Le Racing 92 face au jury : élève assidu, trop de pression aux examens
TOP 14 - C’est l’heure des passages devant le jury pour les 14 équipes du championnat. Après une haletante saison 2021-22, chaque club doit tirer son bilan pour faire mieux l’année prochaine. Les Racingmen ont fini parmi les six meilleurs élèves mais une fois les examens venus, ils n'ont pas fait le poids face à la tête de classe. Comme souvent.
La statistique est remarquable. Depuis sa montée en Top 14 en 2009, le Racing 92 n’a jamais manqué les phases finales de l’élite. Une série de douze qualifications consécutives qui perdure d’année en année et donne du lustre à ce club créé en 1882. Problème : derrière cette dynamique, les Ciel et Blanc ont pris la fâcheuse habitude d'échouer en phases finales.
Ces derniers mois, les joueurs de Laurent Travers ont connu un nouvel exercice décevant. Après trois finales de Champions Cup perdues entre 2016 et 2020, l’Europe semblait enfin leur sourire cette année. C’était sans compter sur les Rochelais, futurs champions du vieux continent, et bourreaux des franciliens en demi-finale à Lens. Embarqués de justesse pour les barrages de Top 14, les Racingmen, sixièmes, ont rendu les armes à Bordeaux, pour boucler une saison semblable à d’autres. Toujours bien placés, jamais gagnants.
Le + de la saison : tout pour l’attaque
Le Racing a marqué 661 points sur l’ensemble du dernier exercice. Meilleure attaque du Top 14, le club a pu s’appuyer sur ses artistes des lignes arrières nommés Russell, Fickou, Vakatawa, Thomas, ou Imhoff. Souvent qualifiés de "Galactiques", les trois-quarts du Racing ont été friands d’espaces et ont proposé des mouvements d’envergure. Il faudra citer ici leur essai de 80 mètres à Paris lors de la première journée de Top 14 ou celui de Max Spring en quart de finale européen contre les Sale Sharks; ledit Spring ayant été une révélation au poste d’arrière. Seule ombre au tableau : des trois-quarts comme Teddy Iribaren ou Kurtley Beale, blessés sur tout ou partie de la saison, ont manqué ce récital offensif.
Par ailleurs, des joueurs du pack tels que Yoann Tanga ou Ibrahim Diallo ont brillé par leur mobilité sur le terrain. Le 3ème ligne Wenceslas Lauret, auteur de neuf essais dont cinq en championnat de France, s’est avéré être un finisseur efficace, outre son activité défensive déjà réputée. A tous les étages de son effectif, le Racing disposait de joueurs capables de gagner leurs duels et faire jouer derrière eux.
Le - de la saison : une défense à travailler
Loués pour leur vitesse de jeu, les Racingmen ont fait mouche devant leur public la plupart du temps, bien qu’il leur soit arrivé d’être pris au piège sur leur pelouse synthétique de La Paris La Défense Arena. Les revers à domicile face à Montpellier (21-32) et Bordeaux-Bègles (14-37) en ont été la preuve. Sur l’ensemble de la saison, Antoine Gibert et les siens ont encaissé 568 points, soit plus que n’importe quelle autre équipe parmi les neuf premiers du classement. Seuls les cinq derniers du championnat en ont encaissé davantage.
Une statistique peu flatteuse qui s’ajoute au faible nombre de points de bonus récoltés par le Racing en vingt-six journées (seulement six, NDLR). Lorsque leur fantasque ouvreur Finn Russell était peu inspiré ou absent, les Ciel et Blanc avaient tendance à perdre le rythme, dépourvus de solutions offensives, et parfois fragilisés par un huit de devant moins dense que d’autres équipes. Des difficultés visibles pendant l'hiver, lorsqu'ils se sont inclinés quatre fois d'affilée entre la 10ème et la 14ème journées.
Le match de la saison : jeu de chaises musicales pour filer en barrage
En juin, les Racingmen ont failli partir en vacances plus tôt qu’à l’accoutumée. Suivi de très près au classement par Toulouse, Toulon, Lyon, et Clermont, le club des Hauts-de-Seine devait à tout prix l’emporter face au Rugby Club Toulonnais pour se qualifier à l’issue de la 26ème journée.
Ce 5 juin à La Défense, une équipe toulonnaise mal engagée en début de saison espèrait faire le casse du siècle. Les joueurs du RCT prenaient le contrôle du match par la botte de Louis Carbonel et par un essai de Duncan Paia'aua. Les locaux étaient menés et ne trouvaient plus de solution depuis leur seul essai signé Tanga en début de match. L'aventure aurait pu s'arrêter là mais le Racing a son sauveur et il s’appelle Juan Imhoff. A vingt minutes du terme, l’ailier argentin trouvait une faille sur un coup de pied à suivre malicieux qui lui permettait de récupérer la gonfle juste devant l’en-but et d’aller marquer. Au jeu des chaises musicales, le Racing arrachait la sixième et dernière place qualificative. Pas la plus belle, mais certainement la plus importante.
Le joueur de la saison : Le Garrec, tout d’un grand
Il n’a que 20 ans et Nolann Le Garrec est déjà le patron derrière le pack francilien. Le demi de mêlée formé au RC Vannes a été l’une des plus belles satisfactions chez les Racingmen au cours de la saison passée. Précis sur ses libérations de balles, véloce sur ses prises d’intervalles, il a disputé seize rencontres de Top 14 et quatre de Champions Cup lors de l'exercice 2021-2022.
S’il avait dû se contenter d’une dizaine de matchs de championnat l’an dernier, le plus souvent en tant que remplaçant, Le Garrec est désormais devenu un leader des Ciel et Blanc. Ses initiatives sur le terrain ouvrent des brèches à la cavalerie des lignes arrières avides d’espaces. Le joueur passé par l’équipe de France des moins de 20 ans a poursuivi sa progression fulgurante en étant appelé pour la première fois avec les Barbarians Britanniques au mois de juin.
Il s’ensuivit une convocation pour la tournée du XV de France au Japon. Le Garrec n’a, certes, joué aucun des deux tests au Pays du Soleil Levant mais sa présence a confirmé qu’il était dans les bons papiers de Fabien Galthié. Actuellement quatrième dans la hiérarchie nationale au poste derrière Antoine Dupont, Maxime Lucu, et Baptiste Couilloud, le demi de mêlée n’a jamais semblé aussi proche de se faire une place avec les Bleus. La concurrence promet d’être rude mais il l’a déjà connue en club avec Maxime Machenaud. La Coupe du monde en France sera en 2023 et Le Garrec a une saison pour sortir le grand jeu.
Et maintenant ? Un nouveau statut à aller chercher
Dans les Hauts-de-Seine, les saisons se suivent et se ressemblent. Abonné aux phases finales du Top 14 depuis plus de dix ans, le Racing 92 peine à retrouver le Brennus depuis son titre en 2016. Pour se relancer dès le mois de septembre, le club pourra compter sur l’arrivée du flanker tricolore Cameron Woki (16 sélections) mais également sur l’arrière des Springboks Warrick Gelant (11 sélections), tout droit venu des Stormers.
Habituée à jouer sur les deux tableaux, l’écurie de Jacky Lorenzetti retrouvera le Leinster et les Harlequins en Coupe d’Europe. Quant au Top 14, les coéquipiers d’Henry Chavancy, plus réguliers qu’aucune autre équipe en championnat de France ces dernières années, devront troquer leur costume d’outsider pour celui de champion.
par Rayane BEYLY
J'ai déjà un compte
Je me connecteSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?