Après les sanctions, des places à prendre

En faisant le choix de se passer des services de sept joueurs de sa liste initiale (Rémi Lamerat, Louis Picamoles, Teddy Thomas, Anthony Belleau, Félix Lambey, Sekou Macalou et Jonathan Danty) pour un "comportement inapproprié" - comme l'expliquait le laconique communiqué de la FFR - à la suite de leur virée nocturne qui avait suivi la défaite en Écosse, Jacques Brunel a indubitablement relancé la concurrence. Un choix fort du sélectionneur, qui doit revoir ses certitudes... et les grandes lignes de son effectif.

"J’ai enlevé sept joueurs. C’est important dans notre situation avant un match où nous avons peu de temps de préparation. Ce n’était pas évident à faire. Le sélectionneur pouvait se préserver, dire que l’on commençait à constituer un groupe, une équipe, à avoir une certaine cohérence après des tâtonnements. Nous avions déjà eu peu de temps pour construire un staff, donc, changer le groupe maintenant, ça pouvait être délicat. On aurait pu préserver tout ça. On ne l’a pas fait parce que l’on a préservé l’identité de l’équipe de France plutôt que sa construction" remarquait le sélectionneur du XV de France dans les colonnes de Midi Olympique ce lundi. "On a eu trois semaines pour préparer un staff, une équipe et, par rapport à la liste initiale, nous avons déjà perdu huit joueurs sur blessure. [...] Si on rajoute les sept exclus après l’Écosse, c’est aujourd’hui la moitié de l’équipe qui est différente."

Jacques nous a fait comprendre que les cartes étaient redistribuées (Taofifenua)

Mais ne comptez pas sur l'ancien entraîneur de l'UBB pour se laisser aller à la morosité. Un problème ? Une solution. Et pour remplacer les absents, sept exclus + Iturria (blessé) et Lapandry (choix), le nouveau sélectionneur a, par la force des choses, rappelé huit joueurs, tous plus prêts les uns que les autres à saisir leur chance. "Parmi les joueurs appelés, beaucoup ont de l’expérience. On va me demander : pour combien de temps sont exclus les joueurs ? Moi je dis ils sont exclus pour le temps que les autres, ceux qui les ont remplacés, leur laisseront. C’est la règle. Si ceux qui ont pris leur place n’ont pas l’ambition, la détermination de vouloir s’implanter dans cette équipe, alors peut-être que les exclus reviendront. Mais si les nouveaux leur prennent la place, il faudra les déloger."

Comprenez que s'ils n'étaient pas forcément programmés pour faire partie de l'équipe qui affrontera l'Italie au Vélodrome vendredi, Mathieu Bastareaud, François Trinh-Duc, Romain Taofifenua, Gaël Fickou, Rémy Grosso, Bernard Le Roux, Mathieu Babillot et Kélian Galletier se voient offrir une chance de s'inscrire durablement dans le groupe France.

"Je connais le contexte actuel et les difficultés rencontrées par l'équipe de France. Je suis donc évidemment content d'être rappelé, mais je me permets d'avoir le triomphe modeste [… ] Maintenant je sais que c'est une opportunité et qu'il n'y en aura pas des masses... Elle ne se présentera pas cinquante fois. Je pense qu'il y a des places à prendre et il faudra savoir saisir sa chance..." analysait dans ce sens le troisième ligne montpelliérain, Kélian Galletier ce matin, en marge de la séance de musculation organisée au stade Maurice David d'Aix en Provence.

A Romain Taofifenua de poursuivre : "Avant de penser à prendre une place, j'aimerais déjà avoir du temps de jeu et être sur la feuille vendredi... Mais il est vrai que Jacques nous a parlé et nous a fait comprendre que les cartes étaient redistribuées. Donc voilà, on a envie de montrer ce qu'on vaut."

Malgré le contexte, ce n'est que du positif (Babillot)

Et qu'ils soient dans les vingt-trois qui défieront l'Italie ou non, les huit "nouveaux" ont bien compris qu'ils avaient l'opportunité de se montrer sous le meilleur visage et de prendre une place dans le groupe qui terminera le Tournoi. Mathieu Babillot, également appelé pour la première fois depuis la prise de fonction de Jacques Brunel est conscient de la chance qui s'offre à lui. "J'arrive dans un contexte particulier, mais je pense que la vie est faite de hauts et de bas... Et si c'est un peu moins le cas pour les autres, ça me sourit aujourd'hui. Ce sont d'excellents joueurs et je pense qu'un jour ils auront à nouveau leur chance. Mais il nous revient d'apporter de l'envie, du sérieux et de l'enthousiasme. […] J'aborde cette rencontre comme un match de phases finales, au sens où nous (ndlr les "nouveaux" appelés) n'avons rien à perdre. Contre l'Italie on a tout à gagner. Pour nous, malgré le contexte, ce n'est que du positif. Et il va falloir qu'on bosse vite, qu'on adhère vite au projet de jeu et qu'on pige vite les choses pour impulser un nouveau dynamisme à l'équipe... et pourquoi pas plus..."

Comprenez que les nouveaux arrivants, s'ils ne savent pas encore s'ils seront dans l'équipe qui affrontera l'Italie, ont pris la mesure de la chance qui s'offrait à eux et auront à cœur de se montrer tout au long de la semaine aux yeux de Jacques Brunel. Comment dit-on ? Le malheur des uns fait le bonheur des autres ? Il revient en tout cas aux nouveaux appelés de saisir leur chance.