Mola : "Dupont ? Certains étaient moins dithyrambiques il y a quelque temps"

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TOP 14 - Avant de recevoir Pau ce vendredi soir, le manager du Stade toulousain Ugo Mola revient sur l'actualité de son groupe, qui a connu des cas de Covid qui ont entraîné le report du match à La Rochelle, et évoque aussi la performance du XV de France en Italie le week-end dernier. Notamment celle de son demi de mêlée Antoine Dupont.

Comment avez-vous vécu les trois dernières semaines avec le report du match à La Rochelle ?

A la vue de ce qui se passe à droite et à gauche, nous ne sommes pas épargnés à son tour. Jusqu'à présent, nous avions eu la chance de ne pas avoir été touchés de manière suffisante pour nous amener à reporter un match. Là, c'est tombé dans un moment où il y avait des semaines off, le début du Tournoi et on a joué un match en un mois, à Agen, qui a été malheureusement trop vite à sens unique. On a essayé de gérer au mieux nos semaines, notre récupération, l'intensité, les oppositions mais rien ne remplace la compétition. On le voit avec les Anglais et leurs nombreux joueurs des Saracens qui n'ont pas l'occasion de s'éprouver. Dans le sport de haut niveau, il n'y a pas de secret. On dit qu'on joue trop parfois mais une chose est sûre : ceux qui ne jouent pas sont nuls. A nous de ne pas faire partie de ceux qui restent à quai au moment de reprendre, lors de ce fameux premier match après une longue période d'inactivité. On l'a bien préparé sur le plan physique et technique. On a envie mais serons-nous à la hauteur de notre envie ?

Quel a été votre programme exact pendant la période d'isolement ?

On a donc connu deux cas de Covid avérés, et deux suspicions sur des joueurs qui avaient été fiévreux. Il fallait prendre en compte l'environnement avec ce fameux variant anglais qui nous a mis en alerte rouge quand, dans d'autres situations, c'est-à-dire s'il n'avait pas été question du variant anglais, on aurait certainement joué à La Rochelle. On le souhaitait d'ailleurs. Il y a eu une partie stricte et non négociable de confinement pour tout le monde. Puis un retour au club, d'abord pour les garçons qui ont été en contact avec ce virus et qui ont pu reprendre une activité quasiment normale sur la préparation physique. Puis, petit à petit, par groupe ou de manière individuelle, on a repris le cours des choses avec un retour à l'entraînement collectif en milieu de semaine dernière, le jeudi très exactement. On a pris toutes les mesures nécessaires pour ne connaître aucun risque, pour les joueurs et leurs familles.

Sur leurs dernières sorties face aux grosses écuries, si tant est qu'il puisse y en avoir plus que d'autres, ils ont toujours répondu présent

Le bloc de février s'annonce musclé après les déplacements à Lyon et La Rochelle derrière...

Au préalable, c'est le mois de janvier qui devait être chargé. Février le devient. Ce sont déplacements chez des concurrents directs, si l'on se fie à l'immédiateté du classement. Mais avant, il y a Pau qui est encore en mesure de rattraper le wagon, qui se déplace plutôt bien ces derniers temps. Puis on terminera par Brive qui, sur ses derniers résultats, a bien figuré. Le championnat reste assez ouvert, avec la difficulté de passer d'un état à un autre entre le rythme, le Covid, le Tournoi... On a presque oublié que c'est une période de doublons tant on est contents de jouer (sourire). Alors que, sur ces périodes, j'ai tendance à ne pas faire partie de ceux qui se régalent à jouer ! La bonne nouvelle, c'est qu'on rentre du monde dans l'effectif. On a un groupe quasiment au complet devant, même si on a quatre joueurs sélectionnés en première ligne. Mais on fera appel à notre formation sur ces postes.

Les soucis se situent-ils donc au niveau de la première ligne ?

Ce sont des petits soucis. Comme tout le monde, on a nos problèmes de sélectionnés ou autres. Mais je maintiens qu'on a tellement envie de jouer, sans même parler de performance même si j'espère qu'elle sera au rendez-vous... Peu importe ceux qui sont sur le terrain, ils vont être portés par cette envie d'être à la hauteur.

Où en est l'Argentin Juan Cruz Mallia, arrivé il y a trois semaines ?

Il est dans le groupe élargi mais on veut le mettre dans de bonnes conditions. La semaine où il est arrivé, c'est celle où on a été obligés de tout fermer et reporter le match. Il y a eu une semaine de vacances aussi. On ne l'a malheureusement pas vu comme on aurait aimé l'exposer. Et son retard, lié à des histoires de visa, a un peu tout décalé. Mais on ne va pas râler d'avoir des joueurs alors qu'on se plaint souvent de ne pas les avoir.

Coupe du monde 2023 - Juan Cruz Mallia (Argentine)
Coupe du monde 2023 - Juan Cruz Mallia (Argentine)

L'équipe de Pau semble assez imprévisible...

On l'a affrontée il n'y a pas si longtemps, aussi en période de doublon. C'est une équipe qui a plusieurs visages, mais aussi liée à l'effectif dont elle dispose. Les Palois ont également connu leur lot de blessures et je crois qu'ils récupèrent du monde. Sur leurs dernières sorties face aux grosses écuries, si tant est qu'il puisse y en avoir plus que d'autres, ils ont toujours répondu présent. On ne pourra donc pas être surpris d'une bonne performance de Pau à Toulouse.

Pour parler de l'équipe de France, avec quel regard observerez-vous le match en Irlande dimanche ?

Je regarde cela comme un spectateur averti et intéressé, un peu égoïstement pour les quatre ou cinq joueurs que j'aurai là-bas. Honnêtement, je sens l'Irlande dans une transition liée à son effectif et à son renouvellement de cadres qui est comparable à celle de l'équipe de France il y a quelques saisons. Le match de novembre a laissé planer une forme de passage de génération. J'ai l'impression que la France a fait sa mue un peu plus tôt. Mais les Irlandais, chez eux et au regard du match qu'ils ont réalisé à quatorze au pays de Galles, restent inquiétants. Je pense que ce sera un gros combat classique du Tournoi, d'un Irlande-France qui a enfin retrouvé des standards élevés de notre côté. Après, les Irlandais sont sur un jeu beaucoup plus fermé, monitoré, organisé. Le rugby français, même s'il est beaucoup de dépossession, aura des opportunités pour leur faire mal sur le plan offensif.

Comment avez-vous jugé la prestation d'Antoine Dupont en Italie, soulignée par toute la presse internationale ?

Je ne vais pas vous dire qu'elle a été mauvaise, sinon vous allez me prendre pour un fou (rires). Mais, en voyant l'Italie, je peux comprendre que la Géorgie ronge son frein. Franchement, on a rarement vu une équipe italienne aussi faible et ça n'enlève rien à la qualité des Français sur leur capacité à marquer. On sent avant tout, au-delà du rugby qu'on peut analyser, que les mecs ont envie de jouer ensemble, qu'il y a un groupe sain et une génération qui a pris son destin en mains. On a envie de les supporter. Pour en revenir à Antoine, qui a évidemment d'immenses qualités, j'ose espérer qu'il aura un peu plus d'opposition sur les prochaines semaines.

Tournoi des 6 Nations 2021 - Antoine Dupont (France) contre l'Italie
Tournoi des 6 Nations 2021 - Antoine Dupont (France) contre l'Italie

On a le sentiment qu'il sait valider les actions de son équipe...

Oui, il le fait ici aussi. Ce qui est marrant, c'est que je me suis amusé à regarder ce que certains observateurs, qui ont un peu la parole sainte dans notre milieu, disaient sur Antoine Dupont il y a quelque temps. Ils étaient moins dithyrambiques, sur sa capacité à coller au ballon, sur ses sorties de camp ou sa faculté à faire jouer les autres. Maintenant, ils lui trouvent toutes les qualités du monde. Alors, heureusement pour nous qu'on l'a recruté avant ! Antoine, ça reste un garçon et un joueur différent. Vous ne m'avez pas attendu pour le voir. J'ose espérer qu'il le sera encore contre les grosses écuries. Il avait été excellent en novembre contre l'Irlande, dans un match bien plus compliqué qu'il n'y paraissait, et il va forcément être visé à Dublin. C'est un beau test pour lui. Il devra trouver des solutions par son rugby et sa capacité à s'adapter.

Il a dépassé la sphère du rugby. Cela vous met-il en alerte ?

Le rugby a peut-être besoin d'un porte-drapeau, d'un garçon qui n'est pas dans les frasques ou les grandes déclarations mais qui est juste un chouette mec de 24 ans, avec une histoire de vie qui est la sienne et une histoire de rugby assez exceptionnelle. Il a envie de jouer au rugby. Quand on starifie rapidement nos jeunes joueurs, on a souvent tendance à en voir les mauvais effets. Lui, comme sur Romain Ntamack ou Julien Marchand, a une vraie maturité. Ces garçons vivent avec leur temps et, tout ce qui peut m'effrayer en termes de médias ou de réseaux sociaux, eux le maîtrisent et s'en amusent même parfois. C'est bien, surtout quand je vois qu'on est recalés en deuxième division des droits télé et des audiences. Il nous faut forcément des têtes d'affiche pour parler de nous, de notre sport qui est génial quand il est bien joué. Sinon, on se fait bien... (Il sourit).

Que pensez-vous de l'association entre Arthur Vincent et Gaël Fickou, que vous connaissez bien, au centre ?

Sur le match contre l'Italie, elle a été probante. On l'avait déjà vu sur des bouts de match auparavant même si Virimi Vakatawa a un peu vampirisé le poste de centre en France puisqu'il est indiscutable. Elle est assez complémentaire. On avait contacté Arthur Vincent avant qu'il entre au centre de formation de Montpellier. Il est très attaché à son coin et je trouve qu'il a un beau profil, exemplaire dans sa façon de toujours s'accrocher. On lui a donné de lourdes responsabilités dans son club, qui n'ont toujours dû être faciles pour lui. On a l'impression qu'il se sent bien dans l'environnement de l'équipe de France. En Italie, il a été remarquable sur son punch ou sa défense. Gaël, lui, reste aussi un joueur différent. Il aurait pu être, il y a quelque temps, le porte-drapeau du rugby français mais son tempérament n'est pas le même. Il a besoin d'être dans un environnement sain pour s'exposer et exploser. Il y a peu de Gaël Fickou au monde. Et il a l'air d'en prendre conscience au fil du temps.

Tournoi des 6 Nations 2021 - Gaël Fickou (France) contre l'Italie
Tournoi des 6 Nations 2021 - Gaël Fickou (France) contre l'Italie

Vous évoquiez la question des droits télé. Le match du dimanche soir va donc disparaître. Qu'est-ce que cela change pour vous ?

A Toulouse, nous étions des habitués du dimanche soir... En fait, il y a deux réponses. La première, c'est que je trouve ça hallucinant. C'est la personne qui s'est fait faire "marron" auparavant et qui rouvre les portes quand l'autre revient. Pour Canal, je ne suis pas au conseil d'administration et ils font ce qu'ils veulent mais les plus fidèles ne sont pas récompensés. C'est comme ça, c'est la vie. Toujours est-il que, si vous demandez aux joueurs et à l'environnement du club de choisir entre un match le samedi ou le dimanche soir, tout le monde est ravi de jouer le samedi soir. C'est une évidence. En termes de rythme, la case du dimanche soir, à 21h, est problématique pour plein de raisons. Ne serait-ce que pour le voyage quand on doit se déplacer un peu loin. Les créneaux du vendredi ou du samedi sont beaucoup plus simples à gérer. Je plaisante sur le sujet du déclassement, car c'est comme ça que ça a été présenté, mais il y a une forme de satisfaction du milieu en ce qui concerne la préparation des matchs.

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