L’Union Bordeaux-Bègles face au jury : sans réussite au contrôle terminal

Par Rugbyrama
  • Face au jury - Union Bordeaux-Bègles
    Face au jury - Union Bordeaux-Bègles
  • Maxime Lucu et Matthieu Jalibert (Bordeaux-Bègles)
    Maxime Lucu et Matthieu Jalibert (Bordeaux-Bègles)
  • Christophe Urios (Bordeaux-Bègles)
    Christophe Urios (Bordeaux-Bègles)
  • Bastien Vergnes-Taillefer (Bordeaux-Bègles) fonce vers la ligne d'essai toulousaine, le 4 décembre 2021.
    Bastien Vergnes-Taillefer (Bordeaux-Bègles) fonce vers la ligne d'essai toulousaine, le 4 décembre 2021.
  • Yoram Moefana (Bordeaux-Bègles) échappe à la défense parisienne, le 11 septembre 2021.
    Yoram Moefana (Bordeaux-Bègles) échappe à la défense parisienne, le 11 septembre 2021.
Publié le Mis à jour
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TOP 14 - C’est l’heure des passages devant le jury pour les 14 équipes du championnat. Après une haletante saison 2021-22, chaque club doit tirer son bilan pour faire mieux l’année prochaine. Excellent élève durant l’année scolaire, l’écolier bordelais avait préparé toutes ses fournitures pour briller. Seul l’examen lui a posé une colle.

En trois actes, l’UBB a côtoyé les sommets, fait le dos rond et excité les médias. Il y eut d’abord cette furia bordelaise, celle qui emporta tout sur son passage en début de saison. Puis le coup de la panne hivernale, série morose de cinq courtes défaites pour autant de désillusions. Enfin, des tensions naissantes autour de Christophe Urios et ses leaders de jeu, agitation dont les médias ont raffolé. A bien des égards, l’exercice passé était électrique en Gironde jusqu’au bout de la saison et au-delà, à l’image du départ de Cameron Woki vers le Racing 92 officialisé au début de l’été.

Pour la seconde fois consécutive, Bordeaux-Bègles s'est hissé en demi-finale, sans qualification directe en raison du revers à Perpignan qui causa bien des troubles entre Urios et ses joueurs. Matthieu Jalibert et les siens, troisièmes du Top 14, sont passés par la case du barrage et ont réagi avec orgueil pour décrocher une place dans le dernier carré. Un cap que les Bordelais n’ont ensuite pas réussi à franchir, éliminés par le futur champion montpelliérain. Fébrile sur la scène européenne avec une élimination dès les huitièmes de finale de Champions Cup, l’UBB court toujours après une place dans la cour des grands.

Le + de la saison : Lucu-Jalibert, la paire fait l’affaire

Doublures d’Antoine Dupont et Romain Ntamack en équipe nationale, Maxime Lucu et Matthieu Jalibert ont continué de briller en club. Le premier, ancien joueur du Biarritz Olympique, a encore pris du galon la saison passée. Son excellent jeu au pied d’occupation, ses qualités de buteur et sa gestion offensive ont été précieux. Derrière un pack solide porté par des gaillards comme Ben Tameifuna, Thomas Jolmès ou Mahamadou Diaby, Lucu a su distribuer le jeu vers ses trois-quarts et faire preuve de sang-froid dans les moments cruciaux. Sa pénalité décisive lors de la victoire à Montpellier (22-23) en a été la preuve.

Maxime Lucu et Matthieu Jalibert (Bordeaux-Bègles)
Maxime Lucu et Matthieu Jalibert (Bordeaux-Bègles)

Son compère Matthieu Jalibert n’a pas été moins important. Touché par une blessure aux quadriceps qui lui a fait manquer une partie de la saison, l’ouvreur s’est vite rappelé au bon souvenir de ses adversaires. Il s’est offert un retour pour la dernière ligne droite du championnat dès le mois de mai. Par ses prises d’intervalles imprévisibles et sa justesse dans les lancements offensifs, Jalibert a montré qu’il était l’accélérateur du jeu bordelais.

La charnière de l’UBB, chérie par le public de Chaban-Delmas, a encore de beaux jours devant elle puisque Lucu est engagé jusqu’en 2024, Jalibert jusqu’en 2025.

Le - de la saison : tensions en conclusion

"Cameron (Woki, N.D.L.R) je ne le vois pas, Matthieu (Jalibert, N.D.L.R) je ne le vois pas. On se retrouve 3ème. Finalement, sur la deuxième partie de saison, on ne mérite pas d'être dans le top 2", déclarait Christophe Urios au soir de la défaite à Perpignan à la 26ème journée. Difficile de savoir si le coup de gueule du coach a eu des effets bénéfiques ou négatifs sur ses hommes. Bien sûr, aussitôt avait-il tâclé ses cadres que le sursaut arriva. Bordeaux battait le Racing 36 à 16 en barrage et ses leaders de jeu, piqués dans leur orgueil, répondaient brillamment sur le terrain.

Christophe Urios (Bordeaux-Bègles)
Christophe Urios (Bordeaux-Bègles)

Mieux encore, ils répondaient aux médias une semaine plus tard : "Les tensions, elles viennent beaucoup de vous (les journalistes). Il n’y a jamais trop eu de tensions. Il y a eu des mots dans la presse qui ont été mal interprétés [...] mais Christophe ne nous a jamais lâché et nous n’avons jamais lâché Christophe", assurait Matthieu Jalibert au moment du bilan, après la défaite en demi-finale contre Montpellier. Curieux de la part du demi-d’ouverture qui assurait sèchement qu’il "ne jouait pas pour Christophe Urios" quelques jours plus tôt.

Il reste que l’effectif est apparu bien chamboulé en fin d’exercice. Le malaise entre le staff et les joueurs, bien que nébuleux, a déchaîné les passions des médias. Un coup de buzz dont l’Union Bordeaux-Bègles se serait bien passé dans une période importante comme celle des phases finales.

Le match de la saison : duel de leaders face aux Rouge et Noir

Éliminée par le Stade toulousain en demi-finale du Top 14 en 2021, l’UBB retrouvait les Rouge et Noir devant son public le 4 décembre. Si le terme "revanche" demeurait inapproprié au vu d’un contexte différent, l’affiche jouée à guichets fermés (devant 33 000 spectateurs, N.D.L.R) était un choc entre les deux premières équipes du championnat. Les formations alignaient leurs équipes types pour l’occasion. Jelonch, Dupont, Ntamack et autres internationaux chez les Toulousains. Lucu, Jalibert ou encore Cordero côté bordelais. La partie s’annonçait âpre et disputée. Elle n'a pas dérogé aux attentes.

Bastien Vergnes-Taillefer (Bordeaux-Bègles) fonce vers la ligne d'essai toulousaine, le 4 décembre 2021.
Bastien Vergnes-Taillefer (Bordeaux-Bègles) fonce vers la ligne d'essai toulousaine, le 4 décembre 2021.

Matthieu Jalibert inscrivait deux pénalités en première mi-temps, avant de sortir sur une blessure à la cuisse. Le score minime à la pause (6-0) en disait long sur la rudesse du bras de fer. L’équipe d’Ugo Mola réagissait en début de seconde période par un essai de François Cros et le match était relancé. Mais, au courage, les Bordelais reprenaient rapidement l’avantage au score, d’abord grâce à l’essai de Bastien Vergnes-Taillefer, complété par deux pénalités de Maxime Lucu. Bordeaux-Bègles l’emportait 17 à 7 et bouclait une belle soirée récompensée d’une première place au classement général.

Le joueur de la saison : Yoram Moefana, le centre lui appartient

Depuis son arrivée à l’Union Bordeaux-Bègles en 2019, Yoram Moefana se montre de plus en plus convaincant à chacune de ses apparitions. Explosif en attaque et agile balle en main, le trois-quarts centre international (8 sélections) présente un profil complet. Sa corpulence (1,82m ; 97kg) n’est pas supérieure à celle des autres joueurs au même poste mais il sait en tirer profit pour gagner ses duels et faire avancer son équipe. Même s’il n’a pas encore remporté de titre avec son club, l’ancien joueur de Colomiers passé par l’équipe de France des moins de 20 ans a réalisé une saison aboutie. Il a notamment remporté le Grand Chelem avec le XV de France et a su prouver sa polyvalence, puisqu’il a été titulaire à deux reprises au poste d’ailier avec les Bleus (à la manière d’un Gaël Fickou qui avait lui aussi glissé à l’aile par le passé, N.D.L.R).

Yoram Moefana (Bordeaux-Bègles) échappe à la défense parisienne, le 11 septembre 2021.
Yoram Moefana (Bordeaux-Bègles) échappe à la défense parisienne, le 11 septembre 2021.

Lié à l’UBB jusqu’en juin 2024, Moefana est encore en pleine progression. A 22 ans, son potentiel révèle toutes les qualités attendues au centre : fiable en défense, intelligent dans ses courses, et bon perforateur. Le natif de Wallis-et-Futuna, aligné à 21 reprises en club la saison passée est à présent l’un des joueurs les plus attendus dans la ligne de trois-quarts bordelaise.

Et maintenant ? Écrire l'Histoire avec un titre

Nouveau visage du haut de tableau ces dernières années, l’Union Bordeaux-Bègles monte en puissance. Encore timide à l’échelle européenne, le club ne cache plus ses ambitions en Top 14. Il n’est pas parvenu à offrir la sortie espérée à ses vieux guerriers Louis Picamoles et François Trinh-Duc, partis à la retraite et à d’autres cadres de l’équipe comme Cameron Woki, Ulupano Seuteni ou Ben Lam, partis vers d'autres horizons.

Heureusement, l’Union Bordeaux-Bègles s’est renforcée grâce aux arrivées d’Antoine Miquel, Zack Holmes, ou Tani Vili. Une demi-finale ne lui suffit plus, elle qui semble courtiser sans pudeur un titre. Les joueurs de Christophe Urios doivent confirmer que ce n’est pas une illusion.

par Rayane BEYLY

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