Delmas : "Pierre Mignoni a pris une nouvelle dimension"

  • Top 14 - Jacques Delmas (Toulon)
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TOP 14 – Jacques Delmas a accepté l’invitation de Pierre Mignoni pour rejoindre le LOU pour une "pige médicale", afin de prendre le relais de David Attoub, opéré d’une cheville. Pour Rugbyrama, le technicien s’exprime sur cette expérience lyonnaise et ses retrouvailles avec son ancien compère au RCT.

Comment s’est faite votre arrivée à Lyon, on imagine que ce n’était pas prévu…

Ce n’était pas du tout prévu. Pierre (Mignoni) m’a appelé et m’a dit : J’ai besoin de toi, est-ce que tu peux me rendre un service ? Est-ce que tu serais disponible pour venir 4 à 6 semaines, le temps que David (Attoub) se remette ? J’ai dû réfléchir une demi-seconde. Je lui ai dit "aucun problème". Je suis arrivé du Pays Basque, j’ai fait trois jours lors de ma première semaine pour un premier contact avec les joueurs. J'ai fait deux séances et j'ai reçu un accueil extraordinaire. Il a un staff qui est très uni autour de lui, donc il y a un côté famille, on le sent. Au-delà de ça, on dit toujours que l’on n'a jamais la chance de faire deux fois une bonne première impression… Alors, on n'est jamais sûr de rien, mais j'ai l'impression que le premier contact a été bon, qu’ils sont à l'écoute. Je prends énormément de plaisir.

Votre mission consiste à assurer la continuité des missions de David Attoub ?

C'est surtout de se dire que David, quand il va rentrer, doit trouver la maison en l’état, comme il l'a laissée. C’est un minimum. Bien évidemment, si on peut apporter un petit quelque chose tout en restant dans les mêmes codes que David. Après, on sait toujours comment ça se passe. Il y a un nouveau discours et les joueurs sont toujours à l'écoute. Après, sur le mois que je vais avoir à faire, c’est d'essayer de leur donner le maximum, que l’on se concentre surtout sur notre tâche à nous. C'est pour ça que je regarde beaucoup ce que l'on fait, et beaucoup moins ce que fait l'adversaire. On fait en sorte de bien se recentrer sur ce que l’on doit faire de bien pour maintenir un certain niveau et, pourquoi pas, essayer encore de progresser.

Vous suiviez un peu le LOU ces dernières semaines ?

Je suis tous les matchs, tous les week-ends, qui plus est Lyon puisqu’il y a Pierrot, bien évidemment… Je connais Julien Puricelli et Bobby Attoub que j'ai entraînés. Donc il y a une part affective aussi. C’est vrai que je les regarde particulièrement. Je savais où j’allais tomber. Après, la mêlée, on ne l’a pas inventée. On sait ce que c'est. J’ai une tâche bien particulière. J'ai cette partie-là. Donc, je me colle à essayer de leur apporter le maximum.

Retrouver Pierre Mignoni reste particulier, vous avez entrainé ensemble à Toulon et il y a une relation forte entre vous.

Cela fait sept ans que l’on s’est quittés avec Pierre, quand il est parti de Toulon. Même si je le suis, je le retrouve dans une autre fonction. Je trouve qu’il a énormément évolué, en bien. Il a pris une nouvelle dimension. Il a beaucoup grandi et on sent que tout ce qui tourne autour de l'équipe et de son staff est à son image. Ce sont des travailleurs. C'est consciencieux. C'est organisé. Il a toujours un coup d'avance. Il essaie d'anticiper les choses. Et là où il a grandi, c’est qu’il n’avait peut-être pas cette facilité à laisser faire les gens. Il avait peut-être l’envie de toujours être là. Là, on sent que tout est cadré, qu’il y a une confiance envers son staff, qu’il le laisse évoluer et ça fait partie de son évolution. Je ne parle pas des qualités de l'équipe, de son jeu. Tout le monde le voit. Mais tout est structuré. Rien n'est laissé au hasard. C'est sa qualité première. Il ne déroge pas à ses principes qui font ce qu'il est. Il est à la fois très exigeant et peut être, aussi, paternaliste. On sent qu’ils ont envie de s’y filer pour l’équipe et pour Pierre. Je le répète, il a grandi et bien grandi. Mais la taille reste la même (rires).

"On se rend compte quand ça s'arrête que l’on a vécu une vie extraordinaire et que là, maintenant, on a une vie ordinaire. Et la vie ordinaire, c’est compliqué…"

Et il est amené à encore évoluer car il va rejoindre Toulon la saison prochaine.

Il va transposer son expérience. Ça fera partie de son cheminement. Il a fait un choix. Il faut le respecter. Mais je sais qu'il ne laissera jamais tomber le LOU. Ça sera une partie de sa carrière d'entraîneur. Il va partir pour aller encore faire un challenge et construire ce qu'il a construit ici, et le faire chez lui car c'est un Toulonnais pur jus.

Le hasard du calendrier fait que, justement, Lyon et Toulon s’affrontent ce samedi. Ce sera particulier pour lui, mais aussi pour vous…

On a l’habitude avec le temps… Cela ne va pas le détourner de sa mission qui est de qualifier le LOU. Il est là pour ça. Et puis, tout sera fait pour que le LOU gagne ce week-end. Le côté affectif n'entrera pas en ligne de compte. C'est l'objectif. Il a envie de partir sur quelque chose de grand avec le LOU. C'est une étape ce week-end. Toulon ou quelqu'un d'autre, c’est pareil. Il n’y aura pas d’émotion particulière. Tout le monde va travailler pour que la victoire soit là.

Vous découvrez le LOU de l’intérieur finalement. Quel est votre ressenti ?

Je vois ce qui est en train de se construire. Je prends l'histoire un petit peu en cours mais Pierre m'a fait découvrir le projet. Je vois tout ce qui se monte autour de ce stade et c'est vrai que ce club est en train de prendre une dimension nouvelle. Quand il m'a dit qu'il partait à Toulon, même si Toulon est en train d’essayer de rebondir, c'est vrai qu'il laisse… Je ne dis pas que c'est son bébé, mais il y contribue énormément. On sent que, dans tout ce qui est fait, qu’il y a sa patte, son exigence. C'est vrai que cela parait un peu bizarre que l'histoire s'arrête là. Mais cela fait sept ans, il a dû peser le pour et le contre. Je n’en parle pas trop parce que c'est son histoire à lui. Il a dû se poser des questions. Je crois que quand il va fermer la porte, émotionnellement ce sera dur. Je lui ai dit : "j'espère qu'il y aura quelque chose au bout". Ça ne sera que pour récompenser tous les investissements et tout le travail qu'il a fait pour lui, pour son staff et pour son équipe. Parce que c'est un partage. On le sent. Ce n’est pas une histoire personnelle. C'est pour ça que ce serait bien que leur histoire, même s'il y aura encore des choses, se termine bien.

Et le fait de remettre le pied à l’étrier, cela doit vous donner des envies de trouver d’autres projets par la suite ?

L’envie y est toujours. Quand j'ai arrêté à Toulon, cela m'a permis de couper, de souffler. Je suis parti en Afrique du Sud, puis pour cinq matchs en Fédérale 2 et, après, on est monté en Fédérale 1. Mais le COVID est arrivé derrière. Il y a eu tout un tas de choses. C'est le temps qui passe mais la passion est toujours là. Et puis, je me rends compte que le rugby a toujours été un prétexte pour moi, c'est toujours pour aller à la rencontre des gens. Partager, c'est vital pour moi. On se rend compte, quand ça s'arrête, que l’on a vécu une vie extraordinaire et que là, maintenant, on a une vie ordinaire. Et la vie ordinaire, on ne s’en rend pas compte, c’est compliqué… Quand on descend du cheval, c'est très, très, très compliqué. Il faut s'y faire. C'est pour ça que tous les jours qui passent, si je peux être là, j’en profite au maximum. Je recharge ! Si derrière il y avait quelque chose… Il y a plein de choses que je pourrais mais ce sont les opportunités. S’il y a quelque chose qui se présente et que je sens qu’il y a du bonheur à prendre, j’irai.

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