Jalibert : "Je suis mort de faim !"

Par Rugbyrama
  • Champions Cup - Matthieu Jalibert (Union Bordeaux-Bègles)
    Champions Cup - Matthieu Jalibert (Union Bordeaux-Bègles)
  • Top 14 - Matthieu Jalibert à l'échauffement lors du match opposant l'UBB à la Section paloise.
    Top 14 - Matthieu Jalibert à l'échauffement lors du match opposant l'UBB à la Section paloise.
  • Champions Cup - Matthieu Jalibert (UBB)
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TOP 14 - Le demi d'ouverture de l'UBB s'est confié avec franchise pour évoquer sa mauvaise passe personnelle et celle de son club. Il a aussi évoqué sa soif de titres.

Que s’est il passé à l'UBB durant la coupure ?

Nous en avons d’abord profité pour nous régénérer. Certains étaient fatigués car ils avaient enchaîné pas mal de matchs. Pour ma part, j’en ai profité pour récupérer et continuer à travailler car après la blessure que j’ai subie, j’ai besoin d’une certaine continuité dans les charges de travail. Puis lundi, nous nous sommes retrouvés pour une bonne semaine d’entraînement avant de retrouver Lyon.

Contre Toulon pour votre retour, nous avons senti que vous n’étiez pas encore à votre meilleur niveau. Qu’en pensez-vous ?

Oui absolument, ça n'a échappé à personne. Mais pour moi, le fait de jouer 65 minutes, était une première victoire. Je ne suis pas satisfait de ce match, mais le plus important pour moi était ailleurs, je devais travailler en intensité pour aller ensuite de mieux en mieux et j’espère que ça se verra contre Lyon.

Dans un cas comme ça, qu’est ce qui manque le plus ? La vitesse, le démarrage ?

Déjà la "caisse" parce que l’intensité d’un match, c’est toujours autre chose que ce qu’on vit à entraînement. Ensuite, il faut être capable d’assumer la répétition des tâches et bien sûr retrouver mes sensations sur ce que j’ai l’habitude de faire, c’est à -dire la vitesse, les prises d’intervalle, tout ce que je n’ai pas réussi à faire contre Toulon. Mais la coupure était là pour ces fameuses charges de travail sur mes jambes et sur ma cuisse pour enfin retrouver ce niveau physique qui fait ma force.

Après tout ce que vous avez traversé cette saison, dans quel état d’esprit êtes-vous en ce moment ?

Je suis mort de faim. J’ai juste envie de retrouver mon meilleur niveau pour aider l’équipe à retrouver le succès. J’ai été très frustré, je suis passé à côté de certaines choses et j’ai soif de de titres.

Quel fut le moment le plus dur ?

Le plus dur, ce fut cette blessure pendant le Tournoi, juste avant le match face à Pau, quand j’ai compris que je ne ferai ni la fin du Tournoi, ni les matchs de l’UBB. J’ai vraiment pris un coup sur la tête. Mais quand tu rechutes comme ça, six fois, tout est compliqué. De la première à la sixième fois…. Maintenant c’est derrière moi, c’est pas la peine d’en parler à chaque fois.

Top 14 - Matthieu Jalibert à l'échauffement lors du match opposant l'UBB à la Section paloise.
Top 14 - Matthieu Jalibert à l'échauffement lors du match opposant l'UBB à la Section paloise.

Vous avez préféré partir de Bordeaux pendant un petit moment, non ?

Oui, c’était très compliqué pour moi, moralement. J’ai demandé à Christophe Urios si je pouvais m’éloigner, tout en travaillant bien sûr. Je voulais quitter un environnement qui était devenu difficile, surtout pendant le Tournoi des Six Nations. Je suis donc parti en Guadeloupe avec un kiné, et ça m’a fait du bien. J’ai pu travailler à tête reposée et ça m’a fait du bien.

On a du mal à s’imaginer ce que vous avez vécu. Souffriez-vous physiquement au quotidien ?

En fait, c’était surtout dur mentalement. Chaque fois que j’étais sur le point de revenir, on me disait que c’était bon, et au final, je ressentais une gêne, ça relâchait à chaque fois. Sur le plan physique, je n’ai pas trop souffert. Une déchirure, ça fait mal sur le coup, mais la douleur disparaît assez vite. Mais le plus compliqué, c’est que j’avais perdu confiance.

Revenons à l’UBB. D’autres joueurs ont parlé d’une mise au point collective. Confirmez-vous ?

Oui, il y eu des mises au point. Ça a chauffé, que ce soit avec le staff et avec les joueurs ; c’était normal qu’il y ait eu ces tensions et ces règlements de compte entre guillemets. Il fallait se dire les choses comme elles sont. Mais dans la vie d’un groupe il faut passer par ces étapes-là.

Quels thèmes avez-vous abordés ?

Le fait de redevenir une équipe. Contre Toulon, quand ça a commencé à être compliqué, on a chacun joué un peu pour soi, on a moins fait d"efforts. Et face à une équipe qui nous a proposé une opposition d’un niveau de phase finale et ça a donné ce que vous avez vu. Il fallait se retrouver sur l’état d’esprit, sur ce qu’on devait faire tous ensemble pour travailler en équipe et regagner des matchs. Samedi, on va affronter le LOU qui a repris confiance en Coupe d’Europe et qui revient bien après la claque reçue chez lui face à Toulon.

Est-ce difficile d’être dans la position du chassé ?

On ne le voit pas comme ça, le LOU a autant de pression que nous puisqu’il doit absolument gagner pour se qualifier. On va se concentrer sur nous seuls et sur notre performance.

Allez-vous assumer les tirs au but ?

Je ne connais pas encore la composition d’équipe. Mais je pense que si je commence le match avec Max Lucu, c’est lui qui prendra les tirs au but. Ma blessure a été très traumatisante, notamment sur le geste du buteur et puis Max est pleine confiance, il gère bien cet exercice en ce moment. Ça me déchargera et ça me permettra aussi de me concentrer sur la façon de bien faire jouer l’ équipe. Mais je ne pense pas avoir perdu mon rugby, j’ai retrouvé de bonnes sensations durant la coupure c’est mon niveau physique que je dois retrouver. Mais honnêtement, je ne suis pas très inquiet. Je sais que quand j’aurais retrouvé la capacité à enchaîner les efforts, et résolu cette équation physique, alors le rugby reviendra tout seul.

Champions Cup - Matthieu Jalibert (UBB)
Champions Cup - Matthieu Jalibert (UBB)

Est-ce que l’UBB a vécu la période la plus difficile depuis l’arrivée de Christophe Urios ?

La plus difficile oui, car c’était la première fois qu’on perdait plus qu’on ne gagnait. On a vécu notre période la plus tendue. Alors que depuis 2019, nous étions au moins équitables sur la balance. Là on a connu un moment dur, mais toutes les équipes en connaissent. C’est dans ces moments-là qu’il faut se resserrer et qu’on voit vraiment le caractère de l’équipe.

Êtes-vous revanchard après certaines critiques ? On a dit : "Matthieu Jalibert est trop fragile", ceci, cela. Comment avez vous vécu ça ?

J’ai eu de la chance dans mon malheur. J’ai débuté à 18 ans en sélection et j’ai connu les critiques très jeune. J’ai appris à les gérer. J’ai compris que quoi que je fasse, il y aura toujours des avis positifs et des avis négatifs. Je ne suis pas revanchard. Je n’ai pas besoin de prouver quoi que ce soit aux gens, je sais ce que je vaux, je sais ce que je suis capable de faire. Je suis en mode compétition pour retrouver mon meilleur niveau. Les critiques, elles ne me font ni chaud, ni froid.

Il y a toujours eu de grosses attentes autour de vous, vous n’êtes pas un joueur lambda...

Depuis le début de ma carrière, j’ai vécu un engouement médiatique. Quoi que je fasse, je serai toujours un joueur plus ciblé que d’autres par les médias. Je vis avec.

Mais on dit, qu'i il y a une UBB avec Jalibert et une UBB sans Jalibert...

Ah d’accord ! Regardez contre Toulon, j’étais là. On a perdu. Oui bien sûr, je pense faire partie des joueurs importants. On a d’autres retours importants qui arrivent, mais ça ne suffit pas. Ce qui compte, c’est que quinze mecs s’y filent et travaillent ensemble pour faire des grandes choses.

Vous avez évoqué récemment une question de diagnostic. Avez-vous pris conscience de la fragilité d’une carrière ?

Honnêtement, je n’ai pas envie de revenir là dessus. J’ai dit ce que j’avais à dire. Chacun a sa part de responsabilité, mais ce n’est pas ça qui fera que je suis un meilleur joueur ou non. Il faut désormais voir le positif.

Avez-vous profité de votre absence pour observer les autres équipes ?

Je suis un fan de rugby, je regarde les matchs, que je sois blessé ou pas blessé. Après, quand j’étais en Guadeloupe, j’ai un peu coupé. Mais quand on est professionnel on note toujours des combinaisons intéressantes, ou telle ou telle faiblesse mais honnêtement, je ne l’ai pas fait davantage parce que j’étais blessé.

Propos recueillis par Jérôme PREVOT

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