Serin : "J’aurai toujours des gravures à damiers sur le cœur"

Par Rugbyrama
  • Baptiste Serin - Toulon
    Baptiste Serin - Toulon
  • Baptiste Serin (Bordeaux-Bègles)
    Baptiste Serin (Bordeaux-Bègles)
Publié le Mis à jour
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TOP 14 - À quelques heures de croiser le fer avec l'Union Bordeaux-Bègles, ce dimanche, dans un match au sommet du Top 14, l’international français Baptiste Serin a évoqué ses retrouvailles avec "sa première histoire d’amour".

Dimanche, pour la première fois depuis votre arrivée à Toulon, vous allez jouer dans un Chaban-Delmas avec du public dans les tribunes. Est-ce particulier ?

C’est clair dans ma tête : c’est mon vrai retour à Chaban-Delmas, car il y a le public. J’étais frustré l’année du Covid-19 d’y retourner sans le voir. Bègles, c’est 10 ans de ma vie. Il y aura tous les gens qui m’aiment au stade. J’ai tellement donné pour ce club. Mon départ a été indescriptible.

Racontez-nous ce moment.

Mon départ a été à la hauteur des légendes du club. Et moi, je ne suis pas une légende de Bègles. J’étais là quand tous les mecs qui ont marqué et construit ce club sont partis. Pour avoir vécu les au revoir, je peux vous dire que le mien était du même niveau. Je n’ai pas de mots pour exprimer mon ressenti lors de ce moment.

On vous sent encore ému...

Oui, je le suis. Ce club comptera toujours dans mon cœur. Laurent (Marti) m’a tout filé. J’ai fait mes débuts à 18 ans. C’est mon club. C’est chez moi. Je venais à Chaban quand j’avais 16 ans. Il y avait 33 000 personnes, j’avais juré à mes parents, qu’un jour, j’allais jouer sur ce terrain. Mes parents ne me croyaient pas trop. Ils me parlaient de concurrence. Je savais qu’un jour, j’allais jouer à Chaban. Mon rêve, c’était de jouer dans ce stade. Quand tu es Béglais, c’est un moment important. Puis dans ce club, j’ai reçu tellement d’amour.

Mon club maintenant, c’est Toulon. Mais j’aurai toujours des gravures à damiers sur le cœur.

Vous parlez souvent d’un coup de cœur pour le RCT, lors d’une visite à Mayol, pendant les vacances scolaires. Si cela n’avait pas été pour Toulon, auriez-vous quitté l’UBB ?

Elle est dure celle-là. (Hésite) C’est une très bonne question (rires)… J’ai rencontré beaucoup de clubs. Toulon, il y a eu un truc. Je ne peux pas l’expliquer. Mes parents m’ont amené à Mayol, j’étais avec mon meilleur ami, on avait dix ans… Toulon – Mont-de-Marsan ! C’était la folie. Il y a eu une bagarre générale (rires). C’était un truc de ouf. Quand tu viens en tant que joueur, Mayol est un antre. La ferveur est à part. Le slogan "ici tout est différent", tu le comprends quand tu y es. C’est spécial. J’aime l’amour que donnent les gens. J’aime ce club, car il est populaire. Ce sont des supporters. Il n’y a pas de notion de spectateurs.

Ici, nous sommes chez les connaisseurs. Ils baignent dans le rugby. Ils travaillent dur pour se payer un abonnement. Ici, c’est ça. Quand ça ne va pas, tu es touché comme compétiteur, comme groupe, et parce que tu ne peux pas donner des émotions à des gens qui donnent tout pour ce club. Ces supporters méritent de vivre des émotions. D’ailleurs, la ferveur a changé ces dernières semaines. Elle reprend. On sent le truc.

Vous vous attendez à quel accueil à Chaban-Delmas ? Musclé ou clément ?

Je ne sais pas. J’ai reçu beaucoup de messages de supporters. J’ai l’écusson de Toulon, je donne tout pour ce club. Je sais qu’il y en a qui sont déçus ou énervés par ma décision. Je ne suis pas parti parce que je n’aimais pas les joueurs et les gens. Des supporters m’aimaient, d’autres ne m’aimaient pas. Les gens qui me connaissent vraiment, ils savent que j’ai tout donné. C'est le plus important. J’ai donné de ma personne. Je n’ai pas tout bien fait. J’ai fait des matchs de merde. Mes proches savent que je suis dans mon truc, que mon club maintenant, c’est Toulon. Mais j’aurai toujours des gravures à damiers sur le cœur. L’UBB restera ma première histoire d’amour. J’en suis fier. Les supporters toulonnais, je suis sûr qu’ils comprendront mes propos. J’ai signé cinq ans ici. J'en suis très heureux.

Baptiste Serin (Bordeaux-Bègles)
Baptiste Serin (Bordeaux-Bègles)

Avez-vous un match de "merde" en particulier à ressortir ?

Pau, à domicile (en 2016, défaite 18 à 16 de l’UBB). J’étais en feu. Je tutoie l’équipe de France. Je rate trois pénalités. Je sors, le stade me siffle. C’est un des pires moments de ma carrière. C'était dur d'être hué par le stade qui m’adulait…

Comment avez-vous réagi alors du haut de vos 22 ans ?

Mal. Si ça m’arrive à Mayol, maintenant, je prends du recul. J’étais triste, au fond de la gamelle. Je pensais que les gens n’avaient pas de cœur. Je ne voulais pas perdre de matchs. Ce moment m’a construit au niveau du caractère. Après cet événement, j'ai décidé d'accorder moins d'importance sur ce qui se disait autour. Je suis redescendu sur terre après cette rencontre. Mais c’est le passé. Dimanche, j’aurai tellement de plaisir à retrouver "mon antre" (rires).

Vous déclarez avoir envie de donner "des émotions" au public du RCT. Cette année, il a tout connu. Avez-vous peur de les décevoir en manquant le top 6 ?

On ne peut pas avoir de regrets. C’est hyper important dans nos têtes, dans la communion que l’on a avec notre public, et pour notre unité future. Tu as tellement manqué de choses en début d’année. C’est déjà miraculeux d’être dans la course et à trois points du top 6 (sourire). C’est incroyable. On a rien à perdre. On sera outsiders face à l’UBB.

À Bordeaux, on vous a souvent vu au poste de demi d’ouverture et être le buteur de votre équipe. Ça n'a quasiment jamais été le cas au RCT. L’année prochaine, Belleau et Carbonel vont quitter le club. Est-ce possible de vous revoir à ce poste et avec la responsabilité de buter ?

En redevenant demi d’ouverture, je peux me mettre en danger pour la Coupe du monde. Je peux me retrouver un peu partout, et nulle part à la fois. J’aime les deux postes. J’ai été formé en 10. Si le club me le demande, je le ferais. Le club passe avant tout. Mais, je demanderais au staff du RCT que cela soit par petite bride pour éviter que ça me mette en danger pour les Bleus. C’est une réalité. Après, je peux aussi le prendre comme une arme. L’EDF met souvent 6 avants pour 2 arrières sur le banc.

Et pour le but ?

Je m’y suis beaucoup remis. J’aime ça. Je ne voulais pas m’imposer au but à Toulon, car Antho (Belleau) et Louis (Carbonel) sont très bons face aux perches. Je m’entraîne toujours. La saison prochaine n’a pas encore commencé, mais j’ai conscience qu’il n’y a, pour l’heure, qu’un seul 10 (West arrive de La Rochelle). J’ai prévenu Max (Petitjean, responsable du jeu au pied). J’espère le reprendre avec autant de réussite que ceux qui partent.

Propos recueillis par Mathias MERLO

Retrouvez l'intégralité de l'entretien sur midi-olympique.fr

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