un grand avenir devant lui", souligne l’entraîneur des avants Paul O’Connell.

Je n’ai jamais vu un athlète comme lui dans toute ma carrière

Auteur de 14 matches en Top 14, tous comme titulaire (il est le deuxième joueur le plus utilisé par Heyneke Meyer, derrière Kylan Hamdaoui, ndlr), l’ancien joueur du RC Massy s’est distingué en signant quatre essais, dont un sublime lors de la première journée face à l’USAP. Difficile de comprendre l’absence d’un tel joueur dont le profil (1,93m, 90 kg), la vitesse de pointe hallucinante pour un avant, la capacité de déplacement et la faculté à faire le lien avants/trois-quarts correspondent totalement au projet de jeu vendu par Jacques Brunel et son staff.

"C’est surement un des meilleurs troisième-ligne de France. On a la chance de l’avoir en club et pas en équipe de France. Il apporte toutes ses qualités aussi bien en défense qu’en attaque avec sa faculté à traverser le terrain. Il vaut mieux l’avoir avec nous que contre nous", explique le trois-quarts centre Jonathan Danty.

Meilleur plaqueur du Top 14

Les détracteurs de Macalou mettront en avant son indiscipline. Avec trois cartons jaunes récoltés cette saison en Championnat et 18 pénalités concédées, le troisième-ligne du Stade Français, qui a échappé à l’asthme à la différence de ses frères et sœurs, a encore des progrès à faire dans ce secteur. Mais son rayon d’action en défense avec un nombre impressionnant de plaquages assenés par match en font un joueur redoutable (avec 226 plaquages depuis le début de la saison, Macalou est le meilleur plaqueur du Top 14, ndlr).

"Il est devenu rapidement le meilleur plaqueur du Championnat. J’ai l’impression qu’il y prend goût. Avant, il ne s’en rendait peut-être pas compte. Avec sa vitesse, il peut rattraper des coups en couverture. J’ai le souvenir d’une action contre Grenoble où il reprend Ugalde. Je n’avais jamais vu ça", confie le deuxième-ligne international Paul Gabrillagues. Au moment de recevoir Lyon, ce samedi dans le cadre de la 16ème journée du TOP 14, Sekou Macalou pourrait bien faire regretter à Jacques Brunel sa mystérieuse obstination.