Les clés du match: finition et défi physique

• FINITION: ENTRE URGENCE ET PATIENCE

C'est l'éternelle quête du XV de France depuis un an et la cause de son triste bilan en 2013 (sept défaites, un nul, une victoire). Samedi dernier encore, face aux All Blacks, malgré des statistiques outrageusement dominatrices, les Bleus n'ont marqué qu'un essai et ont perdu. Le besoin de marquer, et particulièrement des essais, devient pressant. Dans leur recherche d'efficacité, les trois entraîneurs ont choisi de lancer l'ailier Sofiane Guitoune, le meilleur finisseur du Top 14 (sept essais comme le joueur de Bordeaux-Bègles Talebula). Le Perpignanais entend jouer pleinement son rôle d'électron libre: "C'est fini l'ailier qui reste sur son bord de touche et attend le décalage. Il faut se considérer comme un joker, se proposer dans la ligne et apporter les surnombres". La prometteuse première association de Wesley Fofana et Gaël Fickou au centre devrait amener des occasions. Avec une colonne vertébrale 2-8-9-10-12-15 quasi inchangée (seul Szarzewski remplace Kayser), les Bleus devront savoir montrer plus de maîtrise et patience. "On ne peut pas toujours finir sur un temps de jeu. Il faut parfois savoir rebondir, retravailler pour aller marquer, et pas seulement trois points", souligne le demi de mêlée Morgan Parra.

• JEU AU PIED: TROUVER LA BONNE LONGUEUR

Le jeu au pied a été le point faible du XV de France face aux All Blacks dans une première période maîtrisée. "Il y a eu un peu de précipitation ou de pression qui font que le jeu au pied était de mauvaise qualité. On l'a travaillé, explique l'ouvreur Rémi Talès. On va essayer de mettre en place une stratégie pour qu'on ait plus de temps, s'ouvrir les angles et faire avancer l'équipe". La longueur du coup de pied de Talès, louée par le manager Philippe Saint-André, ne s'est pas encore exprimée au niveau international. Face aux puissants Tongiens, "il faudra soigner notre jeu au pied d'occupation pour éviter de subir la pression adverse", confirme l'arrière Brice Dulin, un des trois "pieds" du XV de France avec Parra et Talès. Avec une charnière Parra-Talès reconduite après une première plutôt réussie, l'alternance devrait être en amélioration.

• PHYSIQUE: ENTRE DEFI FRONTAL ET EVITEMENT

Avec les titularisations de Forestier, Vahaamahina et Ouedraogo aux côtés des Mas, Maestri et Dusautoir, l'encadrement de Philippe Saint-André a opté pour un alliage de puissance et de mobilité pour répondre aux massifs Tongiens tant à l'impact que dans le jeu au sol. L'engagement ne devrait pas manquer côté français après la leçon de la défaite face aux Tonga (19-14) lors de leur dernière confrontation durant Coupe du monde 2011. "On sait que ça va être dur, on ne peut pas se permettre d'y aller la fleur au fusil. Ce sont des mecs qui font mal à l'impact, ils ont une densité physique énorme. Ils plaquent haut, fort. On ne peut pas y aller à 50%", prévient Pascal Papé. "Le Top 14, c'est très physique, il n'y a pas de raison qu'on ne puisse pas tenir face aux Tonga", sourit Bernard Le Roux.

"Si on les contre sur ce point fort qu'est l'agressivité, je pense qu'ils vont douter", ajoute Wesley Fofana. Si la présence sur le banc de Debaty, Papé, Le Roux ou Bastareaud permettront de relever ce défi toute la durée du match, la titularisation d'un marathonien comme Ouedraogo et des insaisissables Fickou et Fofana montre clairement que le contournement est clairement une des options du plan de jeu français. "Défensivement, c'est des tueurs avec leurs plaquages. A nous de les contourner, d'être lucide et de faire les bons choix tactiques pour éviter de trop subir", souligne Dulin.