Blanco: "J'ai des convictions et je pense qu'elles vont permettre à ces jeunes de se défoncer"

  • Serge Blanco pense qu'un nouveau vent de fraîcheur fera du bien au XV de France
    Serge Blanco pense qu'un nouveau vent de fraîcheur fera du bien au XV de France
  • Serge Blanco lors de la réunion du XV de France
    Serge Blanco lors de la réunion du XV de France
Publié le
Partager :

Au chevet des Bleus depuis le début de la saison, Serge Blanco a accompagné la récente ouverture à la sélection, élargi aux 30 noms initiaux. L'ancien arrière international en est persuadé, ce vent nouveau de fraîcheur remettra l'équipe de France sur de meilleurs rails.

Quelle est votre opinion sur le choix de Philippe Saint-André d'axer sa sélection sur une politique de "l'homme en forme" ?

Serge BLANCO: J'adhère totalement au fait de pouvoir travailler avec les garçons qui sont le plus en forme. On est reparti sur un point zéro, on a élargi le groupe et on a besoin de voir un certain nombre de joueurs. Dites-vous bien une chose: il y aura trois mois de préparation avant la Coupe du monde. Aujourd'hui, on a besoin de savoir si certains joueurs ne sont pas compétitifs ou n'arrivent pas à bousculer une certaine hiérarchie. Voilà ce qui est intéressant et ce sur quoi il faut travailler. Nous ne sommes pas là pour dire 'ne vous inquiétez pas, de toute façon, vous partirez à la Coupe du monde et tout va bien se passer'. C'est la concurrence qui permet d'élever le niveau. Tout le monde doit se mettre au diapason.

Alexandre Dumoulin ne figurait pas dans la liste élargie des 74 noms. Cette liste était-elle indispensable ?

S.B: On a un garçon qui fournit beaucoup d'efforts depuis le début de la saison et qui amène énormément à son équipe. Cela aurait été quand même calamiteux de notre part de ne pas lui donner au moins une chance de nous montrer ce qu'il peut faire. Il n'y pas d'idée arrêtée, de se dire que si untel n'est pas dans les 30, il n'a rien à faire avec le XV de France. Ma petite expérience me dit que si on n'avait pas permis à des garçons de venir se montrer, peut-être que le rugby français n'en serait pas où il en est aujourd'hui.

Si des jeunes arrivent, donnons leur une chance

Cela ne traduit-il tout de même pas une évolution des mentalités par rapport à une époque pas si lointaine où un joueur devait prouver ses qualités sur plus d'une saison pour espérer voir le maillot bleu ?

S.B: Attendez, ce ne sont que des stages ! Je voudrais juste vous rappeler que nous n'avons fait que deux stages. Vous pourrez tirer des conclusions après le match contre les Fidji. Nous amorçons la saison 2014-2015. Ayez un peu d'indulgence et essayez de comprendre ce que veulent faire les entraîneurs. Quand je vois l'engouement et la banane qu'ont les joueurs, il n'y a que ça qui me plaît. J'ai envie que ces mecs-là aient envie de travailler et d'aller plus loin, et sachent surtout qu'ils ont une chance à défendre. Comment voulez-vous qu'un groupe évolue si des joueurs pensent qu'ils n'ont rien à espérer ?

Appeler des joueurs comme Dumoulin, Camara ou Ollivon, qui n'ont éclos que très récemment, n'a donc rien d'une nouveauté...

S.B: Je ne sais pas si c'est une nouveauté. Moi, j'avais 18 ans quand je suis arrivé en équipe de France et j'étais une nouveauté aussi. Qu'est-ce que j'aurais fait si on ne m'avait pas donné ma chance ? J'ai fait une tournée, j'ai joué avec France B. Aujourd'hui, il n'y a plus de France B, excusez-moi, ce n'est pas ma faute. Comment voulez-vous qu'on puisse juger les gens si on ne les fait pas venir ? Le rugby a changé, est devenu différent en termes de détection. À partir de là, il faut respecter ce que nous sommes en train de faire. Si des jeunes arrivent, donnons leur une chance.

Serge Blanco lors de la réunion du XV de France
Serge Blanco lors de la réunion du XV de France
Nous étions dans une phase où les gens devenaient malheureux

Souhaitez-vous montrer la voie aux clubs de Top 14, qui rechignent parfois à lancer dans le grand bain des jeunes issus du centre formations, au profit de joueurs étrangers plus confirmés ?

S.B: Il ne faut surtout pas essayer de confronter l'équipe de France avec le Top 14. Les clubs font ce qu'ils ont à faire. Nous, nous avons un choix multiple pour faire venir un certain nombre de joueurs. À nous de mettre en place un système qui va nous permettre d'amener un souffle nouveau et une ambition nouvelle à cette équipe. S'il s'agissait de dire, on va s'appuyer sur 30 mecs et basta, c'est la politique d'autres, mais pas la nôtre.

Vous semblez convaincu d'être dans le vrai...

S.B: On ne peut jamais être sûr de rien. J'ai des convictions et je pense, du moins j'espère qu'elles vont permettre à ces jeunes de se défoncer. Quand on prend un certain nombre de raclées au mois de juin, cela ne fait jamais plaisir. On peut tous comprendre de perdre mais il ne faut pas que les gens soient malheureux. Je pense que nous étions dans une phase où les gens devenaient malheureux car on ne se battait pas assez et on ne montrait pas assez notre joie sur le terrain. Peut-être qu'on perdra en novembre, mais montrons au moins quelque chose de fort et cette envie qui peut faire basculer les montagnes. Il n'y a que ça qui m'intéresse.

Avec un peu de recul, vos nouvelles fonctions vous apporte t-elles plus de joies ou de tracas ?

S.B: Je n'ai pas de tracas, j'essaie de m'adapter. Il y a des choses bien plus dures dans la vie que de venir auprès du XV de France. Je serais malhonnête de dire que cela me file le bourdon ! Au contraire, cela me donne une grosse motivation. J'ai envie d'être là, de partager, d'assumer aussi un certain rôle en discutant avec vous et en faisant le tampon avec nos jeunes entraîneurs.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?