À Bordeaux-Bègles, une crise de nerfs malgré la victoire

  • Top 14 - Cameron Woki (Bordeaux-Bègles)
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  • Top 14 - La joie de Matthieu Jalibert (Bordeaux-Bègles) face au Racing 92 (Midi Olympique/Patrick Derewiany)
    Top 14 - La joie de Matthieu Jalibert (Bordeaux-Bègles) face au Racing 92 (Midi Olympique/Patrick Derewiany)
Publié le Mis à jour
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TOP 14 - Une semaine après la défaite à Perpignan, l’Union Bordeaux-Bègles s’est largement imposée face au Racing 92 (36-16), se qualifiant pour les demi-finales. Or, malgré la victoire, les tensions entre le manager girondin et les cadres ne semblent pas encore apaisées. Cameron Woki, Matthieu Jalibert et Christophe Urios ont tous eu des mots forts après la rencontre.

Dimanche soir, du côté de Chaban-Delmas, c’était "Règlements de comptes à O.K. Corral". Sur le terrain, d’abord, avec la bataille remportée par l’Union Bordeaux-Bègles face au Racing 92 (36-16), permettant aux Girondins de rallier les demi-finales. Mais aussi en-dehors. Du côté des cadres du vestiaire comme de Christophe Urios, on ne s’est pas envoyé que des mots doux après le match.

Il faut dire que la semaine avait été plutôt tendue dans le Sud-Ouest, conséquence d’un coup de gueule poussé par le manager bordelais au sortir de la défaite à Perpignan (22-15), lors de l’ultime journée de Top 14.

Ayant manqué de peu une place dans le top 2, qui aurait permis à l’UBB de valider directement son ticket pour les demies, le technicien avait pointé du doigt ses cadres, les incitant à prendre leurs responsabilités. "J'aimerais que les joueurs passent devant. C'est le moment que les leaders "sortent du bois"", avait lancé l’ancien talonneur dans l’enceinte d’Aimé-Giral.

L'entraîneur de Bordeaux-Bègles voulait créer un électrochoc avant la phase finale. Cette semaine, il est même resté presque silencieux pendant deux jours.https://t.co/5jZCf8hgnb

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) June 9, 2022

Il n’avait d’ailleurs pas non plus hésité à donner des noms. Et pas des moindres : "Cameron (Woki), je ne le vois pas, Matthieu (Jalibert) je ne le vois pas, on ne met pas d'impact dans nos attaques, on n'est pas dangereux, on ne fait rien de simple". La méthode Urios en application. L’entraîneur a souvent été reconnu pour sa gestion humaine au sein des équipes qu’il a pu entraîner. En piquant directement deux de ses tout meilleurs joueurs, il avait donc voulu créer un électrochoc, à quelques jours du barrage contre le Racing 92.

"J’ai pris cette option, j’ai froissé les joueurs et j’ai pris un risque. C’était ciblé évidemment, mais ça, c’est la vie. Ma crainte, c’était de savoir si on allait se remobiliser. Mais je crois qu’il fallait le faire." Sur le terrain, le résultat sportif s’est fait sentir, dimanche soir. Les Bordelo-Béglais l’ont emporté largement, et ont surtout réalisé une dernière demi-heure de haut vol.

Une semaine sous haute tension

Toutefois, les déclarations du manager n’ont, semble-t-il, pas été sans conséquences pour le groupe girondin. Comme il l’a avoué en conférence de presse après la rencontre, Urios s’est "fait chier" presque tout au long de la semaine.

Un temps, ce sont d’ailleurs les fameux "leaders" qui ont pris les devant lors des entraînements, l’ancien technicien castrais restant en retrait. "On a pris les choses en mains cette semaine, nous, les leaders, parce qu’il fallait se remettre en question par rapport à ce match de Perpignan, expliquait Cameron Woki à Canal +. Je pense que Christophe a voulu nous laisser les rênes pour qu’on soit un peu autonomes et qu’on se rende compte de la chance qu’on a d’être en quart, de jouer devant notre public."

Quand je dis en début de semaine que je ne veux pas les voir, je ne veux pas les voir

Or, Urios le reconnaît : en employant cette méthode de management, il s’est "mis le vestiaire à dos" : "C’est la première fois que ça m’arrive : tous contre moi pour aller à la guerre." La préparation de l’importantissime match de barrage s’est donc faite sous haute tension. "Il n’y avait aucun sourire à l’entraînement" racontait Cameron Woki, dimanche soir.

"Quand je dis en début de semaine que je ne veux pas les voir, je ne veux pas les voir, précisait quant à lui Urios. Je dis les choses comme je les ressens. Mais c’est comme ça, je ne vais pas dire que c’est bien quand ça ne l’est pas. Ne pas tenir ses promesses, c’est dangereux, il ne faut pas jouer avec ça."

Top 14 - La joie de Matthieu Jalibert (Bordeaux-Bègles) face au Racing 92 (Midi Olympique/Patrick Derewiany)
Top 14 - La joie de Matthieu Jalibert (Bordeaux-Bègles) face au Racing 92 (Midi Olympique/Patrick Derewiany)

Dimanche, du côté de Chaban, on a donc pu observer quelques signes de ces derniers jours électriques. Malgré les acclamations du public, et un contexte euphorique qui ne se prêtait pas tellement à une nouvelle partie de joutes, la sortie du chouchou bordelais Matthieu Jalibert a eu l’effet d’un vent glacial. Très froide, la poignée de mains entre ce dernier et Christophe Urios a tous les stigmates de la légère cassure qui a pu se créer entre les deux hommes.

Le demi d’ouverture international y est d’ailleurs allé de sa petite phrase, au détour d’une question posée par Canal + : "Cette semaine, ça a été tendu. Vous l’avez vu, il y a eu des déclarations dans la presse de notre manager, des joueurs ciblés. Voilà, j’ai juste envie de dire que nous, on ne joue pas pour Christophe (Urios). On est juste en mission pour les joueurs."

??️ : "Jalibert et Woki, je ne les vois pas", avait déclaré Christophe Urios dimanche dernier. Ce soir, après la qualification de l'UBB, l'ouvreur bordelais a répondu à ces propos, en toute franchise.

➡️ Ce qu'ils ont dit > https://t.co/OkObz0U1A7 pic.twitter.com/tpMEY2fgxg

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) June 12, 2022

Pendant le match, le flanker Cameron Woki a lui aussi envoyé un message à son entraîneur. Auteur du quatrième essai bordelais, il s’est fendu d’un geste explicit lors de sa célébration. Après avoir aplati la gonfle, il a fixé la caméra en mettant un doigt sur sa bouche, puis en faisant mine de se boucher les oreilles.

Manière, peut-être, de dire que le leader qu’il est a fait taire les critiques. De fait, comment ne pas y voir un message destiné à Christophe Urios… Woki ne démentait pas après le match : "Je pense que tout le monde a compris", a-t-il déclaré à nos confrères de la chaîne cryptée.

Il faut faire attention, le patron c’est moi. Personne d’autre, d’accord ?

L’homme fort de l’UBB, lui, a indiqué ne pas avoir remarqué la célébration de son joueur : "Le geste de Cameron après son essai, je ne l’ai même pas vu."

Au détour d’une phrase, il en a toutefois remis une couche sur l’épisode perpignanais : "C’est bien, qu’il continue de marquer des essais. J’aurais préféré qu’il (Woki) le fasse à Perpignan, mais il ne l’a pas fait. Les histoires après, c’est de l’enfumage. Il faut faire attention, le patron, c’est moi. Personne d’autre, d’accord ? Quand je décide de ne pas parler, je ne parle pas, quand je décide de parler, je parle. Celui qui n’est pas content, il reste sur le côté. Moi, je sais où je veux aller à Bordeaux et si ça ne va pas, je partirai."

"Il faut faire attention, le patron c’est moi. Personne d’autre, d’accord ?"?
Vous avez souvent vu/lu/entendu du Christophe Urios, mais là, il a envoyé grave ! https://t.co/FhET6r8Cdb

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) June 13, 2022

Pour l’instant, et même si Woki a assuré qu’avec "cette victoire, le groupe [vivait] bien", l’heure n’est donc pas à l’apaisement dans le vestiaire girondin.

Une chose est certaine : l’Union Bordeaux-Bègles n’en a pas fini avec son aventure en Top 14. Samedi, le club retrouvera Montpellier en demi-finale. Reste à savoir si la foudre frappera plus sur le terrain qu'en-dehors.

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