Les franchisseurs, c'est pour quand ?
Face l'Irlande, le XV de France a clairement manqué de puissance pour affirmer son jeu. Face à l'Ecosse, pas franchement réputé pour la densité physique de ses joueurs, la présence de joueurs pénétrants est espérée...
Le constat est criard. Il vous saute au yeux comme un pitbull à la gorge. Et les chiffres ne font que confirmer le sentiment général : seulement deux franchissements nets samedi dernier contre l'Irlande. Certes, les Bleus n'ont pas vu le ballon de la rencontre. 32 % de possession, le chiffre est famélique. Force est de s'interroger. Mise en place d'un nouveau projet de jeu moins ambitieux ?
Assurément. Souvenez-vous. Le crédo de l'ancien sélectionneur Guy Novès portait sur le jeu après contact. Objectif : passer le moins souvent possible par le sol. Au terme de la tournée d’automne 2016 – première année d'exercice de Novès - les chiffres étaient flatteurs. En moyenne sur ces tests automnaux de 2016, le XV de France était l'équipe qui portait le plus de ballon dans un match (145 courses en moyenne), celle qui franchissait le plus (16,6 brèches par match), celle qui gagnait le plus de duels en attaque (27,6 défenseurs battus), et celle qui effectuait le plus de passe après contact (28 offloads en moyenne). Seulement, l'efficacité n'était pas au rendez-vous. La raison ? Un cruel manque d'efficacité dans la zone de marque. Un récurrence sous l'ère Novès.
Si les Bleus n'ont que peu franchi le premier rideau défensif irlandais samedi dernier, ils le doivent donc d'abord à la mise en place d'un jeu simplifié, avec beaucoup de passage par le sol. Mais le déficit de puissance n'est pas non plus anodin. Pour justifier le choix de Kévin Gourdon en troisième ligne centre au détriment de Marco Tauleigne plus pénétrant, le sélectionneur Jacques Brunel avait parlé "d’assurance, d’intelligence de jeu, d’expérience au niveau international". Un choix au détriment de la puissance. Pour défier l'Ecosse, Brunel conservera-t-il le même cap ? Des joueurs capable de franchir le rideau défensif des "Scottish", il en a dans son groupe.
Louis Picamoles est de retour, Sekou Macalou attend son heure, Jonathan Danty aussi. Les lancera-t-il ? "Je ne sais pas si le staff veut jouer dans la continuité ou apporter plus de puissance, a répondu le trois-quarts centre du Stade français. Le choix n'est pas de mon ressort. Mais, j'ai envie de jouer pour montrer de quoi je suis capable." Quand on lui parle de ses qualités de pénétration, il rétorque : "Des franchisseurs, des joueurs capables de jouer après contact, on en a et on pourrait s'appuyer dessus. Louis Picamoles par exemple, qui fait son retour, peut permettre de jouer dans l'avancée. Mais, je ne suis pas sûr qu'on ait besoin d'un centre pour jouer dans l'avancée. Et puis, Rémi Lamerat a un peu le même profil que moi. La question pour moi ne se pose pas, il sort d'un bon match."
Évidemment, les clés sont entre les mains de Jacques Brunel. La suite logique des événements serait de voir Marco Tauleigne être titularisé au détriment de Louis Picamoles tout juste rappelé, la paire de centre Lamerat-Chavancy renouvelée, Jonathan Danty n'étant que le suppléant de Bastareaud suite à sa suspension. En revanche, quid de Sekou Macalou ? Son rapport poids-puissance-vitesse en fait un des meilleurs franchisseurs du Top 14. Certes, il a du déchet. Et alors ? Pour battre l'Ecosse, dont la densité physique n'est pas franchement affirmée – doux euphémisme -, les joueurs pénétrants ne seront pas de trop.
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