Le plan de relance du XV de France

  • Serge Simon
    Serge Simon
Publié le
Partager :

INFORMATION MIDI OLYMPIQUE - Si les Bleus se sont envolés samedi pour le Japon, Fabien Galthié et son staff avaient jeté la veille au soir les bases d’un plan à long terme visant à relancer les performances du XV de France, en bonne intelligence avec les représentants de la DTN, de la LNR et des managers de club.

C’est jeudi soir, dans les coulisses du CNR de Linas-Marcoussis, que s’est déroulée en toute discrétion une réunion qu’on peut d’ores et déjà considérer comme la première pierre du plan de relance du XV de France.

Dirigée par Serge Simon (vice-président de la FFR en charge des équipes de France, entre autres missions) en présence (entre autres) de membres de la DTN (Didier Retière, Sébastien Piqueronies, Julien Piscione), du futur staff des Bleus (Fabien Galthié, William Servat, Karim Ghezal, Laurent Labit, Thibault Giroud), d’un représentant de la LNR (son directeur général Emmanuel Eschalier) et de Franck Azéma, Ugo Mola et Laurent Travers, directeurs sportifs des trois clubs les plus fournisseurs d’internationaux (deux tiers du groupe en partance pour le Mondial).

Seuls manquaient à l’appel le futur entraîneur de la défense du XV de France Shaun Edwards et son manager Raphaël Ibanez, en voyage d’immersion en Nouvelle-Zélande. Le but de cette réunion ? Réussir, à l’image de la Fédération anglaise, à jeter les bases d’une collaboration intelligente sur les dix prochaines années entre le staff de l’équipe de France et les clubs, éternel caillou dans la chaussure du rugby français...

Une liste de 75 pour deux équipes le 18 novembre

La première tâche à laquelle s’est attachée ce groupe de travail a ainsi consisté à établir une liste référence de 75 joueurs (qui sera officialisée autour du 18 novembre), soit cinq joueurs par poste, dont trois dits "premiums", c’est-à-dire susceptibles de postuler prioritairement au XV de France.

C’est parmi cette liste, plus ou moins équivalente de l’actuelle liste "élite" prévue par la Convention FFR-LNR (lire ci- contre), que le staff des Bleus s’engagera à sélectionner les joueurs pour l’équipe de France, mais aussi l’équipe de développement France 23 (laquelle ne sera pas forcément composée de joueurs de moins de 23 ans, et disputera au moins un match par an, probablement le week-end de la finale de Coupe d’Europe). Cette liste de référence sera appelée à être actualisée tous les ans en fonction des états de forme et des éventuelles révélations à chaque fin de saison, idéalement avant les phases finales.

Suivi statistique commun et entretiens toutes les trois semaines

Toutefois, c’est au sujet du suivi de ces joueurs que le système se veut réellement novateur. D’abord en ce qui concerne les "data" et autres données statistiques, puisque le staff des Bleus et les managers de club semblent tomber d’accord pour mutualiser les données par le biais d’un logiciel commun, Catapult, importé auprès des Bleus depuis l’arrivée de Thibault Giroud.

Mais le suivi humain ne sera pas pour autant négligé puisque, pour chacun des 75 joueurs, le staff des Bleus compte procéder toutes les trois semaines à des entretiens de 45 minutes. Ce dernier s’engageant à descendre plus fréquemment à la rencontre des clubs, notamment en pro D2 où il sera susceptible d’intervenir directement sur les terrains d’entraînement, dans le cadre d’un échange de compétences.

Flexibilité des congés et mise à disposition des internationaux

En contrepartie de ces contraintes? Au-delà de l’épineuse question des indemnités (lire ci-contre), les clubs souhaitent obtenir davantage de flexibilité dans la gestion des congés obligatoires liés aux internationaux, dont la gestion relève pour l’heure du casse-tête chinois, si on y mêle les moins de 20 ans et l’équipe de France à 7. Par ailleurs, il semble acquis que durant les périodes internationales, le groupe des joueurs sélectionnés ne restera pas intégralement à disposition du XV de France.

Le staff s’est ainsi engagé à ne conserver que 23 joueurs (plus 5 à fort potentiel), et à rendre les joueurs non-concernés par la feuille de match du XV de France dès le jeudi après-midi, pour permettre à ces derniers de postuler le week-end avec leur club (une bénédiction pour les clubs les plus impactés par les doublons). En contrepartie, les clubs devraient s’engage à libérer davantage de joueurs en semaine durant la période internationale (on parle d’un groupe de 42) de façon à permettre au XV de France de s’entraîner dans de bonnes conditions, tout en ne "désentraînant pas" les joueurs non-concernés par le match du week-end (reproche qui était régulièrement fait ces dernières saisons).

En clair, c’est bien une gestion au cas par cas que voudront bâtir actuellement le XV de France et les clubs, qui passera nécessairement par une communication optimale. Pas le moindre des défis...

Indemnités de mise à disposition

Créée en décembre 2013 lors de la négociation de la convention entre la LNR et la FFR, la liste "Élite" impliquait à l’origine une trentaine de joueurs. Elle en concerne désormais 40, qui bénéficient d’une intersaison de dix semaines sans match, sans oublier une liste "France développement" d’une vingtaine de noms pour lesquels la Fédération exerce un suivi.

L’objectif de la nouvelle liste de 75 sera ainsi de mutualiser ces deux listes, afin d’assurer un suivi plus précis et conséquent. Le hic ? Il réside, vous l’aurez compris, dans la question des indemnités de mise à disposition des internationaux, mathématiquement plus conséquente dans le cas d’une liste de 75 joueurs que de 40... Selon nos informations, selon les modes de calculs et les barèmes actuels, il existerait un delta de 8 millions d’euros à trouver pour la FFR pour assurer le même niveau d’indemnisation.

C’est pourquoi la FFR a imaginé ce système de trois joueurs "premium" par poste qui seraient les seuls à être indemnisés, les deux autres joueurs suivis restant à la charge des clubs. À condition qu’ils l’acceptent... Ce sera là tout l’enjeu d’un Comité Directeur de la LNR qui s’annonce musclé ce mardi, sachant qu’en coulisses, certains présidents exercent d’ores et déjà un lobbying pour réduire la future liste élite de 75 à 60 noms. Affaire à suivre de très près...

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?