Liebenberg: "Les Français qui ont le niveau pour le XV de France doivent avoir la priorité"

  • Brian Liebenberg - Mai 2014
    Brian Liebenberg - Mai 2014
  • Brian Liebenberg - France-USA - Coupe du monde 2003
    Brian Liebenberg - France-USA - Coupe du monde 2003
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Natif d'Afrique du Sud mais naturalisé français, Brian Liebenberg a porté le maillot du XV de France à 12 reprises, participant notamment au Mondial 2003. Retraité depuis 2011, après avoir évolué au Stade français (trois Brennus), il entraîne désormais Périgueux et a remporté le derby du Périgord tant attendu (24 ans!) à Bergerac. Il nous parle de son nouveau poste mais aussi des Bleus.

Brian, quelles sont vos activités depuis l'arrêt de votre carrière en 2011 ?

Brian LIEBENBERG: J'ai monté une société qui s'appelle "Libz" (son surnom NDLR)) où j'ai inventé un jeu sur un ballon de rugby nommé Playball. C'est ludique et éducatif. C'est bien pour la promotion du rugby mais aussi pour le développement technique dès le plus jeune âge. J'interviens dans les écoles de rugby et en milieu périscolaire. Cela permet aussi aux enfants de jouer au rugby n'importe où. C'est un projet personnel qui commence à fonctionner, ce qui me rend heureux. A côté de cela, je suis devenu entraineur (au CA Périgueux Dordogne en Fédérale 1) et c'est tout nouveau pour moi.

A ce propos, quel(s) sentiment(s) domine(nt) sur cette nouvelle fonction d'entraineur ?

B.L: C'est un nouveau challenge. Quand j'ai eu la possibilité de venir ici, j'ai tout de suite accepté. Je trouve que c'est un beau challenge pour moi, pour le club dans une saison compliquée jusqu'à présent. C'est une nouvelle belle expérience qu'il faut tenter dans la vie et on verra ce que cela va donner.

Entrainer, était-ce un choix de carrière ou un hasard de la vie ?

B.L: C'est un hasard. Cependant, avec mon ballon (Playball), j'entraine d'une certaine façon. Je propose des mini-stages, j'étais déjà dans la peau d'un entraineur en transmettant des choses aux jeunes. Aujourd'hui, ce sont toujours des jeunes mais un peu plus âgés (rires). C'est une autre façon de communiquer, de transmettre, comprendre puis intégrer la vie de groupe comme je l'avais en tant que joueur professionnel.

Je me sentais beaucoup plus Français que Sud-africain. Quand je chantais la marseillaise... pfff... c'était fabuleux !

Abordons le sujet du XV de France. Que pensez-vous de ce débat autour des joueurs "étrangers" qui intègrent et susceptibles d'intégrer les Bleus ?

B.L: C'est compliqué et je ne suis pas forcément le mieux placé pour en parler ! Tout ce que je peux dire et ce dont je suis d'accord, c'est que les joueurs français qui ont du talent et le niveau de jouer avec le XV de France doivent avoir la priorité. Après, si on a des joueurs formés en France, qui sont depuis longtemps dans le championnat français et que ces derniers montrent qu'ils peuvent apporter une plus-value à l'équipe nationale, je suis presque obligé de dire qu'il faut les inclure. Spedding en est un parfait exemple d'autant plus que nous avions besoin de lui car il y a des blessés au poste d'arrière (Dulin, Bonneval et Médard NDLR). Il ne faut pas totalement être contre le fait qu'il y ait des étrangers en France ou en équipe de France mais je pense aussi qu'il faut garder le côté français en priorisant le fait que les joueurs français soient le premier choix si je peux m'exprimer ainsi. J'ai un peu de mal à parler de joueurs étrangers car j'étais dans la même situation. J'ai été formé en France et je me sentais rugbystiquement beaucoup plus Français que Sud-africain. Et c'est le cas pour d'autres joueurs qui portent le maillot de l'équipe de France. Je préfère donc dire des joueurs formés en France plutôt que "joueurs étrangers".

Brian Liebenberg - France-USA - Coupe du monde 2003
Brian Liebenberg - France-USA - Coupe du monde 2003

Vous rappelez-vous de votre première réaction lorsque vous avez été appelé en équipe de France et votre ressenti lorsque vous avez enfilé ce maillot frappé du coq ?

B.L: Oh oui ! Beaucoup de fierté ! C'était génial ! J'étais en vacances en Afrique du Sud après notre titre de champion de France avec le Stade Français en 2003. Je n'étais pas sûr de la nouvelle et je ne comprenais pas trop. Après, quand tu es pris dans le groupe pour participer à la Coupe du monde, tu réalises davantage. C'est ce que je disais, je me sentais beaucoup plus Français que Sud-Africain. Quand je chantais la marseillaise... pfff... c'était fabuleux (les yeux pétillants). Je ne peux pas parler pour les autres joueurs mais j'imagine que c'est pareil pour eux aussi lorsque tu es appelé avec l'équipe nationale. On ressent de la fierté, de l'honneur à porter le maillot et que le sélectionneur pense à nous. D'autant plus que l'on n'y arrive pas comme cela car il y a énormément de travail et de sacrifices derrière. Cela restera comme le plus grand souvenir de ma carrière, de ma vie ! Je suis à fond supporter de l'équipe de France et je suis sûr qu'elle va retrouver son légendaire "french flair". L'histoire montre cela. Quand le XV de France arrive en Coupe du monde, quelque soit sa situation auparavant, cette équipe arrive toujours dans les quatre dernières et tout proche du sacre.

J'ai fait toute ma carrière professionnelle en France et j'ai porté le maillot de l'équipe de France alors mon cœur est français et mes encouragements iront vers les Bleus

L'Afrique du Sud est le principal pourvoyeur de joueurs "étrangers" pour l'équipe de France depuis Eric Melville. Quel regard porte t'on au pays des Sprinboks sur l'exode des talents amenés à jouer pour d'autres nations alors qu'ils ont le niveau pour évoluer avec leur pays d'origine ?

B.L: En Afrique du Sud, la compétition est très difficile. Un joueur comme Rory Kockott, qui aurait pu facilement porter le maillot des Boks, n'avait pas forcément sa chance car il y a énormément de concurrence et la structure du championnat est très dure. Si on ne leur donne pas leur chance, il est normal que les joueurs partent et cherchent le meilleur pour leur carrière. Après, quand on s'exile loin du pays, il est très difficile d'être sélectionnable. Il ne faut pas oublier aussi que nous sommes dans un monde professionnel et qu'il faut faire des choix. Et on le voit davantage après une Coupe du monde où beaucoup de joueurs viennent en Europe. C'est le professionnalisme qui veut cela et c'est le monde dans lequel nous vivons. Il faut faire avec, du mieux possible et respecter les choix de chacun.

Un match France-Afrique du Sud, qui supportez-vous ?

B.L: (Sourires) Bien sûr les Français même si j'ai des copains des deux côtés. Je soutiens mes amis français et sud-africains mais je reste Français et supporters français. Honnêtement, au fond de moi, j'ai fait toute ma carrière professionnelle en France et j'ai porté le maillot de l'équipe de France alors mon cœur est français et mes encouragements iront vers les Bleus. Je ne suis peut être pas français mais je parle bien avec un bon accent (rires) !

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