Groizeleau : la seizième Bleue

Par Rugbyrama
  • Aurélie Groizeleau - France
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Publié le Mis à jour
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XV DE FRANCE - Suite au forfait de Joy Neville, la rencontre France-Angleterre féminine sera arbitrée par une Française, Aurélie Groizeleau, qui a un destin lié avec cette équipe qu’elle a connue et qu’elle connaît bien encore.

Le football a Stéphanie Frappart, le handball a les sœurs Bonaventura, le rugby a t-il enfin découvert sa femme arbitre à la pointe des classements internationaux ? C’est en tout cas la destinée que semble adopter Aurélie Groizeleau. Aujourd’hui à 14h15, elle sera au sifflet de la rencontre la plus prestigieuse de sa carrière. "J’ai déjà arbitré des rencontres internationales, notamment dans le Tournoi : des Angleterre-Italie, ou Irlande-Écosse. Mais à chaque fois, ce n’était pas des rencontres tendues, l’écart au score était large. Un France-Angleterre c’est toujours disputé." détaille-t-elle. Mais pourquoi arbitre-t-elle une rencontre internationale de sa nation ?

Initialement c’est Joy Neville qui devait arbitrer cette rencontre. Pionnière des arbitres féminines, première femme à arbitrer une rencontre européenne masculine (Bordeaux-Enisei en 2017), l’Irlandaise bénéficie de sa nationalité pour arbitrer régulièrement ce qui se fait de mieux chez les filles en Europe, à savoir le Crunch. Mais lorsqu’elle se blesse en début de semaine, la question de son remplacement inquiète, puisque le contexte actuel complexifie tout. La solution la plus simple revient à choisir une arbitre française, la meilleure en l’occurrence. C’est Jérôme Garces, manager des arbitres professionnels qui lui annonça la nouvelle lundi d’un "Alors tu es prêtes ?", "Oui, répondit-elle, comme toujours, mais pour quoi ?" Et le voilà embarqué dans ces explications.

Je ne serai plus Française

À l’heure d’arbitrer sa propre nation, fait extrêmement rare, elle gère ses émotions. "En fait j’ai déjà arbitré un France-Angleterre féminin. C’était dans la catégorie des 20 ans il y a 4 ans. De la même manière, je ne serai plus Française pendant la rencontre, mais simple arbitre." Native de La Rochelle, elle découvre l’ovalie dans le club de Marans où son père et son grand-père étaient joueurs, sa grand-mère secrétaire, sa mère éducatrice, forcément elle se retrouve licenciée dès l’âge de 5 ans. Ses bonnes performances la poussent à Toulouse au sport-étude du lycée de Jolimont. Sa voie vers l’Élite semble tracée, à 21 ans elle compte déjà 5 sélections en Bleue.

Mais une grave blessure, plus des soucis de santé lui interdisent les contacts. Fin de carrière très prématurée. "Je voulais absolument rester dans le rugby. J’ai tout de suite passé mes diplômes d’éducatrice, en commençant en parallèle l’arbitrage. Et je me suis immédiatement senti super bien sur le terrain. Je pouvais être au cœur de l’action, je pouvais courir, j’étais actrice ! Beaucoup plus que sur le banc. Et quand ça se passe bien, on en veut toujours plus." Elle fait ses galons et arbitre aujourd’hui la Nationale, la Fédérale 1 et bien évidemment, L’Élite 1 féminine. De plus, elle est en contact très rapproché avec le maillot Bleu, puisqu’elle travaille avec l’équipe de France et notamment la capitaine Gaëlle Hermet avec qui elle échange régulièrement pour les aider à mieux appréhender le règlement.

De nombreux combats à mener

À 14h15, lorsqu’elle donnera le premier coup de sifflet, Aurélie Groizeleau aura le même objectif que les 30 autres actrices : rendre une prestation parfaite, pour espérer participer à la Coupe du monde 2021. "C’est cette rencontre et le prochain Tournoi qui établiront qui seront les arbitres sélectionnées pour le mondial. Il y aura 9 arbitres centraux. Aujourd’hui je me vois du bon côté de la balance entre la 6e et le 9e place du ranking mondial des arbitres." Mais pourtant elle sera la seule actrice amateure lors de ce Crunch. Elle qui vit de l’élevage des pigeons, près de 7 000 couples, dans l’exploitation de ses parents, espère que le mondial lui permettra de mener le combat du professionnalisme. À 31 ans, le temps n’est pas encore venu de mener ce combat de plein front, la pandémie, le conflit FFR/LNR ne lui permettent pas. Mais ce match et ce genre d’exposition sont des premières marches, peut-être tout aussi importante que les dernières.

Par Baptiste BARBAT

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