Les Boks perdent (trop) leurs nerfs

Lourdement défaits face à la Nouvelle-Zélande deux fois de suite, les Boks payèrent surtout au prix fort leurs fautes d’indiscipline. Lors de la première journée, le deuxième ligne Bakkies Botha assena un violent coup de tête sur le demi de mêlée néo-zélandais, Jimmy Cowan, alors au sol. Si l’arbitre Alan Lewis ne vit pas du tout ladite action, il exclut pour dix minutes le joueur des Bulls, peu de temps après, pour une succession de fautes. Calmant son tempérament de feu durant ce laps de temps, Botha se rendit compte de ses erreurs et du mal qu’il fit à son équipe. En effet, le centre Conrad Smith profita des largesses en défense dues à cette infériorité numérique pour inscrire le premier essai des Blacks. Et creuser ainsi un trou insurmontable pour les Springboks qui s’inclinèrent largement en entame de la compétition (32-12). Quelques heures après, le géant sud-africain passa devant la commission de discipline qui lui infligea neuf semaines de suspension. Puni jusqu’à la fin des Tri-Nations, Botha symbolise à lui seul le manque de maitrise actuel des champions du monde.

Car ses partenaires ont remis le couvert samedi à l’occasion de la revanche face aux Blacks. A peine quatre minutes de jeu et le deuxième ligne Danie Rossouw, remplaçant de Botha, se distingua par un coup de pied sur Richie McCaw. Alors, certes, le capitaine néo-zélandais était en position de hors-jeu. Mais cela n’excuse en rien ce geste stupide surtout que l’arbitre Alain Rolland l’avait sanctionné d’une pénalité. Résultat : carton jaune pour Rossouw. Et cela fut très préjudiciable puisque les coéquipiers de Dan Carter en profitèrent pour inscrire deux essais dans la foulée. "Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre un joueur aussi tôt dans une rencontre, surtout face aux Blacks. Cela nous rend vraiment la tâche difficile d’avoir un tel handicap", pestait en conférence de presse le talonneur et capitaine John Smit. "On ne peut pas critiquer nos efforts à 14 mais on prend tout de même deux essais. Je suis vraiment déçu de cette situation".

Jean de Villiers cité

Qu’est-ce qui peut expliquer un tel énervement ? Les Boks furent dominés par les Blacks sur leurs points forts, à savoir l’impact physique et l’agressivité – dans le bon sens du terme – au niveau des zones de rucks. N’arrivant pas à rivaliser, ils subirent lors des duels et s’avèrent donc friables en défense. Les Néo-Zélandais en profitèrent deux fois de suite en marquant à chaque fois quatre essais et glanant ainsi deux succès bonifiés. Les Boks avaient promis une revanche après la première correction à Auckland. Toute leur motivation se transforma en nervosité néfaste. Pour ne rien arranger aux affaires des Springboks, l’ailier Jean de Villiers vient d’être cité pour un plaquage dangereux sur son vis-à-vis Rene Ranger à la 27e minute. Le joueur du Munster va comparaître dimanche et pourrait donc être suspendu pour plusieurs semaines. Un possible coup dur dont se seraient passés les tenants des Tri-Nations…

Bref, rien ne va en ce moment pour le sélectionneur Peter de Villiers et ses hommes, largués au classement par leur bourreau du jour. L’entraîneur en chef des Boks s’est également emporté dans les vestiaires en se montrant critique envers l’arbitrage. "En six matches internationaux cette année, nous avons eu six différentes façons d'arbitrer au sol. Ce n’est pas normal. Nous avons les mêmes compétences que l'année dernière quand nous avons remporté le Tri-Nations. Nous sommes habitués à jouer le Super 14 avec certaines interprétations et maintenant, dans les six matches internationaux que nous avons joué, le jeu au sol était arbitré différemment". Et celui-ci, passablement furieux à ce sujet, promet d’être plus radical envers ses joueurs : "Je n'aime pas préparer mes gars à tricher mais il me semble que c'est la seule façon d'avancer." Les Sud-Africains sont énervés, cela n’est plus à prouver. Ils devront cependant trouver un peu de calme dans la semaine avant d’affronter l’Australie, samedi, à Brisbane. Sous peine de nouvelle déconvenue…