La Rochelle : Le Bail a une "gnaque" d'enfer

  • Top 14 - Jules Le Bail (La Rochelle) face au Stade français
    Top 14 - Jules Le Bail (La Rochelle) face au Stade français
Publié le Mis à jour
Partager :

TOP 14 - Désormais débarrassé de douleurs qui l’handicapaient depuis la dernière préparation estivale, Jules Le Bail peut enfin savourer pleinement son retour dans son club formateur, le Stade Rochelais. Cette fin de saison pourrait même offrir de grandes responsabilités à l’ancien capitaine du RC Vannes, capable d’évoluer aux deux postes de la charnière.

Samedi dernier, face à Lyon, il a inscrit, au pied, ses premiers points de la saison. Pas dans les positions les plus aisées, qui plus est. Une semaine plus tôt, sur cette même pelouse de Deflandre qu’il aime tant, il avait fait son grand retour, propulsé sur le banc à la dernière minute, pour vivre le tout premier match de Champions Cup de sa carrière. Et pas des moindres puisqu’il s’agissait d’un quart de finale, brillamment remporté par le Stade Rochelais aux dépens de Sale (45-21). Comment ne pas imaginer, alors, une certaine forme de délivrance dans l’esprit de Jules Le Bail.

La transfo en coin de Jules Le Bail#SRLOU #FievreSR pic.twitter.com/nMUloBCRdm

— Rudz ??⭐️ (@RudzSR) April 17, 2021

Jusqu’ici, les retrouvailles avec son club formateur – quitté en 2017 pour aller s’aguerrir en Pro D2 – n’étaient pas franchement celles dont il rêvait. A peine plus de 200 minutes dans les jambes pendant la phase aller du Top 14, pour deux petites titularisations dont l’une avait tourné au vinaigre à Jean Bouin, face au Stade Français (35-13). Des miettes, en résumé, pour celui qui restait sur une moyenne de 26 matches par saison, ces trois dernières années. "C’est sûr que je suis passé un peu du tout au rien, c’est brutal", constatait récemment le demi-de-mêlée de formation. Et pour cause, il traînait, depuis des mois, de vilaines douleurs au tendon d’Achille.

Des injections de PRP nécessaires

"J’ai ressenti les premières douleurs pendant la préparation estivale, en juin 2020, rembobine Jules Le Bail. Elles se sont renforcées en janvier. Le matin, s’était compliqué de se lever. A l’entraînement, au toucher, c’était très douloureux. J’ai commencé aussi à avoir mal aux adducteurs. C’était peut-être une compensation. Les examens ont finalement révélé, à force de tirer dessus, des fissures au tendon d’Achille." Pourtant, longtemps, le natif de Nantes n’a pas bronché : "Quand Ronan (O’Gara) et Jono (Gibbes) me demandaient si ça allait, je disais oui. La douleur était présente, mais ce n’est pas une excuse. Quand on est chaud, il n’y a plus de douleurs."

On n’a pas vu le vrai Jules Le Bail. C’était un fantôme de Jules parce qu'il n'était pas capable d'être lui-même.

Son entraîneur en chef, lui, a vite senti l’impasse arriver. "On n’a pas vu le vrai Jules Le Bail. C’était un fantôme de Jules parce qu'il n'était pas capable d'être lui-même. C'est pour ça qu'on a dit stop en janvier, pour faire la bonne opération et prendre soin de lui", confie O’Gara. Le Bail aura finalement recours à des injections de PRP (plasma riche en plaquettes), suivies de trois semaines d’immobilisation et d’un protocole de réathlétisation. "Aujourd’hui, je n’ai plus de douleurs, sourit l’intéressé, libéré d’un poids. Je suis à 100% physiquement et frais mentalement."

Une fenêtre pour enfin lancer sa saison

Son retour, justement, tombe à pic pour La Rochelle, handicapée par les récentes blessures des ouvreurs Jules Plisson et Ihaia West, ainsi que du demi-de-mêlée Thomas Berjon. Face à Lyon, Jules Le Bail est d’ailleurs entré en jeu à l’ouverture, avant de glisser en 9, en fin de partie. Sa polyvalence à la charnière offre des solutions supplémentaires au staff maritime, dans cette période avec un effectif à flux tendu alors que se profile la demi-finale de Champions Cup. "C'est Patrice (Collazo, NDLR) qui m'avait lancé en dix", rappelle-t-il, comme pour remercier son ancien manager de cette double corde à son arc.

? Félicitations à Jules Le Bail et Jérôme Bosviel qui constituent la charnière de votre XV de la saison de #PROD2 !! ??? pic.twitter.com/rG9H1ebOWo

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) June 26, 2020

Jules Le Bail titulaire en 10 face au Leinster ? L’hypothèse est sur la table. Jusqu'ici, à 29 ans, l'ancien capitaine du RC Vannes n'a joué qu'une demi-finale dans sa carrière. En Pro D2, il y a deux ans. Avec le n°9 dans le dos. Il a bien grandi pendant cette période, après sept premières saisons en jaune et noir. "J’ai eu des responsabilités. Cette Pro D2, je suis très heureux de l’avoir vécue comme je l’ai vécue avec Vannes, appuie Le Bail. On y progresse beaucoup sur le côté rugbystique et humain. Les infrastructures ne sont pas les mêmes. On allait faire les bains froids à l’Océan et non au stade. Ça fait progresser. On redescend d’une échelle pour mieux remonter. C’est un beau tremplin. Ça fait toujours plaisir de revenir aguerri dans ton club formateur. Je veux montrer que je peux apporter ma pierre à l’édifice pour aller chercher les objectifs du club."

"J'ai besoin de lui"

"Quand tout sera derrière lui, Jules sera au top", nous glissait Rémi Bourdeau en mars. Le flanker en sait quelque chose : "On est de la même génération. On s'est croisés depuis tout jeune. En Pro D2 et même avant. Il jouait à Nantes, moi, à Angoulême. On se jouait tout le temps dans les sélections régionales. Jules est un super joueur. Je suis persuadé qu’il va pouvoir le montrer à un moment ou à un autre."

Ronan O'Gara, aussi. Le Bail, il l’érige d'ailleurs en modèle en termes d’attitude : "J'adore cette personnalité. C'est pour travailler avec des mecs comme ça que je suis dans le rugby. Jules est toujours avec la banane, toujours positif, toujours en mode : "Comment je peux m'améliorer quand je ne joue pas ?". Je suis vraiment impressionné par une attitude comme ça. Jusqu'en janvier, il a serré les dents, c'est un chien capable d'encaisser les douleurs et de s'entraîner. J'ai besoin de lui."

"Il faut toujours avoir la gnaque de vouloir s’entraîner, progresser, ne pas se contenter de ce qu’on a, vouloir toujours élever son niveau, prône en effet le futur trentenaire. Pour moi, ce n'est pas un métier. En match, on a 80 minutes où l'on sort de notre banalité, on ne connait pas le destin, on oublie ce qu’il y a autour, c'est magique. Le plus important, c'est de ne rien lâcher mentalement. Comme ça, ça élève le niveau de tout le monde. C’est ce qui fait progresser une équipe. A moi de revenir fort et d'apporter ce petit plus. La saison n’est pas finie." Pour lui, elle ne fait même que commencer.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?