Saint-André: "L'équipe de France, c'est viscéral"

Par Rugbyrama
  • Saint André Deschamps - 24 octobre 2012
    Saint André Deschamps - 24 octobre 2012
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Réunis par l'AFP, les sélectionneurs Philippe Saint-André et Didier Deschamps ont échangé sur leur passé de joueur et leurs nouvelles fonctions.

Didier, vous avez beaucoup déclaré que l'équipe de France était ce qui vous était arrivé de mieux dans la vie...

Didier DESCHAMPS: Sur le plan professionnel, oui. C'est LE maillot. Gagner une Coupe du monde, un championnat d'Europe, il n'y a rien de plus beau. Ca s'est fait par étapes. Déjà, de jouer dans un club professionnel... Après, l'ambition, c'est d'être en équipe de France. Et quand tu y es, c'est merveilleux. Tu espères que cela durera le plus longtemps possible. J'ai toujours eu ça, de la première à la 103e (sélection), la dernière, cette sensation d'être privilégié. C'était un honneur d'être là. C'est le même sentiment (en tant que sélectionneur, NDLR). Ce n'est pas la même fonction mais cette fierté, oui. C'est une image mais redonner un peu ce que ce maillot m'a apporté. Moi, c'est viscéral. J'ai toujours cet attachement à ce maillot.

Philippe SAINT-ANDRE: C'est vrai que c'est viscéral. Didier, lui, a été champion du monde alors que nous, en 1995, on finit troisième et ça se joue à pas grand chose. Mais on a vécu tellement de moments exceptionnels... Ca change un homme. L'autre différence, c'est que ce n'était pas professionnel au début.

Quel souvenir conservez-vous de votre première sélection ?

D.D: Avril 1989. J'avais été appelé à la rescousse parce qu'il y avait des blessés. J'ai débarqué. J'étais rentré le dernier quart d'heure. J'avais vingt-ans. Un 0-0 (France-Yougoslavie, NDLR). Il fallait prendre le bon wagon, il (Michel Platini, alors sélectionneur, NDLR) pouvait choisir plein de joueurs et il a pris un groupe avec des anciens et des jeunes. Je faisais partie des quelques jeunes. Ca a duré quelques années.

P.S-A: On a pris une rouste. J'étais aussi très jeune remplaçant. Il y avait Garuet, Blanco, Dintrans... Et ma première (sélection), c'est la seule fois où la France a perdu à domicile contre la Roumanie (12-6) ! A Auch. Jacques Fouroux entraîneur... Serge Blanco jouait.

La trajectoire a été assez chaotique avant d'ariver aux sommets de 1998 et 2000...

D.D: "Chaotique, c'est le mot, oui. Pour ne pas dire autre chose. Le point noir, c'est 1994. On ne s'est pas qualifié pour la Coupe du monde. On était cinq ou six joueurs à être là et à avoir connu ensuite le succès. On sait ce qui s'est passé. Quand on se fait éliminer par la Bulgarie... J'étais jeune, j'étais en larmes parce que c'était un désastre. Un désastre de ne pas pouvoir faire une Coupe du monde. Quand on est joueur de haut niveau, une Coupe du monde, c'est le must. Et toi, ta première ?

P.S-A: Moi, les Anglais m'intriguaient. Le rugby passait pro. En France, on refusait le professionnalisme. Je me suis dit: "je n'ai pas envie d'être une génération sacrifiée, j'ai envie de tout connaître". Je suis parti en Angleterre sans dire un mot d'anglais. Après, je reviens comme capitaine de l'équipe de France. Quand tu as vécu des moments comme ça, représenté ton pays... Si tu as l'opportunité d'entraîner ton pays, c'est difficile à refuser. Là, il n'y a pas d'aspect financier, c'est quelque chose, c'est viscéral. Même si tu sais que c'est périlleux, même si tu sais...

D.D.: Qu'on va mal vieillir !

P.S-A: Même si tu sais que quand tu perds, tu as soixante millions de sélectionneurs, etc... Tu veux essayer d'amener ta compétence, ta passion en sachant que notre sport évolue en permanence, que les défis sont exceptionnels. L'évolution de ce sport a fait qu'il y a neuf pays qui ont évolué dans la liberté, la disponibilité des joueurs et que nous, on est le dixième. On est un petit peu largués par rapport à l'hémisphère Sud et par rapport aux autres nations du Six Nations. Parce qu'on a un championnat fort, parce que les joueurs ne nous appartiennent pas et qu'on les récupère au dernier moment. Mais on va se battre avec nos armes."

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