Garuet : "Merci, Monsieur Crauste !"

  • Jean-Pierre Garuet
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CARNET NOIR - Attristé par la disparition de l'emblématique capitaine du XV de France Michel Crauste, l'ancien pilier tricolore Jean-Pierre Garuet, pour qui Crauste était un modèle, a tenu à lui rendre un vibrant hommage.

Midi Olympique : Quelle relation aviez-vous avec Michel Crauste ?

Jean-Pierre Garuet : Je repensais justement à lui ce matin... Il doit avoir des louanges, et je peux vous dire qu'il les mérite. Quel grand homme... Nous n'avons pas joué ensemble car nous avons presque 20 ans d'écart. Quand j'ai débuté en cadets à Lourdes, il est le capitaine emblématique de l'équipe de France et du Grand Lourdes. En un mot, c'était mon porte-drapeau, mon modèle. Je voulais faire comme lui, porter le même maillot que lui. En plus, on jouait au même poste car avant de devenir pilier j'étais troisième ligne centre. Il m'a donné l'envie de pratiquer le rugby et je suis heureux de l'avoir et d'avoir suivi cet exemple qu'il nous a montré. Je l'ai bien connu après sa retraite en fait, je veux dire sa retraite professionnelle. Au lieu de se tourner les pouces, il est resté très actif et s'est énormément investi à Lourdes puisqu'il a pris la présidence de ce club qui était en grande difficulté. Michel s'est battu corps et âme pour le sauver, car on failli mettre la clé sous le paillasson à plusieurs reprises.

Avec tout ce qu'il a fait pour la ville, le club... il faut lui tirer le chapeau

Quel type de troisième ligne était-il ?

J.P.G. : C'était un athlète. Un troisième ligne moderne : dur, rugueux dans le jeu, excellent au plaquage mais aussi très à l'aise dans le grand champ. Physiquement, il fut l'un des précurseurs de la préparation physique. A l'époque, le rugby amateur mais il s'entraînait déjà comme les professionnels, en s'ajoutant des séances qu'il réalisait seul. D'ailleurs, vous noterez qu'il ne s'est jamais laissé aller. Toute sa vie, il est resté mince et en forme. Il s'était très gravement blessé au cours de l'un des derniers matchs qu'il avait disputé. Un match gigot-haricot, comme on dit, mais il avait failli rester paralysé. Mais à force de travail et de rééducation, il s'était remis. C'était un athlète, un vrai.

Avez-vous été attristé par la nouvelle ?

J.P.G. : Bien sûr... mais vous savez, je m'y attendais. Je lui avais rendu visite il y a peu, et j'avais senti que je le voyais pour la dernière fois. Il me l'avait fait comprendre d'ailleurs. Il en avait marre, il n'en pouvait plus d'être dépendant d'une machine qui l'aidait à supporter ses problèmes respiratoires. Il ne l'acceptait pas. Il ne pouvait pas l'accepter, lui qui avait été un si grand athlète... Quel beau gars. Il me disait tout le temps que l'on ferait de vilains vieux, mais il avait tort le concernant. Il n'aura été un vilain vieux que dans les tous derniers mois de sa vie. Quel beau vieux. Le joueur a été grandissime, mais le dirigeant et l'homme ont été plus grands encore. Avec tout ce qu'il a fait pour la ville, le club... il faut lui tirer le chapeau. Au nom de tous les anciens de Lourdes, je veux dire merci, Monsieur Crauste. Merci.

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