Roubert : "C’est juste une affaire de bon sens, dans laquelle nous avons le droit pour nous"

  • Top 14 - Yann Roubert (Lyon).
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Le président du Lou revient sur la querelle entre les clubs professionnels et la FFR au sujet de la libération des internationaux pour les tests de l’automne, dont l’escalade a semblé atteindre un point de non-retour ce week-end. En attendant une nouvelle réunion de la dernière chance, demain…

En quoi a consisté la réunion des présidents qui s’est tenue dimanche matin ?

La réunion de ce matin a permis de réaffirmer ce que nous voulons depuis le début, à savoir des discussions apaisées avec notre interlocuteur qui est la FFR. Elle nous a aussi permis de réitérer notre demande en nous basant sur l’ordonnance du Conseil d’État, qui a clairement exprimé que seule la convention signée entre FFR et LNR faisait foi pour réglementer la libération des internationaux. Et la convention est claire : elle prévoit 4 semaines de libération, pour 3 matchs disputés.

Est-ce précisément ce que vous comptez demander à la FFR, qui table sur six matchs ?

Encore une fois, il faut rappeler que nous étions, et sommes toujours disposés à faire davantage d’efforts que ce que la convention prévoit. Nous les clubs, sommes prêts à mettre à disposition nos internationaux pour une durée de six semaines, pour qu’ils disputent cinq matchs. Nous sommes prêts à faire ces efforts dans un contexte difficile pour tout le monde, à un moment où le rugby des clubs lutte pour sa survie. Mais cela ne peut passer que par du dialogue, et surtout pas par des décisions imposée après avoir été prises à l’unilatérale, encore moins par des lettres de menace se fondant sur je-ne-sais quel article du règlement de World Rugby. Avec un minimum d’écoute et de dialogue, ce sujet de la libération des internationaux pour les tests de l’automne devrait déjà être réglés depuis longtemps.

Faut-il en déduire que, malgré la menace de suspension voire de retrait de points brandie par Bernard Laporte si les joueurs ne rejoignaient pas le XV de France le 18 octobre, date du premier rassemblement prévu par Fabien Galthié la Ligue est prête au bras de fer ?

Les joueurs rejoindront l’équipe de France sans problème, dès qu’il seront convoqués à une date prévue par la convention et que les choses se passeront dans le dialogue. Tout ce qu’on veut, c’est que la FFR réponde à notre invitation et revienne s’asseoir dès demain autour d’une table, afin que le bon sens prévale enfin. Il faut remettre les choses dans leur contexte : nous sommes le seul pays où ce sont les clubs qui paient les joueurs de l’équipe nationale, et pas seulement : ce sont les clubs professionnels qui ont payé pour la mise en place des Conseillers Techniques de la FFR, et bien d’autres choses encore. On ne peut pas ignorer ça, tout comme on ne peut pas ignorer les efforts que nous consentons déjà dans notre proposition, dans un contexte un fois de plus très compliqué pour nous.

Cela signifie que vous considérez comme vaine la menace de Bernard Laporte me mettre en application l’article 9.32 du règlement de World Rugby...

(il sourit) Il n’y a pas plus haute juridiction que le Conseil d’État en France, qui a clairement exprimé dans son ordonnance que la seule chose qui prévalait, c’était la Convention. Ce que peut dire World Rugby n’a aucune valeur et ne s’applique pas en matière de droit français, qui ne reconnaît que la Convention passée entre la FFR et la LNR. Cette convention, je le redis, prévoit quatre semaines de mise à disposition pour disputer trois matchs. Et encore une fois, nous sommes prêts à aller au-delà, mais on ne peut pas non plus nous en demander trop. C’est juste une affaire de bon sens, dans laquelle nous avons le droit pour nous. Reste que si on ne se fiait qu’au bon sens, il n’y aurait pas besoin d’invoquer le droit...

Peut-on espérer une solution rapide face à cette impasse ?

La LNR a invité la Fédération à s’asseoir autour d’une table demain matin, et on espère que cette réunion accouchera enfin de quelque chose. Pour représenter les clubs, il y aura bien sûr Paul Goze et Emmanuel Eschalier, mais aussi Didier Lacroix et Jacky Lorenzetti qui sont les présidents les plus impactés par la mise à disposition des internationaux.

Ces mêmes présidents ont récemment clamé que le rugby des clubs courait actuellement à la faillite, si les jauges à 1000 spectateurs devaient perdurer. Face à cet enjeu, on a un peu de mal à comprendre l’intérêt pour la LNR de partir en guerre quant à la libération des internationaux, qui pèse finalement peu par rapport aux enjeux économiques du moment… Les clubs ne se trompent-ils pas un peu de combat ?

Là où vous avez raison, c’est que dans le contexte où nous sommes, il y aurait évidemment mille fois plus important à discuter que la mise à disposition des internationaux pour cinq ou six matchs. Est-ce que ne pas disputer de 6e match aurait de graves conséquences pour les finances de la FFR ? Je n’en sais rien, mais ce dont j’ai conscience, c’est que la crise que nous traversons actuellement n’a épargné personne. Il nous a manqué un quart de la saison dernière, nous n’avons pas eu les phases finales, et un club – peu importe lequel – a été privé d’un titre de champion… Et cette année, on doit composer avec des jauges de spectateurs réduites, des partenariats compliqués, des recettes complémentaires qui s’envolent… C’est bien la survie du rugby des clubs qui est en jeu, avec que qu’il apporte en terme de lien social pour les territoires. Alors, oui, on aimerait en effet pouvoir parler d’autre chose que de cette guerre quant à la libération des internationaux.

Pour conclure ?

On a tous de l’amour pour le XV de France. On a tous du respect, et même de l’amitié, pour ceux qui le dirigent. Mais on ne veut pas que ses intérêts et ceux de la Fédération aillent au détriment des clubs et de la santé des joueurs, en passant par des décisions prises unilatéralement ou des lettres de menace. Il y a des limites à tout.

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