Ntamack, le talent n’attend pas

Avec lui, il n’est plus question de parler de surprise. Depuis son plus jeune âge (expression paradoxale quand on évoque un garçon de 19 ans), Romain Ntamack a pris l’habitude de griller toutes les étapes. Et, franchement, cela fait de nombreuses années que le Toulousain est présenté comme un phénomène en devenir, au point de s’imposer très tôt comme le grand espoir du rugby français. Ainsi, le fils d’Émile conduisait le jeu de l’équipe de France des moins de 20 ans, avec le numéro 10 dans le dos, alors qu’il avait 17 ans.

De même, il fut appelé dans la liste protégée de Guy Novès, moins d’un an plus tard, alors qu’il ne comptait pas la moindre apparition en Top 14. La suite ? Il était sélectionné avec les Barbarians français, en novembre 2017 à 18 ans, avant d’en être l’un des leaders de jeu, il y a deux mois et demi, contre les Tonga à Bordeaux. Entre-temps, il est devenu champion du monde avec les Bleuets et s’est surtout imposé comme un élément essentiel de son club en championnat et en Champions Cup.

"Un rôle grandissant" à Toulouse

Après avoir été parfaitement préservé par Ugo Mola la saison passée pour ne pas l’exposer prématurément (5 matchs de Top 14 et 5 matchs de Challenge Cup pour 6 titularisations au total), et s’il ne fêtera ses vingt ans qu’en mai prochain, Ntamack a déjà été aligné à 18 reprises depuis l’entame de l’exercice actuel, toutes compétitions confondues. Surtout, le staff stadiste en a fait l’un des hommes de base de la ligne de trois quarts puisqu’il a été titularisé 11 fois en Top 14 et 4 en Champions Cup. Le tout pour cinq essais personnels. En clair, le statut de l’intéressé a complètement basculé derrière le titre de champion du monde glané avec les Bleuets.

Repositionné au centre durant cette compétition, il a profité des départs de Fickou, Fritz ou David pour se fixer à ce poste en club, même s’il lui arrive encore de glisser à l’ouverture. "Je me sens de plus en plus à l’aise, nous confiait-il fin novembre. L’été dernier, j’avais hâte de démarrer la saison, j’ai eu l’opportunité d’enchaîner et j’étais plutôt satisfait de mes performances. Le staff m’a transmis sa confiance, m'a permis de m’exprimer. Mes entraîneurs et mes coéquipiers me donnent de plus en plus de place et un rôle grandissant."

J’ai envie d’aider le XV de France

Romain Ntamack a pris tellement d’assurance que ses prestations ne sont pas passées inaperçues, notamment aux yeux de Jacques Brunel et Jean-Baptiste Élissalde. Certes, il s’est retrouvé en difficulté sur certaines rencontres à haute intensité sur la scène européenne mais son aisance technique, autant que son profil quasiment unique de "cinq-huitième", ont séduit l’encadrement des Bleus. C’est ainsi qu’il débutera vendredi soir au centre de l’attaque tricolore pour sa première sélection, associé à Wesley Fofana.

Il sera donc le deuxième champion du monde moins de 20 ans à découvrir l’arène internationale après Demba Bamba, avec une grande responsabilité sur les épaules. Mais lui n’est pas du genre à fuir les siennes… Il y a deux mois, il nous assurait : "Je suis fier de Demba et le rejoindre me motive. J’ai envie d’aider le XV de France à avoir de bons résultats." Il en aura rapidement l’occasion.