Les Blacks sur le toit du monde

A trois journées de la fin des Tri-Nations, le suspense n’existe plus. La faute à des Blacks impériaux dans le jeu. Cinq matchs, cinq victoires, le bilan est tout simplement parfait. L’Australie et l’Afrique du Sud doivent se contenter de maigres miettes, les Boks étant seulement parvenus à décrocher un maigre point de bonus défensif sur leur pelouse de Johannesburg samedi. Avec vingt-trois points au compteur, les Blacks ne peuvent plus être rejoints et s’adjugent leur dixième Tri-Nations de leur histoire. Une performance incroyable et qui place actuellement les Blacks sur le toit de la planète rugby. Sans que cela ne souffre d’aucune contestation possible.

Contre les Boks samedi, devant les 90.000 spectateurs de Soweto, la Nouvelle-Zélande était pourtant en bien fâcheuse posture et risquait de s’incliner. Oui mais voila, et c’est là la force de cette équipe, les Blacks n’ont pas lâché l’affaire et ont tout fait pour revenir au score. A deux minutes du coup de sifflet final, le capitaine McCaw, comme un symbole, inscrivait l’essai de l’égalisation. Alors certes, il y eut appel à la vidéo et bien malin qui peut affirmer avec exactitude la validité ou non de l’essai du troisième ligne néo-zélandais. Voila le brin de chance qui sourit aux grandes équipes, aux formations audacieuses et qui ne renoncent jamais. L’essai dans la foulée de Dagg, après un exploit de Nonu, a permis aux Blacks de remporter leur quatorzième victoire de suite. A un an de LEUR mondial, les coéquipiers de Dan Carter semblent déjà prêts. Et leurs failles peu nombreuses.

Hayman de retour ?

Avec vingt essais marqués, l’attaque des Blacks s’avère très performante. La ligne de trois-quarts fait preuve d’une vitesse d’exécution incroyable autour d’un point d’encrage et de fixation de qualité avec le surpuissant Ma’a Nonu. Le tout orchestré à merveille par Dan Carter, nouveau meilleur réalisateur de tous les temps en sélection nationale. Le pack n’a rien à envier avec un cinq de devant souverain et très fort en conquête. Et que dire de la troisième ligne, sûrement le joyau de Graham Henry. McCaw fait preuve d’un rayon d’action impressionnant et récupère un nombre incroyable de ballons même s’il n’est pas autant pénalisé qu’il le devrait. Read a totalement explosé au couloir et sa gestuelle derrière le pack en fait l’une des références actuelles du poste. Kaino apporte une grosse puissance et il est une arme redoutable dans la bataille des rucks. Sans oublier le banc où s’assoient des joueurs de talent comme Weepu, Dagg ou Whitelock, les blessés Ali Williams et Hore et l’éventuelle intégration de l’ancien Toulonnais Sonny Bill Williams.

Toutefois, tout n’est pas bleu dans le ciel du pays au long nuage blanc. En effet, les Blacks n’ont jamais réussi à confirmer leur bonnes dispositions à un Mondial après une année précédente flamboyante. Ensuite, le franc droit de la mêlée pose problème. Contre les Sud-Africains, les Blacks ont perdu deux ballons sur leurs introductions. Les frères Franks sont de bonnes alternatives mais pas forcément la meilleure solution pour rendre l’équipe invulnérable. Sean Fitzpatrick, le joueur le plus capé de l’histoire des Blacks, expliquait dans la presse locale : "On prétend au titre de champion du monde. On ne peut donc avoir une seule faiblesse. Il faut donc se battre pour le retour de Carl Hayman." Le message est clair. Mais pas sûr que Graham Henry l’entende. Voila peut-être une faille dans la carapace des Blacks.