Castres, ce géant qui se voit trop petit

Par Rugbyrama
  • Top 14 - Santiago Arata (Castres)
    Top 14 - Santiago Arata (Castres)
  • Mathieu Babillot (Castres) en communion avec les supporters castrais
    Mathieu Babillot (Castres) en communion avec les supporters castrais
  • Rory Kockott incarne le CO des années 2010 avec un essai décisif lors de la première finale face à Toulon
    Rory Kockott incarne le CO des années 2010 avec un essai décisif lors de la première finale face à Toulon
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TOP 14 - À quelques heures de la finale entre le CO et le MHR, les Tarnais n’avancent plus masqués. 1er de la saison régulière, tombeur du Stade toulousain en demi, les Olympiens s’imposent définitivement comme un ténor du championnat. Neuf ans après leur 3e sacre, Castres peut s’imposer comme la meilleure équipe de la décennie.

Ils cultivent leur identité comme de bons viticulteurs caresseraient leurs vignes. À la veille de la finale contre Montpellier, Thomas Combezou, cadre du CO depuis sept saisons, récitait encore la recette en conférence de presse. "Très honnêtement, on n'est pas du tout favori sur ce match : il suffit de regarder les résultats de Montpellier sur l'ensemble de la saison et leur parcours en Coupe d'Europe, où ils sont allés se jouer un quart de finale à La Rochelle alors que nous, on était éliminé".

Petit poucet, David contre Goliath, rugueux, humble, rusé… Cette image restrictive remplie de synonymes nourrit le Castres olympique depuis des décennies. Prise dans l’étau de Bordeaux et Toulouse, fortes de 250 000 et 470 000 habitants chacune, la citadelle castraise dépasse à peine les 41 000 âmes. Mais depuis une semaine, la ville s’époumone pour son club de rugby. Les plus ardus supporters du CO sont également biberonnés à l’image de "petit".

Mathieu Babillot (Castres) en communion avec les supporters castrais
Mathieu Babillot (Castres) en communion avec les supporters castrais

Interrogé par l’AFP, Pascal Bessou vante "un club qui a une âme, sans aucune vedette dans son effectif. De toute façon, ça ne marche pas quand il y en a". Ce chauffeur de taxi castrais arbore jusque sur son taxi le drapeau bleu et blanc. 10e budget du Top 14 (22 millions d’euros), le CO est un poids plume en trompe-l'œil. Porté par le laboratoire Pierre-Fabre, plus gros employeur du département, Castres a les reins solides depuis 1988, date à laquelle le mécène est devenu propriétaire du club. Malgré sa puissance financière notoire, le CO se concentre depuis une décennie sur le recrutement de besogneux et autres joueurs "discrets".

Changement de cap en 2010

En difficulté dans les années 2000 malgré un recrutement cinq étoiles (Yann Delaigue, Lionel Nallet, Brad Fleming…), le CO n’est sorti du ventre mou qu’au tournant de la décennie 2010. Dès l’été 2009, le duo Travers-Labit débarque dans le Tarn pour relancer les Olympiens. Après deux saisons conclues en barrage, les deux Laurent remettent au goût du jour la recette gagnante du CO : être intraitable à domicile et ferrailler contre chaque équipe du Top 14.

Sans paillettes, ce nouveau Castres s’installe saison après saison dans le haut du classement. En 2012, les Olympiens se qualifient en demi-finale pour la première fois depuis 2001 et tombent comme onze ans plus tôt face à Toulouse. Occasion manquée de rallier le stade de France mais rêve concrétisé l’année suivante. Face aux Galactiques toulonnais, la bande de Rory Kockott réalise le match parfait.

Rory Kockott incarne le CO des années 2010 avec un essai décisif lors de la première finale face à Toulon
Rory Kockott incarne le CO des années 2010 avec un essai décisif lors de la première finale face à Toulon

Le numéro 9 est porté en triomphe alors que Rémi Talès claque deux drops décisifs. La surprise castraise se prolonge encore en 2014 avec une nouvelle finale, cette fois plus malheureuse face aux mêmes varois. Le collectif castrais se soude autour de Rodrigo Capo Ortega, Yannick Caballero et l’infernal Rory Kockott. Après trois saisons en baisse de régime, le CO grille une nouvelle fois la politesse aux ténors du championnat. Toulouse, le Racing et Montpellier s’inclinent contre l’insubmersible groupe de Christophe Urios en 2018.

Aux portes d’une dynastie ?

Partis de la lutte pour le maintien en 2009, les Castrais terminent la décennie 2010 avec 2 boucliers, une finale, une demi-finale et deux barrages. Castres termine sept fois en phase finale en dix saisons. Si le CO s’impose ce vendredi soir, les Castrais auront accompli une performance historique. Les hommes de Pierre-Henry Broncan engrangeraient alors un 3e bouclier en 4 finales et deviendrait l’équipe la plus constante de la décennie 2012-2022 avec le Stade toulousain (3 titres en autant de finales). De quoi imposer l’image du CO parmi les géants du championnat et ranger définitivement l’image de "petit village" du championnat.

Par Clément LABONNE

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