1991 : l'essai du siècle !

  • Saint André
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  • Didier Cambérabéro
    Didier Cambérabéro
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XV DE FRANCE - En 1991 , la France s'inclinait de très peu à Twickenham, 21-19, mais en marquant trois essais contre un, dont une vraie merveille, une relance de 110 mètres qui a éclipsé le reste du match.

Disons le tout de suite. Les Français ont perdu ce match : 21-19, mais ils ont marqué trois essais contre un. Ce match a laissé un grande trace, déjà parce qu'il était une sorte de finale. Les trois équipes comptaient trois victoires et le vainqueur réussirait nécessairement le Grand Chelem. Mais surtout, il fut le théâtre de ce qu'on a tout de suite appelé : l 'essai du siècle. Une relance énorme initiée dans l'en-but français par une passe de Pierre Berbizier pour Serge Blanco. L'action s'est terminé 110 mètres plus loin avec un jeune ailier nommé Philippe Saint-André.

On a souvent résumé ce match à une opposition de style. Les Anglais de Will Carling ressemblaient à une lourde machine de guerre, alors que les Français avaient (encore) le goût des attaques au large, des contre-attaque sous la pression et des relances les plus ambitieuses. La ligne de trois quarts recelait une collection de talents individuels qui ferait rêver Jacques Brunel. Serge Blanco, Jean-Baptiste Lafond, Philippe Sella, Franck Mesnel auraient sans doute figurs dans bien des sélections mondiales. A l'ouverture aussi Didier Cambérabéro était au sommet de son art, on l'a un peu oublié à notre sens Didier Cambérabéro, mais il savait tout faire, au pied et à la main. Il l'a prouvé sur cet essai d'ailleurs.

Mais revenons au début : une pénalité manquée par l'arrière anglais Simon Hodgkinson récupérée par Pierre Berbizier. Au lieu d'aplatir pour assurer un renvoi aux 22, le demi de mêlée des Bleus alerte son capitaine Serge Blanco, tout s'est déclenché à ce moment précis. L'arrière de Biarritz fit sa "spéciale", un démarrage en travers, il était le seul à maîtriser ça....

L'inspiration de Didier Cambérabéro

A ce moment-là, le réalisateur de la BBC décroche, il fait un plan de coupe avec Hodgkinson qui se replace, puis alerté par la foule, revient sur le ballon. Blanco a fait son effort, il a soudain redressé sa course pour fixer deux adversaires (Andrew et Heslop) qui se téléscopent. Le déclage vient de se former. Blanco sort de l'en-but et alerte Lafond sur l'aile droite, celui-ci prend un "cachou" de Underwood qui monte à cent à l'heure, mais transmet à Sella le long de la ligne de touche.... avec du champ devant lui. Le centre du SUA comprend que le coup peut aller loin car il est opposé à des joueurs lourds, Probyn et Teague, il navigue un peu, repique vers Probyn et ...croise avec Cambérabéro lancé à un mètre de Hodgkinson impuissant. Cambé est en pleine confiance, accélère et tente un coup de pied à suivre pour lui-même qui lobe un défenseur qui saute en vain ...

Et ça marche, Cambérabéro reprend le ballon et décide taper une seconde fois, un vrai coup de pied de recentrage au nez et à la barbe de Carling et Richards. Le ballon rebondit une fois, à la perfection pour tomber dans les bras de Philippe Saint-André qui marque entre les poteaux. Juste derrière-lui, Jeremy Guscott, le centre anglais qui témoigne : "C'était le symbole de la perfection. Il fallait à la fois de l'intelligence et de la dextérité pour effectuer ce petit coup de pied pour lui-même, en pleine course. Vous pouvez le tenter dix fois, vous aurez de la chance de le réussir une seule fois."En essayant de le plaquer avant qu'il ne marque, j'ai pris la chaussure de Philippe juste sous l'œil gauche. Depuis ce jour, j'ai une petite cicatrice. Quand je commente sur la BBC, on ne la voit pas, parce qu'on rajoute un peu de maquillage à cet endroit. Le génie français m'a marqué à vie !"

Didier Cambérabéro
Didier Cambérabéro

Midi Olympique titre : "23 secondes et 61 centièmes de bonheur." Les déclarations des Bleus sur cette merveille restent sobres : "Tout le monde me parle de mon intervention. Je ne comprends pas. Il faudra que je revois ça au magnétoscope car je ne me rends pas toujours compte. Sans aucune fausse pudeur, tout s'est passé si vite !" estime Didier Cambérabéro. "En fait, il m'est arrivé de jouer des coups pareils en championnat. Il faut un minimum de réussite, c'est tout." Philippe Saint-André ajoutait : "Ah bon, mon essai est si beau que ça ? Il me tarde de le voir parce que sur le terrain, je n'ai pas eu le temps de me demander s'il était beau ou pas tant j'avais peur d'avoir un mauvais rebond."

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