À l'ouverture, le chantier n'avance pas

Par Rugbyrama
  • Matthieu Jalibert (France) sortant sur blessure contre l'Irlande le 03/02/2018
    Matthieu Jalibert (France) sortant sur blessure contre l'Irlande le 03/02/2018
  • François Trinh Duc (France) vs Pays de Galles
    François Trinh Duc (France) vs Pays de Galles
  • Romain Ntamack
    Romain Ntamack
  • Marc Lièvremont et Emile Ntamack avec le reste du staff des Bleus en 2011
    Marc Lièvremont et Emile Ntamack avec le reste du staff des Bleus en 2011
  • Jonathan Sexton (Irlande) vs France le 03/02/2018
    Jonathan Sexton (Irlande) vs France le 03/02/2018
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Quatre ouvreurs pour cinq matchs. Jalibert, Belleau, Beauxis et Trinh-Duc se sont relayés au poste qui procure le plus d'incertitudes au sein du XV de France. Entre blessures et déceptions, le 10 reste une place à prendre.

Nous avions commencé avec Matthieu Jalibert. Mais ce dernier s'est blessé d'entrée contre l'Irlande (13-15) au bout de quelques minutes seulement, sans avoir eu le temps de faire ses preuves. Puis Anthony Belleau a raté la pénalité qui aurait pu mettre les Bleus à l'abri du drop victorieux de Jonathan Sexton. Surprise orchestrée par Jacques Brunel pour le déplacement en Ecosse, le retour de "l'ancien" Lionel Beauxis. Un retour qui n'a pas convaincu, notamment en raison de la fin de match face à l'Angleterre (22-16), redonnant deux fois le ballon au XV de la Rose sur des dégagements mal sentis. François Trinh-Duc, enfin, a repris le flambeau lors du match contre l'Angleterre puis contre le Pays de Galles. Si le match contre le XV de la Rose a donné satisfaction, celui contre les gallois beaucoup moins. L'ancien montpelliérain a tenu son rôle dans l'animation à Cardiff mais a commis quatre bévues dans le jeu courant (ballon non capté, touche non trouvée, en-avant et pénalité de la gagne ratée) qui ont coûté très cher aux Bleus.

François Trinh Duc (France) vs Pays de Galles
François Trinh Duc (France) vs Pays de Galles

L'absence de Camille Lopez, qui s'est gravement blessé en octobre et n'est pas encore revenu à la compétition, laisse un trou béant dans la charnière française. La pénurie de joueur de "niveau international" à ce poste est un débat récurrent. "C'est un problème générationnel, tu es dans un creux", estime Guy Accoceberry, ex-demi de mêlée du XV de France pour l'AFP. "Il y a de très bons jeunes qui vont arriver mais ils sont encore trop jeunes". Une pénurie qui peut aussi s'expliquer par le nombre d'ouvreurs étrangers en Top 14 (Carter, Cruden, Lamb, James, M. Steyn, Urdapilleta, Hickey, Botica, McIntyre...). Cette proéminence des ouvreurs provenant des quatre coins du monde empêche l'éclosion de jeunes espoirs tel Romain Ntamack (18 ans), installé avec l'équipe de France des moins de 20 ans, ou encore Louis Carbonel (Toulon, 19 ans). Seuls Matthieu Jalibert (Bordeaux-Bègles, 19 ans) et Anthony Belleau (Toulon, 21 ans) ont émergé depuis 2017.

Romain Ntamack
Romain Ntamack
Rappeler Lionel Beauxis, c'était une hérésie

Ce réservoir s'est tellement tari qu'il a fallu sélectionner des joueurs qu'on ne pensait plus voir en Équipe de France. "Rappeler Lionel Beauxis, c'était une hérésie", s'emporte Accoceberry. "Tu le rappelles parce qu'il a fait 3 bons matchs avec Lyon mais cela fait 3-4 ans qu'il n'est plus titulaire en Top 14. Tu lui fais plaisir mais tu ne lui rends même pas service. La fin de match contre l'Angleterre... Trinh-Duc hier, c'est pareil. Ces joueurs auraient mérité de sortir par une autre porte", juge l'ancien international (19 sélections entre 1994 et 1997) auprès de l'AFP. Une instabilité chronique dont on ne peut dédouaner totalement les anciens sélectionneurs (Marc Lièvremont, Philippe Saint-André, Guy Novès).

Marc Lièvremont et Emile Ntamack avec le reste du staff des Bleus en 2011
Marc Lièvremont et Emile Ntamack avec le reste du staff des Bleus en 2011

"Les différents staffs ne leur ont pas fait confiance. Ils auraient peut-être un meilleur niveau actuellement s'ils avaient pu jouer en continuité en équipe de France", lance Accoceberry, citant les exemples des Coupes du monde 2011 (le demi de mêlée Morgan Parra plutôt que Trinh-Duc en finale) et 2015 (Frédéric Michalak rappelé à 32 ans).

Un espoir pour 2023 ?

Cependant, les émergences de Matthieu Jalibert et Anthony Belleau dans leurs clubs respectifs laisse présager la fin de la période de vaches maigres. "Je serais pour installer une charnière de 4 joueurs qui ont entre 20 et 24 ans pour qu'en 2023, ils soient prêts," revendique Accoceberry. Une urgence au vue de la constance au poste de numéro 10 dans les autres nations : Beauden Barrett a pris la place de Dan Carter chez les All Blacks, Finn Russell (Ecosse) et Dan Biggar (Galles) font la loi chez eux et Jonathan Sexton, associé à Conor Murray, vient de faire triompher l'Irlande à 32 ans.

Jonathan Sexton (Irlande) vs France le 03/02/2018
Jonathan Sexton (Irlande) vs France le 03/02/2018

"Les grands dix, ce sont des joueurs complets qui sont souvent des tauliers de leur équipe. L'Irlande ne fait pas le Grand Chelem par hasard: sa charnière est installée depuis des années", constate Accoceberry, qui demande d'arrêter le "coup par coup". Une certitude, le choix du demi d'ouverture ne doit pas traîner, la Coupe du Monde en France approche vite.

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