Lyon : le synthétique, c’est fantastique ?

  • Clément Laporte et Léo Berdeu avec Lyon
    Clément Laporte et Léo Berdeu avec Lyon
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TOP 14 - Le LOU se déplace ce samedi (17h) à Paris La Défense Arena et s’il ne sera pas en terre conquise, la surface lui sera familière. Car depuis cet été, Lyon dispose de la même surface synthétique que celle du Racing 92. Et ses récentes performances en terres franciliennes n’ont pas été anodines dans ce choix, et dans le projet de jeu qui en découle.

Un petit regard sur l’historique des confrontations entre le Racing 92 et le LOU à Paris La Défense Arena montre que Lyonnais s’y sont déjà imposés deux fois sur trois, et ce n’est pas anodin lorsqu’il s’agit de prendre de la hauteur sur les récentes performances rhodaniennes. Sur ces trois matchs, Lyon a réussi à inscrire 8 essais et a développé un jeu qui doit justement être celui qui va désormais davantage caractériser cette équipe au quotidien, du fait que le revêtement synthétique du Matmut Stadium de Gerland est maintenant le même que l’enceinte de Nanterre. Sans dire que c’est ce qui a motivé la mutation estivale – puisqu’il y avait également des considérations économiques – ce constat a en partie nourri la réflexion globale et représente un pourcentage non négligeable dans la validation de Pierre Mignoni.

Il sera donc intéressant de voir comment va se comporter ce LOU version 21-22 ce samedi face aux Franciliens, au regard des premières sorties à domicile ponctuées par des succès face à Clermont (28-19, 3 essais marqués) et Perpignan (47-3, 10 essais marqués). En charge des skills au Racing 92, Philippe Doussy nous avait confié il y a quelques mois qu’avant de se déplacer à Paris La Défense Arena, "les équipes font un travail spécifique sur terrain synthétique, pour voir notamment comment répond le ballon." Ce qui ne sera pas une nécessité pour le LOU. Surtout, l’ancien demi-de-mêlée précisait que cela favorisait "une philosophie de jeu ambitieuse avec des joueurs dynamiques. Il ne faut pas mettre le frein à main." Alors, aurons-nous le droit à une rencontre débridée ? C’est plus complexe que cela.

Le recul sur les statistiques des deux premières rencontres du LOU à Gerland ne laisse pas transparaitre de "révolution". L’ailier Xavier Mignot précise que "sur les premiers matchs, on n’a pas changé notre système. On joue pareil, avec les forces de l’équipe. Ce qui ressort, c’est qu’il faut être vraiment très propre techniquement, exigeant individuellement sur tous nos gestes techniques. Il faut être très précis." Les Rhodaniens tournent à une moyenne de 8 en-avants sur ces deux matchs, avec des courses dans les standards observés en TOP 14, et c’est sur la durée que l’on pourra mesurer un éventuel impact. Néanmoins dans le recrutement, Lyon sait qu’il doit prendre en considération ce paramètre, alors que le pilier Jérôme Rey, arrivé de Grenoble, plaisante sur la nécessité de "protéger (ses) genoux et (ses) chevilles."

Une influence sur la manière de se cramponner ?

L’exemple francilien montre quand même que sur la durée, le Racing 92 a vu son jeu évoluer, au regard de sa ligne de trois-quarts actuelle - clinquante - capable de s’adapter au rythme et à des changements relatifs mais essentiels quand on sait que le haut-niveau est fait de petits détails. "Je trouve que sur les rebonds du ballon, cela rebondit un peu plus droit, et un peu plus fort. Ils sont légèrement différents. La surface accélère le jeu, les déplacements et nos vitesses de courses. Mais au Racing, il y a le paramètre supplémentaire des conditions climatiques qui sont toujours les mêmes, entre la température et le vent", analyse Xavier Mignot. Pierre Mignoni assure quant à lui que "c’est aussi beaucoup d’exigence dans les libérations, le jeu au sol et les zones de combat où il faut être précis, sinon le ballon roule."

L’impact sur le temps de jeu effectif est aussi mesurable, à l’image de la Premiership qui affichait en 2019 une moyenne de 36,35 minutes (contre 32,15 pour le TOP 14) et où les terrains synthétiques sont nombreux. Voilà pourquoi évoluer au quotidien, ou presque, sur terrain synthétique demande une condition physique élevée, et le LOU s’est attaché à renforcer en nombre son effectif à l’intersaison, pour justement répondre à cette problématique. Et les expériences passées de changement de revêtement montrent que c’est un virage à ne surtout pas manquer, à l’image d’Oyonnax qui avait été relégué de TOP 14 l’année de la bascule entre une pelouse naturelle et un terrain synthétique, payant également une révolution trop brutale de son jeu et un recrutement visiblement pas totalement adapté à ces exigences.

Et parmi les erreurs du passé concernant le synthétique, il y a par ailleurs ce secret longtemps bien gardé mais qui au fil des saisons n’en est plus véritablement un, c’est celui des crampons que portent les joueurs. "C’est relativement pareil, assure finalement Xavier Mignot. J’ai toujours joué en petit fer, c’est-à-dire des crampons hybrides, pour terrain gras. Avec les nouveaux synthétiques, celui du Racing ou le nôtre, et bien je joue pareil. Ça ne change pas. Mais certains jouent avec des moulés ou même des crampons spéciaux pour le synthétique." Lyon ne rime ainsi pas avec révolution, pour autant il n’y aura pas de surprise pour les troupes de Pierre Mignoni ce samedi à Paris La Défense Arena. Elles auront surtout en considération que l’adversaire sort d’une défaite chez le promu Biarritz et qu’il est sommé de réagir…

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