Grosso : "Si on fait la même chose, nous, Français..."

Par Rugbyrama
  • GROSSO_NZL
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  • Ofa Tuungafasi (Nouvelle-Zélande) et Remi Grosso (France) après leur collision
    Ofa Tuungafasi (Nouvelle-Zélande) et Remi Grosso (France) après leur collision
  • Test Match - Plaquage haut de Sam Canes (Nouvelle-Zélande) sur Rémy Grosso (France)
    Test Match - Plaquage haut de Sam Canes (Nouvelle-Zélande) sur Rémy Grosso (France)
  • carton jaune Paul Gabrillagues
    carton jaune Paul Gabrillagues
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Finalement fixé sur la date de son départ, le trois-quarts aile clermontois n’a pas pu accompagner ses coéquipiers à Wellington. Il revient, pour la première fois, sur l’action qui a amené sa grave blessure au visage.

Rugbyrama : Quand rentrez-vous en France ?

Rémy Grosso : Dimanche. J’ai enfin eu l’aval des médecins. Il y avait un risque avec la pression, dans l’avion, donc les assurances ne donnaient pas leur feu vert. Finalement, je décolle dimanche. J’arrive lundi à Clermont. Ensuite, mardi, je consulte un spécialiste sur place. Il y a de grandes chances qu’on se dirige vers une opération, pour reconstruire l’arcade. Parce que j’ai un trou sur le front, au-dessus de l’œil.

Est-ce douloureux ?

R.G. : Pas trop, ça va. Il y a quelques migraines, mais pas plus.

Ofa Tuungafasi (Nouvelle-Zélande) et Remi Grosso (France) après leur collision
Ofa Tuungafasi (Nouvelle-Zélande) et Remi Grosso (France) après leur collision

Avez-vous eu peur sur le coup ?

R.G. : Sur le moment, j’ai eu comme un flash. Je voyais tout blanc. J’ai compris que ça avait tapé fort mais pas plus. C’est quand je me suis rendu compte que je n’arrivais plus à ouvrir l’œil que j’ai compris qu’il y avait un problème. Et immédiatement, l’œdème s’est formé. Mais je n’étais pas K.-O. Je n’ai rien oublié de l’action. Au niveau cérébral, c’est nickel, il n’y a aucun impact. Mais en touchant, en sentant le trou, j’ai compris que ce n’était pas bon signe.

Avez-vous revu les images ?

R.G. : Oui, bien sûr. J’ai dû les revoir deux cents fois.

Comment les analysez-vous ?

R.G. : Je ne pense pas que ce soit pleinement intentionnel. Même si le pilier aurait pu l’éviter. Pour Cane, qui me met le coup au visage, je crois que c’est vraiment involontaire.

Vraiment ?

R.G. : Sur le coup, j’avais aussi très mal à la mâchoire. Je ne comprenais pas trop pourquoi. Quand j’ai revu les images, j’ai vu qu’elle partait complètement sur le côté. Pour le coup, je crois vraiment que Cane ne le fait pas exprès. Je me baisse au moment où il me plaque et je prends sa main. Point. Pas de polémique. Le pilier, en revanche, il engage quand même bien l’épaule… Il me voit arriver, il voit que je suis bas et il fait tout de même le geste d’avancer son épaule. Il aurait pu restreindre son geste, il ne l’a pas fait. (il réfléchit) Mais je ne lui en veux même pas. Avec la vitesse, je sais que ça peut arriver. Même si, en revoyant les images, je reste persuadé qu’il aurait pu l’éviter.

Test Match - Plaquage haut de Sam Canes (Nouvelle-Zélande) sur Rémy Grosso (France)
Test Match - Plaquage haut de Sam Canes (Nouvelle-Zélande) sur Rémy Grosso (France)

Fin de l’histoire ?

R.G. : Ce qui me dérange, c’est l’arbitrage de l’action. J’ai les boules. Je ne dis jamais rien sur les arbitres. Mais là, je ne trouve pas ça réglo. Leur métier est aussi de protéger les joueurs. En laissant passer des choses comme ça… Encore une fois, je ne veux pas polémiquer.

L’image est tout de même violente…

R.G. : C’est violent, oui, mais je ne m’en plains pas. On a tous choisi un sport de combat. On l’assume. Je ne suis pas dégoûté du rugby mais l’arbitre, à un mètre de l’action, avec les antécédents de ce match, il doit réagir. Je me souviens de Marco Tauleigne, en novembre, qui avait subi la même chose déjà face aux All Blacks. Si on fait la même chose, nous Français, on se fait punir.

Les All Blacks sont-ils trop protégés ?

R.G. : Je ne sais pas… Quand je vois que Paul (Gabrillagues, N.D.L.R.) prend un carton jaune sur son plaquage, alors leur pilier doit prendre six mois ! Mais ce n’est même pas ce que je réclame. Il n’a rien pris, tant mieux pour lui. Je trouve juste l’arbitrage très léger. Des gestes comme ça arriveront toujours dans un sport de combat. Mais ils ne doivent pas être banalisés.

carton jaune Paul Gabrillagues
carton jaune Paul Gabrillagues

Le débat sur l’arbitrage des Blacks est régulier, depuis vingt ans…

R.G. : Je ne saurais pas trop quoi répondre. Disons qu’il y a une part d’inconscient. Une équipe qui domine son sujet est toujours récompensée. Les arbitres sont des humains. Comme nous, ils sont pris par le beau jeu. C’est pareil en club, entre une équipe qui joue le maintien et une équipe du haut de tableau. Elles ne sont pas arbitrées de la même manière. Les Blacks, c’est le haut du panier et ils ne sont certainement pas arbitrés comme les autres. Mais je le comprends. Les arbitres sont humains. Les Blacks fascinent tout le monde. Eux aussi.

Les joueurs n’ont même pas été cités. Cela vous choque-t-il ?

R.G. : Déjà, la sanction sur Cane : soit il n’y a pas faute et je peux le comprendre. Soit il y a faute, ce que l’arbitre a indiqué, mais dans ce cas-là il y a carton jaune ! Ensuite, il y a leur pilier (Tu’ungafasi). J’étais persuadé qu’il prendrait un rouge. Quand je sors du terrain, je reste dans le couloir parce que je suis sûr de le voir me rejoindre. Et le mec ne prend rien. Sur le coup, avec l’énervement, j’ai cru halluciner. Et même en revisionnant les images, les commissaires à la citation se contentent de lui taper sur les doigts. C’est abusé… Au final, cela n’aurait rien changé à mon cas qu’il prenne quatre matchs. Je m’en fous. Mais nous sommes dans un contexte où on nous rabâche sans arrêt des discours de prévention, sauf que ce n’est pas suivi des décisions. Cela crée des polémiques à la con et ce n’est pas normal. Protégeons les joueurs, protégeons l’image de notre sport et ne laissons plus passer ce genre de situation.

On vous sent partagé…

R.G. : Je ne veux pas créer de polémique. Il nous reste deux matchs à jouer ici, aussi. Le premier s’est mal passé. Faisons profil bas. Et moi, de mon côté, je vais basculer sur autre chose. Il n’y a pas mort d’homme.

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