Halagahu, l'avenir lui appartient

  • Top 14 - Matthias Halagahu (Toulon) contre Bayonne (crédit photo : RCT)
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TOP 14 - Annoncé comme l'un des plus grands espoirs français au poste de deuxième ligne, Matthias Halagahu a connu sa première titularisation en Top 14 contre Bayonne. Avec humilité, ce varois pur sucre franchit une à une les marches qui semblent le mener vers le plus haut-niveau.

Le regard est focalisé, le joueur est dans son match, mais le sourire, bien que discret, est sincère. Vendredi 26 février, pour la première fois de sa jeune carrière, Matthias Halagahu pénètre sur la pelouse de Mayol en qualité de titulaire sous le maillot frappé du muguet. Et avec le numéro quatre floqué dans le dos, le longiligne deuxième ligne réalise une performance remarquée. Disponible dans le jeu courant, capable de se démultiplier en défense et habile ballon en mains, le joueur de 19 ans surnage malgré la défaite de son équipe. Le début d'une belle histoire ? La poursuite en tout cas d'un parcours jusqu'alors sans anicroche.

"Je suis né avec un ballon de rugby"

Pour comprendre le phénomène Matthias Halagahu, dont on dit le plus grand bien sur la rade et que certains annoncent même comme le plus grand espoir passé par le centre de formation depuis un certain Louis Carbonel (!), il faut remonter au mois d'août 2001, durant lequel le "petit" Matthias voit le jour, du côté de Fréjus. Et s'il s'essaye (un peu) au tennis et (beaucoup) aux joutes provençales, Halagahu grandit avec un ballon ovale dans les mains, et prend sa première licence à quatre ans, du côté de Draguignan où joue son père. Après une saison de découverte, le minot de Dramont (hameau de Saint-Raphaël) change de couleurs en s'engageant avec le CARF, club de Saint-Raphaël Fréjus.

"Depuis petit, le rugby c'est toute ma vie. C'est plus qu'une passion. Je suis heureux de me lever le matin pour aller à l'entraînement, nous contait en début de semaine le joueur. Ce qui m'a toujours plu ? En premier lieu : être avec les copains. Ensuite j'aime le jeu : la défense, le plaquage, la touche, la mêlée, savoir faire des passes. Le rugby est un sport complet, qui t'oblige à faire des efforts différents d'un instant à l'autre. Il faut de la force, des bonnes mains, de l'habileté, du cardio, de l'intelligence... Je suis né avec un ballon de rugby, et si un jour je peux devenir professionnel, ce serait incroyable."

"Je suis contacté par Eric Dasalmartini, qui entraînait les Gaudermen de Toulon"

La suite du roman ? Doté d'un qualité de mains très au-dessus du lot, et d'un sens du jeu déjà différent, Matthias Halagahu est contacté par l'ogre de la région : le RCT, dont il ne cache pas être supporter de la première heure. "Je m'éclatais à Saint Raph', mais un jour je suis contacté par Eric Dasalmartini, qui entraînait à l'époque les Gaudermen de Toulon. Il me propose de faire une saison en tutorat, et finalement je m'engage définitivement au RCT lors de la deuxième année, en Cadets Alamercery." L'histoire est alors lancée, pour ce "jeune à fort potentiel", qui vient rapidement taper à la porte des équipes de France : u18, u20 développement et même u20 avec un an d'avance, même s'il ne dispute pas de rencontre, la faute à l'arrêt des compétitions.

Top 14 - Matthias Halagahu (Toulon) contre Bayonne (crédit photo : RCT)
Top 14 - Matthias Halagahu (Toulon) contre Bayonne (crédit photo : RCT)

Mieux, remarqué par Patrice Collazo, Matthias Halagahu -qui vient de souffler sa 18e bougie- est invité, à l'été 2019, à participer à la prépa avec l'équipe première du RCT. "Est-ce le moment où je comprends qu'une carrière est envisageable ? C'est surtout à partir de là que je comprends que physiquement je ne suis pas du tout au niveau, se souvient Halagahu. Ç'a allait vraiment vite, puis au niveau musculaire je n'étais pas invité... Il me restait un travail énorme à accomplir. Alors d'août à décembre 2019 j'ai bossé comme un fou physiquement". Et le travail paye, puisque le staff le réintègre au groupe pro en février/mars. Et si son élan est coupé par la Covid-19, ce grand espoir, symbole du renouveau toulonnais, a mis un pied dans la porte du groupe pro, qu'il n'a plus quitté depuis.

"Ce n'est pas parce qu'on signe un contrat au centre de formation que les choses nous sont dues"

Son travail, ses efforts au niveau du renforcement musculaire et son talent lui offrent finalement ses premières minutes en Top14, le 23 octobre 2020, contre Castres : "Quelle fierté. Quand tu joues depuis les Cadets, que tu regardes le RCT à la télé depuis aussi loin que tu te souviennes, c'est incroyable. Alors j'ai essayé de me concentrer sur les attentes et sur le match pour ne pas me disperser. Si t'es content et que tu fais un match moyen, ça la fout mal." Après une année de découverte, l'histoire est cette fois lancée pour de bon. Et bien qu'il demeure un joueur de rotation, à un poste où évoluent Swan Rebbadj, Brian Alainu'uese, Romain Taofifenua ou encore Eben Etzebeth, Matthias Halagahu a confirmé, à chaque fois que le staff lui a accordé sa confiance, qu'il avait ce petit quelque chose.

"C'est une fierté immense de mettre le maillot de l'équipe première, car il faut bien comprendre que ce n'est pas parce qu'on signe un contrat au centre de formation du RCT que les choses nous sont dues. Ce n'est pas marqué sur le contrat "tu joueras en une à Toulon". C'est à nous d'aller le chercher, et quand on te donne ta chance, ça récompense finalement les efforts faits depuis des années. C'est une étape, et j'aimerais ne pas m'arrêter là."

"Avoir une densité physique digne de ce nom pour un deuxième ligne de haut-niveau"

De quoi imaginer que ce varois pur sucre, tout juste âgé de 19 ans et qui semble prédestiné à évoluer à terme au plus haut-niveau, finira par signer un jour un contrat professionnel ? "C'est en tout cas un rêve d'enfance, et je travaille pour me donner les moyens. Je sais que je joue quand il manque du monde, mais je tente de donner le maximum en attendant que les mecs rentrent. J'ai tout à gagner de cette période, alors j'essaye de jouer avec intelligence, de ne pas me cramer dès les premières minutes en courant sur tous les ballons, de plaquer bas pour ne pas rebondir sur les mecs, d'être discipliné, d'enchaîner les tâches et de savoir être bon sur la technique au poste."

Du haut de son mètre 95, et bien aidé par 115 kilos de courage, Matthias Halagahu travaille sans faire de bruit, et espère continuer à faire, doucement mais surement, son trou dans le groupe varois, conscient qu'il a encore tant à apprendre : "Je n'ai que 19 ans, mais les deuxièmes lignes sont censés être les plus costauds de l'équipe, et ce n'est pas mon cas. Je travaille pour avoir une densité physique digne de ce nom pour un deuxième ligne de haut-niveau. Ensuite, j'aimerais parvenir à enchaîner encore plus les tâches et à avancer davantage avec le ballon. Pour l'instant, j'ai plus défendu que porté le ballon. Enfin, j'aimerais progresser dans les airs, sur les touches, les réceptions de renvoi. […] Maintenant, j'ai la chance d'évoluer quotidiennement aux côtés de joueurs incroyables. Je pense à Sergio Parisse, Eben Etzebeth, Romain Taofifenua, Swan Rebbadj, etc. Ce sont des mecs qui me parlent, me conseillent. Tu peux leur poser dix fois la même question, ils répondront dix fois avec le sourire. C'est riche d'apprendre à leurs côtés."

Top 14 - Matthias Halagahu (Toulon) contre Bayonne (crédit photo : RCT)
Top 14 - Matthias Halagahu (Toulon) contre Bayonne (crédit photo : RCT)

Et même s'il est encore dans l'ombre de ses aînés, Matthias Halagahu semble tout mettre en œuvre pour devenir plus qu'un simple joueur de rotation dans les prochaines années. Vous dites que l'avenir lui appartient ? On répond que s'il continue sur sa lancée, avec la modestie, la joie de vivre et la passion chevillée au corps qui le caractérisent, le meilleur semble être à venir...

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